Rolls Royce Cullinan 2019

Rolls-Royce Cullinan

La voiture à châssis élevé

Luc-Olivier Chamberland

Ce qui devait arriver arriva, mais l’utopie fait sourire. Lors de l’émergence des utilitaires sport dans les années 1990, Rolls-Royce clamait haut et fort qu’elle résisterait à cette terrible tentation. Un « vulgaire » VUS ne serait jamais assez digne pour porter la « Spirit of Ecstacy ». Les choses ont bien changé, le marché a évolué, les acheteurs l’ont demandé et surtout un certain Bentayga existe chez Bentley. Pour garder une conscience tranquille, on ne parle pas du Rolls-Royce Cullinan comme d’un VUS, mais bien comme d’une voiture à châssis élevé…

Tour du propriétaire

Il sera difficile ici de parler de fluidité, de souplesse et encore moins de courbes gracieuses. L’approche styliste de Rolls-Royce pour le Cullinan s’inspire directement de la Phantom VIII. Tout en angles, il récupère l’imposante calandre en temple grec et les projecteurs s’illuminant entièrement aux DEL. Au profil, la ligne d’épaule s’étire sur la carrosserie jusqu’à devenir la hanche. Même s’il s’agit d’un VUS, Rolls-Royce conserve l’ouverture des portières à la façon « suicide ». L’effet demeure spectaculaire. Pour l’arrière, on reconnaît la forme des feux de la Phantom VIII. L’apport d’un renflement sous la lunette cherche à imiter maladroitement une malle comme dans les années 1920-1950. Le Cullinan offre un style polarisant, mais le contraire aurait été étonnant. Malgré tout, Rolls-Royce a réussi le passage de la berline au VUS avec brio en respectant la tradition.

Vie à bord

La présentation intérieure du Cullinan ressemble à s’y méprendre à celle de la Phantom VIII. Les designers appliquent une forêt tout entière sur la planche de bord alors que tout le reste est recouvert de cuir ou d’accent chromé en métaux véritables. Très rectiligne, il multiplie les niveaux accueillant leurs propres commandes. Afin de ne pas briser « l’harmonie », l’écran multimédia servant à l’affichage de la navigation peut se rétracter. Impossible de prendre le confort en défaut. On trouve quatre places dont la suprématie des sièges a de quoi faire passer le trône d’Angleterre pour une caisse de lait. Fait intéressant, la « banquette » est complètement repoussée dans le fond de la cabine. De cette manière, on libère un maximum d’espace pour les occupants qui auront le privilège d’y prendre position. Pour assurer le bien-être des pieds, on reconduit les traditionnels tapis de sol en lainage. Tous les caprices, même les plus farfelus, pourront être exécutés par les artisans de la marque. Il en va de même pour l’aménagement de la malle. Tout comme chez Bentley, vous êtes amateur de chasse à courre, de pêche, de fauconnerie, de polo ou de n’importe quel sport exotique, on vous configurera un coffret adapté avec tous les accessoires nécessaires à la réussite de vos loisirs.

Technique

Le Cullinan est une version « haute » de la Phantom VIII avec la même plateforme « Architecture of Luxury » introduite l’an dernier. Selon Rolls-Royce, elle est unique à la marque, mais on sait très bien qu’il s’agit d’un dérivé de la Série 7 de BMW. Comme Rolls-Royce n’a que des V12 dans son alignement, on retrouve le V12 de 6,7 litres de la Phantom VIII. Avec une puissance de 563 chevaux et un couple de 663 lb-pi, la puissance ne manque pas. Par contre, Rolls-Royce cède 37 chevaux par rapport au W12 de Bentley à 600 chevaux. On peut croire qu’une version de « performance » reprendra éventuellement le V12 de la Wraith, qui atteint les 631 chevaux. Le Cullinan inclut une transmission intégrale, une première pour la marque. Les ingénieurs multiplient les modes de conduite en fonction de toutes les surfaces carrossables possibles et imaginables connues de l’homme. Les suspensions pneumatiques adaptatives permettent d’augmenter la garde au sol pour les activités hors route intenses. On peut maintenant salir sa Rolls de boue bien fraîche.

Au volant

Malheureusement, il a été impossible d’en faire l’essai routier avant la publication. Nous devrons attendre avant de pouvoir le mettre à l’épreuve. Il y a toutefois un point qui attire l’attention. Tout au long de l’effeuillage du véhicule avant son dévoilement le 10 mai 2018, toutes les images rendues publiques ne montraient pas le Cullinan devant un Ritz-Carlton, mais bien en campagne roulant à tombeau ouvert au centre d’une rivière dans les Highlands écossais. Il semble prometteur.

Conclusion

Lorsque l’on porte le nom du plus gros diamant découvert par l’homme, on s’attend à quelque chose de tout aussi singulier. Il faudra en faire l’essai avant de se prononcer fermement à son sujet, mais Rolls-Royce arrive avec un véhicule très sérieux et surtout qui respecte la tradition. Va-t-il être populaire? Sans aucun doute. Par contre, avec un prix de base de 375 000 $, on parle de l’élite. Une autre page s’est écrite dans le long et prestigieux livre d’histoire de Rolls-Royce.

Forces

1. Prestige assuré
2. Capacité hors route (sic)
3. Personnalisation infinie

Faiblesses

1. Prix indécent
2. Seulement 4 places

Une seule motorisation