Rolls-Royce Drophead 2008

ROLLS-ROYCE DROPHEAD COUPÉ
La quintessence du style et de la grâce

Vous ne le saviez probablement pas, mais Rolls-Royce affirme qu’elle a, à l’échelle mondiale, identifié environ 85 000 acheteurs potentiels. Ce sont 85 000 individus – ce groupe augmente de 10 % par année – qui disposent d’au moins 30 millions de dollars américains à dépenser à leur gré. C’est, on l’imagine, ce qui leur reste une fois qu’ils ont acheté des maisons, des bateaux, des voitures, des bijoux et des tableaux de grands maîtres. Disposer de 30 millions de dollars, imaginez! Considérant cet immense bassin d’acheteurs potentiels, n’est-il pas étrange que le constructeur anglais ne livre qu’un peu moins de 800 voitures par année ?

Le problème, c’est qu’il n’est pas facile d’attirer des individus ultra-riches dans son giron. On trouve parmi eux toutes sortes de gens : des vedettes, de richissimes hommes d’affaires, des héritiers, des parvenus qui ont fait fortune dans divers secteurs d’activité… Comment doit-on s’y prendre, dans ces circonstances, pour augmenter les ventes à l’échelle mondiale, même si ce n’est que de 200 voitures par année, afin d’atteindre la marque des 1000 environ ? Comment attirer l’attention des mieux nantis de la planète ? Il n’existe qu’une façon efficace de le faire : leur proposer une voiture tellement percutante qu’elle ne peut absolument pas passer inaperçue. C’est ainsi qu’est né le coupé Drophead.

CARROSSERIE

Ce n’est pas tout le monde qui déborde d’enthousiasme devant le design m’as-tu-vu de la Phantom. La Drophead, en revanche, possède selon moi la silhouette la plus distinctive et la plus attrayante de l’industrie automobile. Le long capot suscite moult réactions; celui en inox, offert en option, laisse pantois. La partie arrière courte est coiffée de teck (qui doit être huilé à la main lorsqu’on procède à l’entretien prescrit), alors que le coffre dévoile un abattant grâce auquel vous pourrez apprécier les perséides en compagnie de Monica Bellucci. Rien n’est impossible quand on possède une Drophead.

Si la carrosserie de la Drophead affiche des courbes pulpeuses, la structure qui la supporte est un réel délice. Elle est constituée d’énormes, non, de gigantesques pièces d’aluminium qui en font la structure de cabriolet la plus rigide du monde. La Mercedes SL est, par comparaison, aussi molle que des pâtes trop cuites. Par ailleurs, il s’agit probablement du cabriolet le plus sûr qu’on puisse trouver sur le marché. Son poids de près de trois tonnes l’emporte sur tout ce qui est plus petit qu’un Freightliner, ou peut-être qu’une locomotive.

Les portes inversées sont conçues pour faciliter les entrées et les sorties. Une fois à bord, vous n’arrivez pas à les fermer manuellement ? Qu’à cela ne tienne! Vous n’avez qu’à appuyer sur un bouton pour parvenir au résultat désiré. Toutefois, gare à vos doigts garnis de précieux diamants : elles ne sont munies d’aucun dispositif anti-pincement. Enfin, chaque portière de la Drophead dissimule un parapluie griffé Rolls-Royce.

La capote est faite de toile. Pourquoi? D’abord, parce que Rolls croit que ce matériau est agréable à l’œil, classique et romantique. Ensuite, parce que les clients de la firme anglaise possèdent évidemment plusieurs voitures. Par temps pluvieux, ils n’ont qu’à en utiliser une autre, tout simplement. La Duesenberg de collection, peut-être?

HABITACLE

Seule Bentley se rapproche de Rolls-Royce en termes de finition intérieure. N’importe quel autre véhicule semble bon marché si on le compare à une Rolls. Tout ce que vous touchez, à l’intérieur de la Drophead, provient de pièces de bois ou de métal massives. Le reste est recouvert d’un cuir cousu aussi serré que les lèvres de Conrad Black pendant un contre-interrogatoire. Ce n’est pas tant un habitacle qu’un parloir. En fait, ce n’est pas tant un tableau de bord qu’une pièce de mobilier, et ce ne sont pas tant des sièges que des trônes! Cependant, pas de moquette de laine Wilton à l’intérieur de la Drophead : on y a plutôt installé une carpette de style Sisal sur laquelle vous risquez de vous échauffer les pieds, mais qui offre l’avantage de bien résister à l’humidité. Au cas où, sait-on jamais, vous seriez surpris par la pluie capote baissée… De même, le cuir des fauteuils résiste à l’eau, en plus d’être facile à nettoyer – pas par vous, bien entendu : par votre maître d’hôtel…

Afin d’habiller l’habitacle, la maison propose 10 coloris de cuir, 6 essences de bois de placage, 6 couleurs de capot et 9 couleurs de carrosserie. Vous n’aimez aucune des multiples combinaisons possibles ? Sachez que Rolls-Royce pourra personnaliser votre voiture en fonction de vos caprices … pardon, de vos goûts.

MÉCANIQUE

La firme anglaise affirme que la plupart de ses clients ne portent aucune attention à ce qui se passe sous le capot de la voiture. Soit elle accélère sans effort et s’active en silence, soit elle ne le fait pas. Eh bien, elle le fait. Pour votre gouverne, sachez que le V12 de 6,75 litres développe une puissance respectable de 453 chevaux et produit un couple stupéfiant de 531 lb/pi à seulement 3500 tr/min. En outre, il y parvient sans turbocompresseurs et sans moteur suralimenté (Bentley et Maybach, prenez-en note…).

Certes, la puissance et la sonorité onctueuse du moteur entraînent parfois chez le conducteur une dépendance et de l’excitation, mais elles peuvent également avoir l’effet contraire et ne provoquer aucune sensation, de quelque nature que ce soit. Le moteur de cette Rolls-Royce, qui s’active sans effort, donne en effet à ses occupants l’impression de flotter paisiblement sur un cumulus. Euphorisant.

La Rolls-Royce est si incroyablement moelleuse et raffinée que vous trouverez les autres voitures presque tape-cul par comparaison. Imaginez un poupon blotti dans le sein de sa mère…

Vous voulez ajouter du piquant à votre expérience de conduite? Rien de plus simple : passez au mode Low de la boîte de vitesse et enfoncez l’accélérateur. Les imposants pneus de 21 po laisseront entendre un léger gazouillis et, en moins de 6 secondes, vous aurez atteint la marque des 100 km/h. Enfin, malgré son poids et ses dimensions, le cabriolet Drophead accélère doucement pour atteindre sans bruit les 240 km/h – c’est la vitesse limite, contrôlée électroniquement.

COMPORTEMENT

Les clients de Rolls n’ont probablement pas le moindre intérêt pour la suspension à variation continue qui maîtrise électroniquement les assauts du bitume : nids-de-poule, bouches d’égout, ralentisseurs, bordures de trottoir, Grand Canyon, et plus encore.

La Drophead roule aussi bien sur une route sinueuse qu’elle se faufile aisément dans la circulation, car elle est plus courte que la Phantom de 280 mm. Tout ce que vous avez à faire pour piloter ce vaisseau amiral, c’est de laisser vos mains guider gentiment le volant délicat. La voiture s’occupe du reste. Si on la conduit avec doigté, aucune autre automobile au monde n’est aussi gracieuse.

CONCLUSION

Impossible d’entrer ici dans le détail de tout ce qui fait le charme de cette incroyable automobile. On pourrait, entre mille autres choses, mentionner la Spirit of Ecstasy flanquée sur le capot, qui disparaît automatiquement lorsqu’on verrouille la voiture, ou encore la délicieuse sonorité du système audio à 15 haut-parleurs avec lecteur MP3. Évidemment, il faudrait aussi parler des 350 heures nécessaires pour assembler chaque voiture, un travail accompli par des artisans au savoir-faire reconnu. Enfin, il faudrait rendre hommage à la qualité d’un des amalgames les plus évolués de carrosserie, de châssis et de composantes mécaniques jamais réalisé. Pourtant, au final, une seule chose importe vraiment : rien, rien n’est comparable à la Drophead Coupé. Rien ne peut susciter autant qu’elle le plaisir des sens.

Forces

Plus douce que la douceur elle-même

Plus belle que Monica Bellucci

Vaut son prix, même s’il faut sacrifier les études universitaires de vos enfants

Faiblesse

Une opulence qui risque de déplaire à certains