Nissan GT-R 2021

AA2021

Nissan GT-R

Éric LeFrançois

La 911 japonaise

À moins d’en avoir piloté une dans Gran Turismo, jeu vidéo très prisé des moins de 30 ans, peu de gens reconnaissent une GT-R dans la rue. Véritable modèle-culte dans son pays natal, cette Nissan n’a peut-être pas la notoriété mondiale de ses adversaires, même si elle affiche un caractère tout aussi trempé. 

Pratiquement inconnue en dehors des cercles d’initiés, la GT-R permet non seulement de flatter l’image de Nissan, mais aussi de lui ouvrir les portes de l’Olympe automobile, où ne trônent quasiment que de vénérables firmes allemandes, anglaises ou italiennes.

Son apparent manque de notoriété ne désespère pas les responsables de Nissan pour autant. La condition sine qua non pour imposer cette signature est d’offrir des performances d’anthologie. Et, dans ce domaine, les choses semblent plutôt bien engagées. 

La première chose à faire, lorsque peu de gens vous reconnaissent, c’est de ne pas ressembler aux autres. Concurrente déclarée des Jaguar F-Type SVR ou Porsche 911, la GT-R assume pleinement ses origines japonaises. Bien que l’allure de ce coupé s’inscrive dans la doxa de la catégorie, le travail sur les formes hyper anguleuses témoigne d’une inspiration très asiatique. 

Sur le papier, cette GT-R injustement qualifiée de « septième génération » a fait l’objet de multiples retouches pour notamment en améliorer le confort… Une requête apparemment formulée par les propriétaires de ce modèle et entérinée par les concepteurs, qui reconnaissent aujourd’hui que la GT-R était peut-être un peu trop brutale. 

Plus raffinée et agréable à vivre au quotidien, la GT-R ne roule plus sur des « suspensions en bois » et sa boîte à sept rapports ne donne plus le loisir de compter le nombre de dents sur les roues d’engrenage. Cela dit, le poste de pilotage n’est pas une cathédrale pour autant, mais la GT-R se compare aujourd’hui plus aisément aux versions les plus policées de la 911. D’ailleurs, comme sur cette dernière, la visibilité n’est pas vilaine et contrairement à bien d’autres sportives, il est inutile ici d’avoir des talents de contorsionniste pour accéder à l’habitacle ou s’en extraire. Le conducteur pourrait cependant trouver à redire sur le fait de devoir régler la hauteur de la colonne de direction à l’aide d’une manette pour ensuite en utiliser une seconde pour ajuster la profondeur.

Plus silencieuse, plus confortable, la GTR est tout de même sauvage, même si la sonorité des échappements laisse parfois penser le contraire, tant elle est discrète (pour une voiture sport, s’entend). Moins violente dans ses réactions, la boîte automatique expédie rapidement la puissance aux roues motrices et projette la GT-R à 100 km/h en tout juste 3,2 secondes. Et comme tout véhicule de son rang et de son prix, cette Nissan s’immobilise pratiquement aussi vite qu’elle accélère. 

Au-delà de la performance pure, on retient surtout la très grande stabilité de ce bolide que rien ne semble perturber, comme s’il se déplaçait sur des rails. Même par mauvais temps, grâce à sa transmission intégrale qui lui assure une motricité presque surnaturelle sur chaussée détrempée. Cette dernière ne sollicite les roues avant qu’en cas de perte d’adhérence. Dans des conditions normales, sur un tarmac bien chaud, la GT-R se comporte comme une authentique propulsion, pour peu qu’on ait la hardiesse de débrancher les aides à la conduite. 

En dépit de tous les raffinements apportés à ce modèle, la GT-R demeure une sportive bien lourde et donc pas très à son aise sur un parcours sinueux. Sur pareil terrain, elle tourne comme un lion en cage et, ce qui n’aide en rien, la direction est trop peu communicative dans les changements de cap à basse et moyenne vitesses. 

À l’heure où Nissan s’apprête à renouveler la Z, quel avenir attend la GT-R ? Hiroshi Tamura, son concepteur, l’ignore. Il estime cependant que tant que ce modèle suscitera l’envie et la passion, il conservera sa place au sein de la gamme.

Feu jaune

Forces

Comportement plus civilisé

Excellente motricité

Utilisable au quotidien

Faiblesses

Poids élevé

Blason manque de prestige

Direction offre peu de ressenti