Mercedes-Benz Classe SL 2013

Mercedes-Benz Classe SL

L’aristocrate biplace

La nouvelle SL aura mis du temps avant de se renouveler. En effet, nonobstant les rafraichissements mineurs de mi-cycle en 2006 et 2008, il aura fallu attendre 12 ans. Il faut dire que les automobiles d’exception de ce genre ne recouvrent pas leur investissement de départ avant plusieurs années. Entretemps, elles agissent comme un aimant, attirant chez le concessionnaire des curieux qui se laisseront peut-être tenter par un modèle moins ruineux. L’arrivée de la 6^e génération s’est mise en branle par étapes. La SL 550 s’est amenée chez nous en mai dernier, suivie en août de la SL AMG 63 et, à l’automne, de la 65, la version qui conserve un V12 bien que la SL 600 soit maintenant à la retraite. Les Européens ont aussi droit à une SL 350, mais les dirigeants canadiens de la marque hésitent à importer ce roadster équipé d’un V6 par crainte de diluer le prestige du modèle.

Carrosserie Aucun doute, la SL exhibe les proportions caractéristiques d’un roadster, à savoir un long capot, un cockpit reculé et une partie arrière joliment tournée. Les stylistes n’ont pu s’empêcher de faire ce clin d’œil à la 300 SL des années 50. On retrouve donc des ouïes et des ailettes sur le capot et sur les flancs avant. Approchez-vous toutefois des trappes latérales et vous découvrirez qu’elles sont factices, qu’elles n’aèrent rien du tout, contrairement à celles du dessus. Petite suggestion à Mercedes-Benz : est-ce que ça nuirait tellement à votre bilan financier de percer le métal afin de mieux compléter l’illusion ? On ne s’attend pas à pareille tricherie quand on débourse le prix demandé.

Pour obtenir l’agilité propre à une sportive, même très bourgeoise, les ingénieurs ont traqué les kilos superflus. Ils ont baptisé 3D l’ingénierie qui a présidé cette chasse. Le premier D s’applique à une généreuse utilisation d’aluminium (et une pincée de magnésium) sur 90 % du châssis, une primeur pour la SL. Et une première payante puisque les ingénieurs ont ainsi écrémé 130 kilos à la précédente version, même si la nouvelle SL accuse 5 centimètres de plus en longueur et 5,7 centimètres en largeur. Le deuxième D de l’équation, c’est l’aérodynamisme. La SL affiche désormais un coefficient de traînée dans l’air de 0,27. Excellent. Le troisième D concerne la sécurité des occupants. Elle a été rehaussée grâce à la rigidité fournie par l’aluminium et par l’acier conservé à la hauteur du pare-brise par mesure de prudence en cas de tonneau. Notons que nos 550 nous arrivent déjà embellies d’un ensemble sport AMG, contrairement à celles envoyées aux États-Unis où pareille gâterie est offerte en option. Cet ensemble inclut des roues de 19 pouces à cinq raies.

Habitacle L’ambiance AMG se poursuit à l’intérieur grâce au volant mi-bois, mi-cuir, aux boiseries (à sélectionner parmi trois essences) et à la montre analogique enchâssée dans le tableau de bord. Le système Comand Online invite désormais vos petits amis Facebook dans l’auto. Mais là ne s’arrête pas les innovations de la SL 2013, oh que non ! On connaît déjà le Magic Sky Control, le toit ultime introduit sur la SLK. Il ne se contente pas d’intégrer un panneau de verre dans le pavillon escamotable, il le rend magique en vertu d’un interrupteur qui en modifie l’opacité à volonté. Restons dans le merveilleux avec le Magic Vision Control, une nouvelle façon de nettoyer son pare-brise. Chaque lame d’essuie-glace est percée de 160 trous par lequel jaillit le liquide lave-glace (chauffé si l’on veut) ainsi mieux répandu parce qu’il suit le mouvement des balais. Les ingénieurs ont poussé la minutie jusqu’à régler la force du jet selon la longueur de l’arc à parcourir. Sûrement une bonne idée, jusqu’à ce que vienne le temps de… se payer un nouvel essuie-glace. Place ensuite au système Frontbass. L’idée ici consiste à déplacer les caissons de grave à l’avant, au bout des pieds des occupants. Les poutres creuses du châssis Spaceframe se transforment alors en caisse de résonance. Mercedes-Benz s’est donné la peine de graver un DVD spécial, réservé aux acheteurs d’une SL, dont les sélections musicales (pop et classiques) illustrent brillamment les capacités de la sono. Cela dit, la nouveauté de cette SL concerne son coffre à bagages. Imaginez-vous en train de vous approcher de votre véhicule les bras chargés de paquets; bien sûr, la clef pour ouvrir le coffre repose au fond de votre poche ou de votre sacoche. Sauf que vous pourrez mettre de côté les jurons grâce à « l’accès à mains libres au coffre » : balancez votre pied sous le pare-chocs et voilà que le couvercle se soulève. Encore de la magie ! Ce gadget se répand déjà chez d’autres marques, mais l’innovation en provenance de Stuttgart permet en plus de refermer le couvercle en faisant encore semblant de botter le cul de l’auto… Les acheteurs de 550 se voient offrir un ensemble Premium : caméra de vision arrière, baquets ventilés et à contours dynamiques (les flancs se resserrent dès que vous attaquez une courbe), coffre à bagages enchanté et dispositif de démarrage sans clé.

Mécanique Que choisir entre les 435, 536 et 621 chevaux que développent respectivement les moteurs V8 de 4,7 et de 5,5 litres (63) et le V12 de 6 litres de la 550 ? Les trois bolides partagent un double turbo et une boîte de vitesses automatique à 7 rapports. Votre urgence d’arriver au dépanneur tranchera peut-être puisque le 0 à 100 km/h varie selon le modèle (4,6, 4,3 et 4,1 secondes respectivement), de quoi émoustiller certains egos. On peut même grappiller d’autres parcelles de secondes en cochant l’ensemble Performance. L’appellation BlueDirect célèbre un moteur « bleu » (comme le ciel) pour laisser entendre qu’il est « vert » (comme la Nature à l’époque précolombienne). Sérieusement, Benz a quand même amélioré la frugalité du V8 de 22 % (et jusqu’à 30 % dans le cas du V6 européen). La technologie d’arrêt-démarrage fait sa part pour abaisser cette consommation de carburant. La suspension ABC (Active Body Control) compte deux modes (Confort et Sport), tandis que le contrôle de la stabilité en comporte trois selon le degré d’assistance des aides électroniques requis sur la route ou en piste.

Comportement Au volant de la SL, vous obtenez toujours du deux pour un : un coupé de luxe et un dynamique roadster. Selon votre humeur du moment, vous laissez libre cours à l’une ou à l’autre personnalité. Le toit abaissé, le soleil au rendez-vous, la sono Bang & Olufsen en action, impossible de ne pas apprécier la tenue princière de cette boulevardière. Puis appuyez sur le champignon, et la cavalerie s’élance sans attendre. Le chant du moteur n’est pas aussi guttural et envoûtant que celui d’une SLS, mettons, mais suffisamment féroce pour rythmer vos lacets en montagne. Le cabrio étant une propulsion, il faut doser son enthousiasme pour ne pas faire décrocher l’arrière, malgré l’arsenal de brides électroniques. Sur le mode Sport, quand la route devient sinueuse, le système ABC abaisse le châssis afin de mieux clouer l’auto au sol et d’enrayer le roulis. La direction électrique n’enlève rien à la précision du guidage. Peu importe la vitesse, les turbulences éoliennes sont, pour la plupart, tenues à l’écart du cockpit, de sorte que votre casquette préférée ne se transformera pas en « road kill » !

Conclusion Avec la SL, la mission des gens de Benz consiste à créer une automobile qui distille à la fois du luxe et de l’adrénaline. C’est l’obligation d’à peu près tous les roadsters de 100 000 $ ou plus, me direz-vous. Et vous avez raison. Mais ce sont les ingrédients et leur dosage qui font le plat. Or, depuis 60 ans, Mercedes-Benz a développé une recette qui donne à la SL un goût absolument unique.

Points positifs : Silhouette séduisante – Légèreté et robustesse de l’aluminium – Gamme de modèles qui collectionnent les superlatifs

Points négatifs: Attention au survirage – Coffre ingénieux mais à la capacité quand même restreinte – Coûteux festival des options