Nissan NV 2012

Nissan NV

Le Nouveau Véhicule commercial

Il aura fallu une récession pour ébranler toute l’industrie de l’automobile ou presque. Même un segment ultraconservateur comme celui des fourgons commerciaux a connu une baisse substantielle des ventes au cours de cette période sombre. Cette diminution des ventes engendrée par tous ces propriétaires d’entreprises qui ont retardé l’acquisition d’un nouveau véhicule a convaincu Nissan qu’il était temps de s’attaquer au marché nord-américain. Et puisque le constructeur possède déjà une usine à Canton, au Mississippi, qui produit notamment la camionnette Titan, l’occasion était trop belle. Le constructeur a injecté 118 millions de dollars américains dans ses installations du sud des États-Unis afin d’accueillir ce nouveau véhicule entièrement pensé pour l’Amérique. Après tout, Nissan est un joueur important du côté des véhicules commerciaux partout ailleurs sur la planète, mais pas en Amérique. Et si le constructeur remporte un certain succès avec son NV (pour Nissan Van), il se pourrait bien qu’un petit frère, le NV 200, vienne seconder le nouveau fourgon sur notre continent.

Carrosserie

En matière de style, un fourgon utilitaire a autant de « sex-appeal » qu’une boîte de carton. Pourtant, Nissan y a ajouté sa propre touche en fonction des goûts des consommateurs nord-américains. Le museau intègre une calandre inspirée des autres camionnettes déjà connues du public (Frontier, Titan, etc.) et prend la coloration noire en livrée de base, tandis qu’il est possible d’opter pour une calandre chromée, question de montrer à votre entourage que votre entreprise se porte bien. Notez que la couleur des pare-chocs s’agence à la couleur de la calandre. Les plus fins auront déjà remarqué que le capot du NV est pas mal plus long que celui des modèles américains, par exemple. Il y a une raison bien simple derrière cet élément de style : le moteur est logé devant les occupants et non en recul entre les deux passagers comme sur les Ford Série E et GMC Savana de ce monde. Pour l’instant, Nissan offrira une version à toit bas et une autre à toit surélevé pour mieux cibler les acheteurs du Mercedes-Benz Sprinter. Quant à la partie arrière, elle est aussi droite qu’un panneau de contreplaqué, un élément qui s’applique également aux flancs du NV. En terminant, notez qu’il y a seulement une porte coulissante du côté droit.

Habitacle

Lors de la présentation officielle du NV, les gens de Nissan nous ont avoué que ce véhicule était un de ceux qui avaient nécessité le plus de recherche dans l’histoire du constructeur. Non seulement parce que les besoins des consommateurs nord-américains sont différents, mais aussi parce que ce segment n’évolue presque plus depuis trop longtemps. En questionnant des propriétaires de fourgons commerciaux, les ingénieurs ont pu cibler beaucoup de problèmes rattachés aux modèles traditionnels. C’est ce qui explique justement ce choix de placer le moteur devant les occupants. Le résultat est probant au chapitre de l’espace pour les pieds des passagers, bien plus généreux que dans les modèles américains. Une autre problématique des fourgons traditionnels concerne les parois latérales arrondies plus esthétiques, mais moins pratiques dans l’habitacle puisqu’il y a une perte d’espace considérable derrière ces tablettes de rangement boulonnées aux parois. Nissan a aussi prévu une multitude de trous percés en usine afin d’attacher tous ces équipements et autres ancrages. Il est même possible de commander le NV équipé de tablettes installées au préalable. Bien entendu, dans les modèles à toit élevé, il est possible de circuler debout. À l’avant, le tableau de bord présente un design simpliste mais pratique. Comme dans la plupart des véhicules de cette catégorie, le plastique dur est retenu pour recouvrir cette surface. C’est moins sophistiqué, mais c’est tellement plus simple à laver. Les modèles plus cossus peuvent aussi recevoir un système de navigation, une bonne idée pour les entrepreneurs qui ne veulent plus arriver en retard à leur rendez-vous. Les deux sièges sont recouverts d’un tissu robuste et durable. Ces derniers se révèlent confortables puisque ce sont des sièges modifiés provenant de la berline Altima. Côté rangement, la NV propose plusieurs solutions, comme cette tablette dissimulée sous le siège du conducteur (dans les modèles HD seulement) ou les nombreux porte-gobelet. Il y a aussi cette console centrale qui peut être verrouillée pouvant accueillir un ordinateur portable. Dans les modèles à pavillon élevé, une tablette peut être installée au-dessus des occupants pour ranger des objets légers. Enfin, à l’arrière, les portières peuvent s’ouvrir complètement sur un axe de 243 degrés, ce qui signifie qu’elles peuvent être retournées complètement contre les flancs du NV.

Mécanique

Sous ce long capot, Nissan a joué la carte de la prudence en boulonnant des groupes motopropulseurs déjà connus du public. Le V6 de 4 litres qui équipe déjà les camionnettes Frontier reprend du service dans les versions de base 1 500 à toit normal et dans les versions 2 500 HD. L’autre option est le V8 de 5,6-litres utilisé à toutes les sauces chez Nissan et Infiniti. Ce dernier pourra être commandé sur les versions 1 500, 2 500 HD et sera le moteur de série sur la version 3 500 HD. Les deux engins sont accouplés à une seule boîte de vitesses automatique à 5 rapports. Nissan n’a pas voulu révolutionner le segment au chapitre de la configuration du NV. Le fourgon est donc basé sur un châssis à échelle, la puissance est strictement envoyée aux roues arrière, et les suspensions sont indépendantes à l’avant et à lames à l’arrière. Un point sur lequel Nissan n’a pas lésiné, ce sont ces énormes freins à disques ventilés aux 4 coins. Ils sont pensés pour un usage intensif et non pour stopper un bolide dans un virage du Nürburgring.

Comportement

Encore ici, le constructeur japonais ne va pas à l’encontre des règles du segment. Le NV a beaucoup de points en commun avec les modèles américains en ce qui a trait à la sensation ressentie au volant. Le nouveau fourgon de Nissan est lourd, imposant sur la route et sa maniabilité en milieu urbain demande de rester vigilant. Le V6 accomplit son boulot en rouspétant quelque peu, tandis que le V8 est clairement plus énergique, surtout lorsque la boîte est vide. Pour ce qui est du freinage, il faut le prévoir d’avance, tandis que la direction n’est pas aussi engourdie qu’on aurait pu le croire.

Conclusion

Il est encore trop tôt pour savoir si Nissan va connaître du succès avec son Nouveau Véhicule commercial. Après tout, depuis plusieurs années déjà, Nissan et Toyota essaient de s’infiltrer dans le segment de la camionnette pleine grandeur. Pourtant, le NV présente de belles innovations et le prix demandé est plus qu’intéressant, surtout dans une catégorie où les consommateurs achètent leur véhicule strictement pour des raisons utilitaires. Au pire, Nissan aura fait bouger les choses en obligeant les autres constructeurs à moderniser leurs véhicules commerciaux.

Forces

Espace pour les jambes des occupants – nombreux espaces de rangement – Boîte de chargement pratique

Faiblesses

Consommation de carburant – Première incursion de Nissan dans le segment – Pas de moteur Diesel