Mitsubishi Eclipse Cross 2019

Mitsubishi Eclipse Cross

Décevante relance

Au cours des dernières années, la gamme de produits Mitsubishi offerte en Amérique du Nord n’a cessé de s’amenuiser. Suivant les disparitions des EVO, Eclipse, i-MIEV et Lancer, il ne restait plus que quelques modèles vieillissants ou carrément mal adaptés comme la Mirage G4. Mitsubishi nous promettait une relance et le premier fruit de cette initiative s’est pointé en 2018, l’Eclipse Cross. Bien que ce soit un VUS, comme la mode l’exige, on se rend bien compte qu’être haut sur pattes n’est pas nécessairement suffisant.

Tour du propriétaire : 65 %

Élaboré à partir des prototypes XR-PHEV 2013 et 2015, l’Eclipse Cross récupère l’essentiel du design tout en prenant bien soin d’atténuer son excentricité. Mitsubishi persiste avec sa controversée calandre cintrée par deux grands crochets en chrome particulièrement imposants. Ça se discute, mais ça donne l’avantage d’être distinctif. Les blocs optiques s’intègrent élégamment par leur minceur le long du capot. Au profil, les choses se gâtent un peu plus. L’Eclipse Cross n’obtient pas de proportions équilibrées, l’avant est trop long par rapport à l’arrière. De plus, on remarque des plis creux en bas de caisse et haut dans les portières qui rejoignent les feux. L’idée était bonne, mais l’exécution, passablement moins. Pour les roues, une seule possibilité : des 18-pouces qui seront peintes en noir avec l’édition Diamond. Pour l’arrière… Il faut accorder à Mitsubishi l’effort monumental d’essayer d’arriver avec un style singulier et unique en son genre. Avec cet imposant feu, on obtient le parfait mélange entre un Honda CR-V et un Pontiac Aztek. Les goûts sont subjectifs, mais pas la qualité de la construction et de l’assemblage aléatoire. Les ajustements sont inégaux et l’on trouve certaines aberrations comme la structure qui scinde le hayon en deux sections. Cette dernière servira de refuge à la glace et sa solidité relative n’indique rien de bon pour le long terme.

Vie à bord : 55 %

Tout comme à l’extérieur, l’intérieur reprend quelques idées des prototypes dont il est dérivé. La présentation se montre moderne, mais franchement, pour ce qui est de l’inspiration, on dirait une variante à bas prix du Lexus NX. Cette réalité s’exprime plus particulièrement dans la section supérieure incluant les buses d’aération et dans l’intégration « forcée » du pavé tactile. La finition n’impressionne pas. Les ajustements sont bien faits, mais on remarque que la très grande majorité des plastiques utilisés, même s’ils sont de couleurs et de textures diverses, sont rigides. De plus, la poignée de porte ne semble pas ancrée très solidement.

Pour l’aménagement, on se questionne, notamment quant à la position de conduite. Avec son long parebrise, on obtient la sensation d’être assis sur le véhicule et non à l’intérieur. On note des commandes éparpillées un peu partout sans logique. Il y a ce fameux pavé tactile pour la gestion de l’écran dont on se lasse rapidement tant il est peu intuitif. Mitsubishi propose un affichage tête haute à la mode de Mazda, mais les limites de ses réglages font qu’une personne de plus de 180 cm ne pourra l’utiliser, les données ne cadrent plus dans la lunette! Sur le plan de l’ergonomie, l’Eclipse Cross passe difficilement le test.

Pour l’espace, à l’avant, ça va relativement bien même si le pilier A est encombrant. À l’arrière, l’expérience se montre plus intéressante. L’accès y est facile et le confort, notoire. Très pratique, on peut coulisser l’assise et légèrement incliner le dossier pour optimiser les dégagements. On intègre aussi un panneau vitré fixe dont l’ouverture et la fermeture peuvent être gérées par les occupants en deuxième ligne. Pour plus de bien-être en saison froide, on obtient des sièges chauffants pour quatre. Le coffre se montre généreux avec un volume de 626 litres (certainement mesuré avec la banquette avancée au maximum) jusqu’à 1382 litres.

Technique : 65 %

L’Eclipse Cross est tout nouveau, mais on ne peut vraiment pas en dire autant de son élaboration. En effet, on retrouve la même plateforme GS que sous le RVR et l’Outlander. Notez que la conception de cette dernière remonte à la fin des années 1990. Pour le moment, une possibilité mécanique pour l’Eclipse Cross. On découvre un moteur turbocompressé de 1,5 litre. La puissance se fait l’une des plus faibles du segment avec seulement 152 chevaux, mais un couple de 184 lb-pi. Pour ce qui est de la boîte de vitesses, on propose une CVT simulant une automatique de huit rapports. On ajoute un mode manuel plus ou moins fonctionnel en raison de la lenteur de ses réactions. Étant chez Mitsubishi, sur le plan technique, bonne nouvelle, il comprend de facto la transmission intégrale AWC, l’une des plus compétentes de l’industrie. Autre déception, la taille des disques de frein, qui sont à la limite de l’acceptable tant ils sont petits. Considérant la vocation familiale du véhicule, Mitsubishi devrait revoir ces composantes pour des raisons de sécurité bien évidentes.

Au volant : 55 %

Difficile de croire que Mitsubishi a l’audace de mettre l’appellation Eclipse dans le nom de son dernier VUS. Historiquement, l’Eclipse était un coupé sport au tempérament dynamique. On est très loin de cet ADN dans le Cross. Premier constat, le moteur hurle sa vie dès que l’on appuie sur l’accélérateur. Constamment sollicité au maximum de ses capacités, il sue à la tâche et nous le fait bien comprendre. Il faut toutefois souligner que la réactivité du turbo permet une certaine vivacité. Deuxième constat, la direction laisse un important flou au centre anéantissant toute communication avec la route. Troisième constat, les suspensions n’impressionnent pas. On les entend sautiller à la moindre imperfection, ce qui rend l’expérience moins intéressante. Couche supplémentaire, les freins peinent à accomplir leur mandat. Durant des tests dynamiques, le véhicule est devenu très instable et a montré une distance d’arrêt très longue. En situation d’urgence, difficile d’avoir un sentiment de sécurité. Dernier clou, considérant sa configuration extérieure, la visibilité trois quarts arrière vous causera une dépendance aux détecteurs d’angle mort et aux rétroviseurs, qui heureusement sont de bonne taille.

Conclusion 60 %

Les attentes étaient justifiées quant à l’introduction de ce nouveau produit dans la gamme Mitsubishi. À la lumière des tests effectués, l’Eclipse Cross est une déception. Déjà, vous avez lu le texte, deux autres arguments viennent le plomber : ses prix sont beaucoup trop élevés et sa consommation à plus de 11 litres aux 100 km dans les meilleures conditions est gênante.

Forces :

1. Design singulier
2. Transmission intégrale compétente
3. Aménagement arrière

Faiblesses :

1. Rendement mécanique déficient
2. Véhicule très bruyant
3. Beaucoup trop cher