Nissan GT-R 2020

Nissan GT-R

Dernier tour de piste

Sportive de haut rang, la GT-R ne ressemble en rien à ses rivales. En fait, elle n’a pas l’intention de se plier à aucune des normes imposées par ces dernières. La démarcation avec une Porsche 911, une Audi R8 ou une Chevrolet Corvette est nette. Ça, c’est le côté rafraîchissant du bolide. Le hic, c’est qu’il revient inchangé pour une douzième année. C’est comme si votre conjoint ou conjointe vous proposait toujours la même activité le vendredi soir; on a beau l’aimer (l’activité, là), on finit par se lasser.

Tour du propriétaire 80 %

Généralement, les grandes sportives de ce monde avancent des lignes qui font saliver. Ici encore, la GT-R fait les choses différemment. En la voyant, certains entrent en transe. D’autres restent indifférents ou ressentent un haut-le-cœur. Au volant, on a droit à toutes les réactions imaginables; c’en est fascinant et ça démontre à quel point le bolide est polarisant. Heureusement pour lui, ses lignes uniques, bien que vieillissantes, garantissent son unicité. Pour la nouvelle année, une édition 50^e anniversaire est avancée.

Vie à bord 70 %

À l’intérieur, le poids des années est une évidence à la vue des cadrans et commutateurs qui décorent la planche de bord. Si vous avez une vieille Nissan à la maison, vous allez reconnaître certains éléments. Heureusement, signe des temps, le système multimédia a été mis à jour et on profite de la compatibilité avec des applications comme Apple CarPlay, par exemple. Quant au confort, c’est couci-couça. Les baquets qui nous reçoivent pourraient être plus moulants et flexibles. Plus réglables, aussi. Pire, la molette unique qui sert à les ajuster est inutilement compliquée; la différence, ce n’est pas toujours bon. Sur une note positive, il faut avouer que les détails esthétiques importent moins à bord d’une telle machine; on est là pour la conduire, la dompter.

Technique 90 %

Ici aussi, la différence est au menu et elle est bienvenue. Elle prend la forme d’un moteur V6 biturbo de 3,8 litres, lequel suggère 565 chevaux et 467 lb-pi de couple. Cette orgie de puissance permet d’effacer le 0-100 km/h en seulement 3,1 secondes. Pour 2020, on a même droit à une variante avançant 600 chevaux et 481 lb-pi de couple. Les amateurs se souviendront que ce bloc avait servi la livrée NISMO il y a quelques années. Pour le relais du muscle aux roues, une boîte manuelle robotisée à six rapports est d’office. Disons à son propos qu’elle est plus brutale que douce. À l’instar du modèle, elle offre une expérience… différente; appréciable, peut-être, mais pas souhaitable.

Au volant 90 %

J’ai abordé le thème du domptage plus tôt. Au volant d’une bête comme la GT-R, c’est l’impression qu’on ressent. La puissance est démentielle. La GT-R est capable d’enfiler les virages à un rythme supérieur à celui que peuvent soutenir 95 % des détenteurs de permis de conduire. À l’accélération, la poussée est brutale. L’adhérence des quatre gommes est étonnante, mais il est facile de provoquer la dérobade. Le cas échéant, les dispositifs de sécurité agissent en conséquence.

La direction est précise, mais demande une certaine adaptation en raison de sa légèreté. L’habitacle est particulièrement bruyant, une réalité attribuable à une insonorisation déficiente et au fait que les pneus se laissent trop entendre. Pour apprécier la sonorité du V6, la sélection du mode S est impérative.

Surtout, on a toujours envie d’y aller à fond. C’est la magie que propose ce genre de voiture. Et autant on décrie son âge, autant on craint que cette âme sauvage se perde avec la prochaine génération.

Conclusion 85 %

On pourrait comparer la GT-R à ses rivales, mais le tout serait boiteux. Elle a le double, voire le triple de leur âge, sans compter que sa conception est autre. Une pièce unique qui amorce un dernier tour de piste sous sa forme actuelle. L’histoire lui réserve déjà une place. Espérons qu’on ne s’ennuiera pas d’elle avec la prochaine mouture. Ça voudra dire que Nissan aura bien fait ses devoirs.

Forces

Expérience de conduite unique

Puissance brutale

Exclusivité assurée

Faiblesses

Retard technologique et conceptuel

Insonorisation agaçante

Douze ans sous la même forme