Nissan Armada 2018

Nissan Armada

Du neuf avec du vieux

Charles René

Stimulées par le prix du brut en chute et les politiques de l’administration Trump qui tendent vers une probable dilution des normes de consommation de carburant instaurées sous Obama, les ventes de VUS profitent d’une conjoncture très favorable. La porte est donc grande ouverte pour les VUS pleine grandeur construits sur des châssis en échelle, des produits peu coûteux à concevoir et à produire. Le Nissan Armada, qui a été refondu l’année dernière, est l’un de ceux-là. Ne vous laissez cependant pas berner par son apparente nouveauté…

Tour du propriétaire (70 %)

Vous percevez des airs de famille avec l’Infiniti QX80? Cette intuition n’est pas due au hasard. L’Armada partage dans les faits sa plate-forme et son groupe motopropulseur avec ce dernier, se positionnant comme une option moins coûteuse que celui-ci. La recette n’introduit par ailleurs rien de très rafraîchissant sur le plan esthétique, une copie carbone du Nissan Patrol commercialisé au Japon. Moins kitsch que son cousin cossu – chose qui n’est pas très difficile –, l’Armada se réfugie dans des références plutôt démodées, comme en témoignent les immenses écussons V8 sur les ailes avant bordant de faux extracteurs d’air au plastique très chromé. Les designers ont évidemment voulu donner à ce VUS une présentation costaude, accentuée par la taille de la calandre avant ainsi que celle du pare-chocs arrière qui allonge le porte-à-faux arrière.

Vie à bord (75 %)

De ses dimensions particulièrement imposantes, l’Armada tire évidemment un volume intérieur qui l’est tout autant. On doit cependant négocier avec la garde au sol haute pour avoir accès à cet habitacle passablement vaste. Une fois assis dans des sièges confortables, mais pas très enveloppants, on se retrouve en terrain connu. La planche de bord est pratiquement en tous points semblable à celle de l’Infiniti QX80. C’est donc une présentation plutôt vieillotte qui s’étale devant nos yeux, avec un bloc central de commande très costaud prolongé par une console centrale tout aussi large. Rien à redire cependant sur l’ergonomie, les commandes sont placées de manière très logique. L’assemblage est aussi rigoureux. Sur le plan technologique, cet Armada accuse cependant de l’âge malgré sa refonte. Son système d’infodivertissement ne propose pas Apple CarPlay ni Android Auto et les fonctions sont plutôt limitées. La chaîne audio Bose satisfera toutefois l’oreille des mélomanes.

Technique (70 %)

Dans le cas de l’Armada, Nissan a choisi de limiter les options mécaniques à leur plus simple expression : un seul couple moteur/transmission. L’Armada est donc outillé d’un V8 de 5,6 litres baptisé Endurance, le même que l’on trouve dans la camionnette Titan. Doté de l’injection directe et d’un taux de compression assez haut pour sa cylindrée (11,2:1), il développe 390 chevaux et 394 livres-pieds de couple. Si l’on se concentre uniquement sur son rendement pur, ce moteur est d’une grande onctuosité et permet de mouvoir avec une belle nervosité les 2700 kilos de l’Armada. La boîte de vitesses à sept rapports fait également de l’excellent boulot. Il faut toutefois éviter de poser les yeux sur l’indicateur de consommation de carburant, carrément indécente en conduite urbaine. À 3855 kilos sa capacité de remorquage se situe tout juste derrière le Ford Expedition, le premier du segment.

Au volant (70 %)

Construit sur un châssis en échelle et doté d’amortisseurs dont l’ajustement favorise le confort et le débattement, l’Armada n’est pas à proprement dit un véhicule qui mise sur l’agrément de conduite pour séduire. Ses manières sont, disons-le poliment, plutôt maladroites, conjuguées avec une bonne dose de roulis. La direction, vague et dépourvue de tout aspect communicatif, ne fait qu’accentuer l’impression de lourdeur qui rappelle une époque révolue. Cela dit, cet Armada s’apprécie pour son confort et son insonorisation.

Conclusion (70 %)

N’y allons pas par quatre chemins, l’Armada ne répondra réellement au besoin que d’une infime parcelle d’acheteurs. C’est un véhicule encombrant et énergivore dont le prix, bien qu’inférieur à celui de l’Infiniti QX80, le place hors d’atteinte pour bien des consommateurs. Sa réelle raison d’être est sa capacité de remorquage jointe à un habitacle logeable doté d’une troisième banquette étonnamment accueillante. Pour le reste, il existe des choix beaucoup plus réfléchis si vous ne devez pas tracter en permanence l’équivalent de tous les meubles et électroménagers de votre maison…

Forces

Confort

Excellente insonorisation

V8 doux et puissant

Faiblesses

Prix élevé

Volume de chargement faible (avec banquette surélevée)

Consommation de carburant très élevée

Feu jaune

-30-