Rolls Royce Rolls Royce Phantom 2005

Rolls-Royce Phantom

Le Roc de Gibraltar

A-t-on besoin d’introduire Rolls-Royce? Rappelons seulement à l’intention de ceux qui viennent de quitter leur île déserte que la vénérable marque anglaise n’a plus de british que l’usine puisqu’elle appartient depuis 1998 à la maison BMW, allemande aux dernières nouvelles.

Carrosserie

Imposante n’est pas le mot. Essayez plutôt éléphantesque. Vue de profil, on dirait toutefois que la Rolls manque de fenestration. Entre les roues avant et arrière, séparées par un phénoménal empattement de 357 cm (une MINI pourrait presque s’y faufiler toute entière!), se dresse une formidable falaise de métal laquée d’une douzaine de couches de peinture. Les glaces ont l’air perdues au sommet. Puis j’ai compris : si le pilier C est aussi massif, c’est pour permettre aux gens installés sur la banquette de se promener incognito! Vue de face, le traitement des phares a beau s’apparenter à celui d’une voiture utilisée par Les Sentinelles de l’air (Lady Pénélope?), le légendaire radiateur en forme de barreaux de prison (la richesse extrême est une forme de prison, philosophait ma grand-mère en chiquant son tabac) et la désormais rétractable statuette Spirit of Ecstasy nous rappelle à quelle grande dame de l’histoire automobile nous avons affaire.

D’ailleurs, elle a eu 100 ans en 2004 et, pour commémorer cet exploit, l’usine de Goodwood a assemblé 35 exemplaires de la Centenary Phantom, un modèle reconnaissable au badge rouge (comme l’était l’emblème avant 1930) et à sa statuette en argent massif!

Habitacle

Vous serez émus d’apprendre que Burj Al Arab, le seul hôtel au monde a affiché 7 étoiles (sa robinetterie est plaquée en or 24 carats….), s’est procuré deux Phantom pour balader sa clientèle fortunée. En fait, depuis son ouverture en 1999, l’hôtel de Dubai n’a utilisé que des Rolls pour voiturer ses invités. La première des deux nouvelles acquisitions illustre bien ce qu’un acheteur de Phantom peut se farcir comme caprices : carrosserie White Artic, intérieur Navy Blue, boiseries en chêne pâle, repose-pied réversibles (Pourquoi? No idea!), tapis confectionnés avec de la laine d’agneau et pavillon tapissé de cachemire. Dans le modèle du Centenaire, attention, les tables de pique-nique accrochées au dossier des sièges sont en acajou…

Mécanique

Sous l’énorme capot sommeille un non moins colossal V12 atmosphérique de 6,75L, dont les 48 soupapes alimentées par injection directe concourent à produire 453 CV et assez de couple à bas régime (75% de la puissance est disponible sous 1000 tr/mn) pour propulser les trois tonnes de 0 à 100 km/h en moins de six secondes. La puissance est relayée par une transmission à 6 rapports qui a l’habitude de vaincre la force d’inertie du mastodonte en démarrant en deuxième.

Comportement

La vitesse maximale a été limitée électroniquement à 240 km/h. Entre deux pleins de réservoir, on devrait pouvoir se taper plus de 600 kilomètres parce que les ingénieurs sont parvenus à maintenir la consommation moyenne autour de 16 litres par 100 km. La position de conduite a été surélevée afin de fournir une visibilité au-delà de la Silver Lady. Mais c’est à l’arrière que les passagers apprécient le plus la Phantom. La banquette peut former un divan ou encore deux sièges individuels séparés par une énorme console transformée en centre de divertissement et en mini bar. Pour ne pas être dérangé durant la préparation des drinks, on peut refermer les portières « suicide » (elles s’ouvrent de l’avant) en appuyant sur un interrupteur. Et à la maison, Firmin!

Conclusion

Depuis sa renaissance en janvier 2003, la nouvelle Rolls-Royce s’efforce de démontrer aux Crésus de ce monde que la tradition peut survivre tout en étant soutenue par une ingénierie dernier cri. Nous, on veut bien les croire sur parole…

Forces

Avec des sous, tout est possible

Muscle et confort conjugués

Faiblesses

Entretien prohibitif

Pas l’auto préférée de Karl Marx