Nissan Altima 2013

Nissan Altima

Une intermédiaire s’en va-t-en guerre !

Pour préparer dignement les célébrations de ses 20 ans, l’Altima est devenue, en 2010 et 2011, la plus vendue des intermédiaires japonaises au Canada, distançant même la Camry. Au classement général, elle occupe le 3^e rang, devancée seulement par la Ford Fusion et la Hyundai Sonata. Maintenant, afin d’atteindre la plus haute marche du podium, Nissan compte sur la 5^e génération d’une berline Altima 2013 revue et corrigée. Qu’advient-il du coupé et du modèle hybride ? Le coupé est reconduit pour ainsi dire inchangé par rapport au modèle 2012. A-t-il une longue carrière devant lui ? La réponse embête Nissan Canada. Après tout, parmi les intermédiaires, seule Honda persiste à offrir un coupé Accord. Et, de toute façon, le coupé ne représente que 10 % de toutes les Altima vendues. Les dirigeants ne sont guère plus précis au sujet du modèle hybride. Il sera là, c’est sûr, mais quand et comment, mystère et boule de gomme.

Carrosserie Bien que la nouvelle Altima utilise la même plateforme que l’ancienne, ses mensurations ont été légèrement altérées pour lui conférer une allure un brin plus sportive. Elle a gagné un pouce en longueur et en largeur, mais a perdu la même mesure en hauteur. La lunette est plus inclinée, le coffre, davantage haussé. Il faut néanmoins un sens aigu de l’observation pour différencier du premier coup d’œil une 2012 d’une 2013. À moins d’inspecter une version haut de gamme SL dont les réflecteurs se parent désormais de diodes électroluminescentes.

Habitacle La techno, Nissan connaît cela. Il suffit de constater du côté de sa division de luxe Infiniti la ribambelle d’accessoires sophistiqués qui est offerte à la clientèle. Rien de plus facile ensuite que de refiler quelques-uns de ces gadgets à la marque qui vise un plus grand public. Ainsi, pour la première fois dans cette catégorie d’intermédiaires, Nissan offre un trio de détecteurs : contre les intrus dans nos angles morts, contre le franchissement involontaire de la ligne blanche et contre les obstacles peu visibles (un tricycle d’enfant). Des détections rendues possibles grâce à la caméra de l’auto. Par ailleurs, on sait que des sièges inconfortables vont miner le plaisir de parcourir une longue distance dans un véhicule. Nissan propose une solution originale, soit le siège « zéro gravité ». Un siège dont les points de pression procurent au dos la meilleure position « neutre », exempte de stress sur la colonne vertébrale. Le constructeur se serait inspiré du dos des astronautes de la NASA qui, en état d’apesanteur, expérimente la position idéale… Le dispositif NissanConnect, lui, s’occupe de l’intégration du téléphone intelligent, avec ou sans système de navigation. L’auto peut même lire vos messages texte. Pour répondre, vous avez le choix entre quatre répliques programmées et celles de votre cru (à pondre quand l’auto est à l’arrêt !). Le système permet aussi une recherche Google pour trouver un commerce, un resto. Je peux tracer un itinéraire dans le confort de mon foyer et le télécharger de mon PC vers l’auto. Tous les renseignements pertinents à la bonne marche de la berline défilent dans un écran en couleurs de 4 pouces calé entre les deux cadrans principaux, de sorte que le conducteur y a accès sans perdre la route des yeux. Un exemple d’information pertinente ? La pression des quatre pneus, au sujet de laquelle Nissan pousse l’efficacité encore plus loin. En effet, quand vous gonflez le pneu qui manque d’air, les feux de détresse clignotent ; quand vous avez atteint la pression recommandée, un coup de klaxon se fait entendre !

Mécanique Les deux moteurs de la précédente génération reprennent du service. Avec 182 chevaux, le 2,5-litres, un 4-cylindres utilisé dans plusieurs autres véhicules Nissan, se contente d’un gain de sept chevaux par rapport au modèle 2012. Le V6 de 3,5 litres conserve ses 270 chevaux, un moteur lui aussi archiconnu qui ne devrait constituer qu’environ 10 % des ventes. Pourquoi pas un 4-cylindres turbo à la place du V6 ? Nissan a bafouillé des excuses concernant la souplesse de l’engin actuel qui a l’heur de plaire à la poignée de clients qui l’adorent mais, à mon avis, c’est l’argent qui parle. Ce V6 est déjà payé mille fois, la marge de profit en bénéficie donc. Ces deux engins sont desservis par une boîte de vitesses CVT Xtronic, la seule offerte. Comme Nissan se considère comme une pionnière et une experte en la matière, elle s’en serait voulu de ne pas améliorer la CVT qui équipait la précédente Altima. Avec 70 % de modifications, pari réussi. Ce genre de boîte fait encore face à des préjugés, mais je dois admettre que Nissan a fait ici du beau travail, particulièrement quand on déplace le sélecteur de la console centrale sur le mode Sport. La sonorité et la linéarité de la boîte sont alors plus allumées et, même, plus agréables à l’oreille. Avec le V6, on a même droit à des leviers de sélection au volant qui simulent pas moins de 7 rapports. Une autre astuce de l’Altima 2013 pour apprécier sa conduite mieux aiguisée mise sur le système baptisé Active Understeer Control, soit le contrôle actif du sous-virage. Essentiellement, quand on attaque une courbe, le dispositif freine la roue avant intérieure afin d’aider l’auto à mieux garder le cap. L’intervention se déroule sans qu’on le remarque, si ce n’est la sensation d’une assurance redoublée au volant.

Comportement Le 4-cylindres est bruyant et, même, rugueux quand on le sollicite sans ménagement. Ce qui n’est pas totalement mauvais en soi puisque ces grondements procurent à la berline l’apparence d’agressivité que suggère la silhouette et que complète à merveille l’étonnante précision de la direction électrohydraulique. À plusieurs reprises, j’ai attaqué des lacets au lieu de les épouser sagement. À chaque fois, j’ai perçu l’envie du véhicule à bien rester dans sa voie. Le V6 offre un tout autre comportement. On se sent presque à bord d’une Maxima, ce que le luxe qui transpire du tableau de bord d’une SL vient d’ailleurs confirmer. Cette fois, le chant du moteur a du coffre mais tamisé. Les accélérations sont puissantes. Mais le choix du V6 vient annuler deux des principales vertus sur lesquelles Nissan compte pour transformer l’Altima en best-seller : la consommation de carburant raisonnable et le prix d’achat attrayant. La quasi incroyable cote de consommation annoncée de 5 litres aux 100 kilomètres avec le 2,5-litres sur l’autoroute, est rendue possible grâce à la convergence de plusieurs facteurs positifs. Par exemple, la boîte CVT contribuerait pour 40 % à cette frugalité, tout comme l’aérodynamisme de la coque qui affiche un coefficient de traînée de 0,29, la réduction de poids (32 kilos en moins), la nouvelle direction à assistance électrique, etc.

Conclusion Le véritable objectif nord-américain de Nissan avec l’Altima consiste à décrocher le podium chez les intermédiaires aux États-Unis, la catégorie de véhicules la plus populaire chez nos voisins. On a donc mis le paquet sans trop bouleverser la formule et sans trop dépenser : la plateforme, la silhouette et les groupes motopropulseurs sont de retour mais avec des améliorations. L’équipement pige dans l’arsenal éclectique et huppé mis au point de toute façon pour d’autres véhicules chez Nissan, Infiniti et même Renault. La cote de consommation se révèle intéressante malgré l’absence d’injection directe de carburant, d’un turbo ou de la technologie d’arrêt-démarrage. Et, comme crémage, nous avons droit à un prix intéressant, au point que la version de base 2013 coûte 1 600 $ de moins que sa vis-à-vis de 2012. Une stratégie intéressante quand on sait que la guerre fait rage et qu’elle ira en s’amplifiant dans le segment des intermédiaires avec l’arrivée prochaine des nouvelles Fusion, 6, Accord et Malibu.

Points positifs:

Construction et conduite homogènes

Moteur de 2,5 litres rendu plus frugal

Équipement habituellement réservé à des autos plus luxueuses offert en option

Points négatifs:

Allure 2013 pas si différente de la 2012

Combinaison 4-cylindres et CVT bruyante à l’effort

Consommation annoncée trop optimiste ?