Saturn ION 2005

SATURN ION

De mal en pis

Par Philippe Laguë

À défaut d’avoir réinventé l’automobile, comme l’affirmait de façon pompeuse la publicité lors du lancement de cette marque, au début des années 90, Saturn a réinventé le service après-vente – ce qui n’est pas rien, il faut bien l’admettre. Heureusement, parce que c’est la seule raison valable d’acheter une Saturn… Et cela ne s’est pas amélioré avec l’arrivée de la ION, il y a deux ans.

CARROSSERIE

On ne peut pas reprocher à Saturn de manquer d’originalité. Dès son introduction, cette division de GM a choisi de faire bande à part en habillant ses véhicules d’une carrosserie en polymère. Les avantages sont connus : ça ne rouille pas et ça résiste aux petits impacts. Autre solution originale : l’ajout de deux petites portières pour les versions Quad Coupe et Red Line. Ceux-ci sont par ailleurs nettement plus séduisants que la berline, qui ressemble à tout et rien à la fois. Et l’ajout d’une nouvelle calandre, cette année, est loin d’améliorer les choses.

HABITACLE

Pour autant que je suis concerné, le concept du coupé à 4 portes est une idée brillante. Cela élimine les contorsions pour accéder aux places arrière et l’ouverture des portières en sens inverse ne fait que faciliter les choses. L’envers de la médaille, c’est la présence d’un important pilier central, qui réduit considérablement la visibilité ¾ arrière. Quant aux places arrière, elles sont correctes pour un coupé, ce qui signifie que le dégagement pour la tête et les jambes est moindre que dans la berline. La présentation intérieure de la nouvelle version sportive Red Line s’enrichit d’un volant en cuir, d’une instrumentation garnie de cadrans à fond blanc et surtout, de sièges Recaro à l’avant. Tout cela est bien beau, mais ne parvient pas à faire oublier la surabondance de plastique à l’intérieur. Non seulement cela fait bon marché, mais ça craque de partout. Sans parler du manque de rigueur de l’assemblage et de la piètre insonorisation de l’habitacle. Navrant.

MÉCANIQUE

La ION reprend le 4-cylindres Ecotec de GM, qui n’a aucune peine à faire oublier les motorisations agricoles des Saturn des générations antérieures. Mais il n’a pas le raffinement ni la douceur des petits moulins japonais, en plus d’être bruyant. Sa cylindrée est de 2,2 litres dans la berline et la Quad Coupe, contre 2 litres pour la Red Line, mais celle-ci hérite d’un compresseur qui fait grimper la puissance à 205 chevaux. On redoute l’effet de couple mais il est fort bien maîtrisé, tandis que les performances sont musclées. La boîte manuelle est précise et bien étagée, mais on aimerait un embrayage plus progressif. Le rendement de la boîte automatique est honnête, mais son jumelage avec le moteur atmosphérique de la berline et de la Quad Coupe fait ressortir encore plus les lacunes de cet engin déjà dépassé par la concurrence.

COMPORTEMENT

À ce chapitre, la Red Line se distingue grâce à sa tenue de route agressive, rehaussée par une monte pneumatique de premier ordre. Mais une série d’irritants viennent altérer l’agrément de conduite, à commencer par l’instabilité du véhicule lors de freinages brusques. Voilà qui n’augure rien de bon en situation d’urgence. L’amortissement très souple confère une douceur de roulement appréciable, mais en conduite sportive, les incessants mouvements de caisse n’ont rien de rassurant, sans compter que cette suspension cogne très fort sur un revêtement en mauvais état, et que cela s’accompagne d’un concert de bruits de caisse qui en disent long sur la rigidité du châssis. Une direction engourdie et peu communicative couronne le tout.

CONCLUSION

Malgré ses performances et sa tenue de route, la Red Line ne parvient pas à faire oublier les nombreuses lacunes de la ION. Le plus aberrant, c’est de voir que GM n’a rien fait pour corriger la situation, car ces lacunes affligent les Saturn depuis leur naissance. Les compactes japonaises peuvent dormir tranquille…

FORCES :

• Performances musclées (Red Line)
• Sièges Recaro (Red Line)
• Tenue de route agressive (Red Line)
• Douceur de roulement
• Service après-vente incomparable

FAIBLESSES :

• Piètre visibilité (Quad Coupe et Red Line)
• Qualité d’assemblage médiocre
• Surabondance de plastique à l’intérieur
• Habitacle mal insonorisé
• Moteur Ecotec décevant
• Roulis prononcé

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