Rolls Royce Phantom 2004

Rolls-Royce Phantom

Version germanique d’une tradition britannique

C’est en juillet 1998 que BMW est devenue la gardienne de la prestigieuse marque Rolls-Royce, mais c’est seulement le 1^er janvier 2003 que la firme allemande a pu dévoiler au monde sa toute première interprétation d’un mode de transport mythique : la Phantom.

CARROSSERIE

Les goûts personnels ne se discutent peut-être pas, mais le renouvellement d’une voiture aussi connue qu’une Rolls ne pouvait échapper à la critique. Peu importe si le châssis dernier cri est en aluminium, la Phantom a exacerbé la controverse dès son dévoilement. Certains la trouvent laide, pataude, à peine plus subtile qu’un char d’assaut, d’autres la trouvent auguste, conjuguant à la moderne une allure empruntée aux Phantom I et II des années 1930. Les photos sont devant vous, à vous de vous faire une opinion. Au moins, le légendaire radiateur et la non moins fameuse statuette Spirit of Ecstasy (désormais rétractable pour déjouer les vandales) sont au rendez-vous.

HABITACLE

On ne se demande pas si la voiture peut nous transporter du point A au point B. On ne veut pas vraiment savoir non plus si elle est rapide. Non, ce qu’on veut savoir et voir, c’est ce qu’il y a dans une Rolls ? Qu’est-ce que j’ai pour 320 000 $ US ?

Parlons des sièges arrière (auxquels on accède par des portières « suicide »). Pour 7 200 $ US supplémentaires, l’acheteur peut choisir des places individuelles bardées de réglages électriques. L’énorme console centrale contient ce que vous voulez, mais l’accessoire recommandé est un minibar et une glacière pour savourer un Martini on the Wheels (mon nouveau drink de circonstance). L’option spéciale est la configuration dite « théâtre » (12 300 $ US) : les passagers deviennent alors des spectateurs grâce à une paire d’écrans intégrés dans le dossier des sièges avant et dissimulés derrière un rideau coulissant. Les écouteurs se branchent dans la console (où sont les écouteurs à infrarouge qui nous dispenseraient de tout cordon ?), tandis que le lecteur de DVD repose sous la banquette. Si vos invités ne sont pas d’humeur à écouter un film ou la télé, ils peuvent sélectionner un poste de radio distinct de celui que vous écoutez à l’avant.

Une autre coquetterie consiste à demander aux artisans du bois de l’usine de Goodwood de décorer les panneaux intérieurs en ajoutant des arabesques ou des motifs de votre choix. Ils n’utilisent pas de la colle Lepage.

MÉCANIQUE

Le V12 de 6,75 litres permet au mastodonte d’accélérer de 0 à 100 km/h en 5,9 secondes, tandis que la vitesse de pointe a été limitée à 240 km/h. Au moins 75 % de l’impressionnant couple est disponible dès les 1000 premières révolutions par minute du moteur. D’ailleurs, le tachymètre au tableau de bord a cédé sa place à un cadran qui donne le pourcentage de « puissance disponible ». En jonglant avec le levage des soupapes, leur calage et l’injection directe, les ingénieurs allemands ont donné à la Phantom une consommation combinée de 16 litres aux 100 kilomètres, ce qui est extraordinaire compte tenu du poids, mais qui doit sans doute laisser profondément indifférent les proprios qui, de toutes façons, possèdent un ou deux puits de pétrole.

COMPORTEMENT

L’Annuel de l’automobile a été invité au lancement mondial de la Phantom, en Angleterre, en janvier 2003, mais nous n’avons pas encore conduit la bête. En fait, je n’en ai pas encore vu une seule sur la route. L’équipe de L’Annuel entend bien vous soumettre son rapport d’ici 2015. En attendant, il ne faut pas un trop grand effort d’imagination pour deviner avec quelle royale aisance le V12 doit transporter les heureux élus dans une bulle magique que même un squegee de la Sainte-Catherine n’oserait crever.

CONCLUSION

Allemande ou britannique, une Rolls demeure une Rolls. Comme la royauté, les simples mortels n’en comprennent pas vraiment l’utilité, mais ne peuvent s’empêcher d’avoir les yeux ronds en leur présence (ou révulsés si l’on s’est déjà enchaîné à la grille d’une ambassade pour protester contre la famine et la mondialisation). Une Rolls implique l’appartenance à un univers où le fric atteint des dimensions surréalistes. Mon surréel à moi, ce sont les gratteux…

Forces

Le V12 BMW grandiose

Un confort absolu

Faiblesses

Une allure qui fait jaser

Un prix exorbitant

Nouveautés en 2004

Un « salon » arrière automatisé

Un environnement « théâtre »