Nissan Qashqai 2018

Essai routier – Nissan Qashqai – Antoine Joubert

1 152 mots

Nissan Qashqai 2018

Viser dans le mille

Par Antoine Joubert

L’arrivée du Qashqai au Canada, prévue depuis plusieurs années déjà, était un secret de polichinelle. Les stratèges de la marque étaient conscients depuis longtemps du succès potentiel de ce modèle capable de rejoindre une clientèle beaucoup plus large que celle du Juke. Lancé en 2006 du côté de l’Europe, le Qashqai a d’ailleurs connu là-bas un immense succès. Plus de 2,5 millions d’Européens en ont fait l’achat depuis dix ans, le comparant souvent à des modèles plus prestigieux tels que l’Audi Q3 ou l’Opel Mokka (notre Buick Encore). Nissan compte donc mener la vie dure aux Trax, HR-V et Crosstrek de ce monde, sans oublier les nouveaux Ford EcoSport et Toyota C-HR.

Tour du propriétaire (85 %)

D’abord, que signifie le mot Qashqai? Il s’agit d’un peuple vivant dans les montagnes du sud-ouest de l’Iran. Serait-ce la raison pour laquelle nos voisins du Sud ont choisi de le rebaptiser Rogue Sport ou est-ce seulement parce que le nom est imprononçable? Qu’importe, le Qashqai débarque chez nous en ayant deux objectifs. D’abord, répondre aux besoins des acheteurs de VUS urbains, ce que le Juke ne réussissait pas à faire, puis attirer une clientèle de voitures compactes à hayon, comme la Volkswagen Golf. Les études effectuées par Nissan démontrent d’ailleurs que plusieurs propriétaires de voitures hatchback font le saut vers l’utilitaire urbain. À preuve, les ventes de Mazda3 ont baissé d’environ 20 % dès l’arrivée du CX-3. Un hasard? Bien sûr que non.

Chose certaine, Nissan débarque chez nous avec une gamme complète capable de plaire à tous les acheteurs. Et même si le véhicule n’a pas changé d’un poil depuis son introduction européenne en 2014, sa robe est toujours aussi belle et actuelle. Ne soyez toutefois pas étonné si le Qashqai reçoit dès l’an prochain de petites retouches visant à l’harmoniser avec le Rogue, puisque la version européenne y a droit pour 2018. En attendant, on nous propose une gamme comptant trois versions, du modèle S d’entrée de gamme à la version SL Platinum. Esthétiquement dénudé, le modèle S est notamment dépourvu de roues d’alliage, de feux antibrouillard, d’un toit ouvrant et de rails de toit, et n’est offert qu’en quatre couleurs. Passez aux modèles SV ou SL, et la palette de couleurs sera bonifiée d’un rouge, d’un orange et d’un vert lime.

Vie à bord (80 %)

Trop longtemps critiquée pour la qualité de finition ordinaire de ses produits, Nissan a choisi de passer le Qashqai au bistouri avant de l’importer chez nous. La qualité de la finition et des matériaux a donc été revue, un exercice qu’on a aussi effectué auprès du Rogue 2017. D’ailleurs, vous remarquerez que la planche de bord du Qashqai est en tout point identique à celle du Rogue. Maintenant, il est clair que l’espace y est moins généreux, surtout à l’arrière. Attention, le dégagement aux jambes et à la tête est nettement mieux qu’avec le Nissan Juke ou même le Mazda CX-3, mais à ce compte, le Honda HR-V fait mieux. Quant au coffre, il propose un volume généreux (648 litres) ainsi qu’un plancher à double fond permettant de conserver des objets hors de la vue.

Au volant, le Qashqai étonne par son confort et ses commodités. La version SL Platinum trace d’ailleurs la barre très haute en matière d’équipement. Le prix est toutefois conséquent. Cela dit, aucun autre véhicule comparable ne vous offrira autant de gadgets, ce qui inclut notamment le régulateur de vitesse intelligent, les feux de route automatiques et tous les systèmes d’assistance à la conduite. Parmi les irritants, notons la très mauvaise qualité sonore du système audio ainsi qu’un frein de stationnement à pied, dont le levier est très mal positionné.

Technique (75 %)

Sur le plan mécanique, Nissan propose sur le modèle S à roues motrices avant une boîte manuelle à six rapports, laquelle peut-être remplacée par une boîte Xtronic CVT avec rapports simulés. Cette dernière sera d’ailleurs de série sur toutes les autres versions. Le seul moteur offert est un 4-cylindres de deux litres, sans injection directe de carburant, dont la fiabilité n’est plus à prouver. Hélas, ce dernier n’est pas plus économique à la pompe que le moteur de 2,5 litres qu’on trouve dans le Rogue. En fait, même si les cotes de consommation de ces deux mécaniques sont directement comparables, le moteur deux litres manque de souffle plus rapidement, ce qui implique qu’on le sollicite davantage. Conséquemment, vous consommerez 10 % plus de carburant qu’avec les Honda HR-V et Mazda CX-3.

Au volant (80 %)

Mon premier contact avec le Qashqai a eu lieu du côté de l’Angleterre, où se situe l’une des usines de construction du modèle. Ma première impression sur route a été fort positive, et ce, même s’il a fallu m’adapter au trafic en sens opposé. Après avoir parcouru plus de 700 kilomètres en terre québécoise, mon constat demeure le même. Non seulement ce véhicule affiche une stabilité et un confort étonnants, mais son agrément de conduite est supérieur à celui de plusieurs rivaux. Bien ancré au sol, le Qashqai se démarque par un châssis rigide, une suspension indépendante aux quatre roues extrêmement bien calibrée ainsi que par une insonorisation qui donne l’impression d’un véhicule huppé. Autre avantage non négligeable, la présence d’une transmission intégrale verrouillable qui lui permet de bien se positionner face aux Jeep Renegade et Subaru Crosstrek. Bien sûr, la puissance est modeste et l’effet d’élasticité de la boîte CVT s’avère parfois agaçant. Mais sinon, l’expérience de conduite est fort intéressante. Un mot toutefois sur le régulateur de vitesse soi-disant intelligent et sur les divers systèmes d’assistance à la conduite de la version SL Platinum. Ils sont ridiculement intrusifs, au point où on veut tout désactiver dès la mise en marche du véhicule. Voilà un élément à revoir.

Conclusion (85 %)

En 2017, les ventes de Micra, de Versa Note et d’Altima étaient en chute libre. Et celles de la Sentra, même si Nissan affirme le contraire, sont toujours loin d’être satisfaisantes pour le constructeur. En revanche, les ventes du Rogue montent en flèche, ce véhicule ayant même été au sommet des ventes du segment chez nos voisins du Sud pour les six premiers mois de 2017. Manifestement, la folie des multisegments bat son plein chez Nissan, qui connaît aussi un bon succès avec les Murano et Pathfinder. De ce fait, le nouveau Qashqai est donc assurément la solution pour attirer une nouvelle clientèle en quête d’un véhicule offert à prix attrayant. Bien sûr, Nissan devra se battre face à une concurrence plus nombreuse que jamais, mais le produit est à la hauteur. Sachez toutefois qu’au moment d’écrire ces lignes, les promotions applicables au Nissan Rogue étaient telles que le prix de revient à la location était identique à celui du Qashqai. On peut donc imaginer que certains acheteurs attirés par notre sujet feront rapidement le saut au Rogue. Et dans tous les cas, les gens de Nissan seront heureux, puisqu’ils auront fait leur boulot, soit celui de vous vendre une voiture!

Forces

• Bouille sympathique
• Agrément de conduite
• Choix de versions
• Qualité de construction

Faiblesses

• Consomme autant que le Rogue
• Systèmes d’assistance à la conduite intrusifs
• Frein de stationnement mal positionné
• Qualité du système audio

Galerie :

A : Le Qashqai est livré de série avec des roues d’acier de 16 pouces et des enjoliveurs. Les versions S avec boîte Xtronic CVT et les versions SL reçoivent toutefois des roues d’alliage de 17 pouces, alors que la version SL a droit à ces roues de 19 pouces.

B : Le poste de conduite du Qashqai est en tout point identique à celui du Nissan Rogue 2018.

C : La version SL Platinum est équipée d’un régulateur de vitesse intelligent qui vous force à conserver des distances franchement exagérées par rapport au véhicule qui vous précède.

D : Le Qashqai fait appel à un moteur quatre cylindres de deux litres, à injection séquentielle multipoint, dont la puissance est de 141 chevaux. Les cotes de consommation annoncées sont à peu près semblables à celles du Nissan Rogue.

E : Une version esthétiquement remaniée du Qashqai est déjà en vente du côté de l’Europe. Attendez-vous à ce qu’elle débarque chez nous d’ici peu.