Saturn Vue 2008

Saturn Vue

L’utilitaire «mondial»

Au rythme où vont les choses, la marque Saturn aura bientôt la gamme la plus nouvelle et la plus originale de GM, une gamme constituée, en large partie, de véhicules importés ou conçus à l’extérieur des États-Unis, comme le nouvel utilitaire Vue.

Carrosserie

Si la planète Saturne prend 29 ans pour compléter son orbite autour du Soleil, on peut admettre qu’il en a fallu 25 pour que la marque d’automobiles du même nom prenne son envol. C’est le 15 juin 1982 qu’Alex C. Mair, alors vice-président de l’Advanced Engineering de GM, proposait à ses collègues de créer une petite voiture révolutionnaire au sein de l’entreprise, projet qu’il avait baptisé du nom de Saturn. Vingt-cinq ans plus tard, la plus jeune marque de GM connaît enfin le succès, mais pas tout à fait comme l’avait imaginé Alex Mair. Car d’une marque qui se voulait 100% américaine à l’origine, Saturn devient de plus en plus internationale. Le nouvel utilitaire Vue en témoigne.

Nommez un véhicule fabriqué pour le marché nord-américain dont l’ingénierie a été réalisée en Corée du Sud, le design en Europe et l’assemblage au Mexique. Si vous avez répondu «Saturn Vue», vous gagnez un morceau de robot.

Contrairement au modèle qu’il remplace, qui était spécifique à la marque et à notre marché continental, le nouveau Vue adopte une esthétique moderne conçue pour plaire à des acheteurs de différentes régions du monde. En Europe, Opel et Vauxhall vendent le même véhicule sous le nom d’Antara, alors que GM-DAT (ex-Daewoo) l’a surnommé Winstorm pour le marché asiatique. Dans chaque cas, il s’agit du même véhicule à quelques petites différences esthétiques et groupes propulseurs près.

Le fait que l’ancien et le nouveau Vue aient un châssis de même empattement est une pure coïncidence; les deux véhicules sont très différents. Le châssis Spaceframe et les panneaux de polymères de l’ancien Vue sont d’ailleurs choses du passé. Ces panneaux inusables ne constituaient pas un facteur déterminant pour les acheteurs, nous a dit Jill Lajdziak, actuelle présidente de Saturn Corporation.

Habitacle

L’aménagement du nouveau Vue se veut au goût du jour. Avec un assemblage soigné par rapport au modèle qu’il remplace et des teintes et finis qui s’harmonisent agréablement, le nouveau Vue tranche radicalement. Il se compare enfin à ses concurrents japonais.

Les sièges baquets à contours prononcés supportent bien en virages. Toutefois, un coussin plus long serait apprécié. Derrière, la banquette peut accueillir confortablement deux passagers, trois au besoin. Son dossier asymétrique (60/40) peut être replié pour prolonger la surface de chargement de l’aire cargo. Il en va de même pour le dossier du siège du passager avant, qu’on peut replier soit pour l’utiliser comme tablette de travail (sa face arrière est recouverte de plastique rigide), soit pour permettre le chargement d’objets très longs, par exemple un kayak.

Le soir, les cadrans et l’instrumentation projettent un éclairage ambre qui est doux. Ce n’est pas sans rappeler les véhicules d’origine allemande. De plus, une foule d’espaces de rangement pratiques, petits et grands, ont été aménagés. La boîte à gants est même assez volumineuse pour loger un sac à main de taille moyenne. Il y a également un tiroir de rangement sous le siège du passager avant et des compartiments sous la partie arrière du plancher de l’aire cargo. On trouve là, aussi, un filet de rangement mobile optionnel conçu pour cloisonner à volonté cette aire de chargement.

Mécanique

Saturn propose trois groupes propulseurs. Le modèle de base XE à deux roues motrices reçoit une version vaguement moins puissante du 4 cylindres Ecotec de 2,4 litres utilisé en 2007 (6 chevaux de moins). Deux V6 figurent également au catalogue. Le premier, d’une cylindrée de 3,5 litres, anime le modèle XE à quatre roues motrices et remplace le V6 Honda qui était offert l’année dernière. L’autre, de 3,6 litres, développe 35 chevaux de plus et il est réservé aux versions haut de gamme et sport, respectivement le XR (2RM et 4RM) et le Red Line.

Saturn propose aussi un groupe propulseur hybride (GPH) pour la nouvelle version du Vue Green Line. Comme en 2007, il s’agit de la combinaison du 4 cylindres de 2,4 litres et d’un moteur électrique qui fournit un surcroît de puissance au besoin. En 2008, cependant, un Vue Green Line à GPH bimodal fera son apparition. Ce dernier fonctionne comme le GPH d’une Toyota Prius et d’un Ford Escape: à très basse vitesse, il peut faire rouler le Green Line uniquement grâce au moteur électrique. Selon le constructeur, le GPH actuel du Green Line permet de réduire la consommation de carburant de 20%, dans les meilleures conditions; le système bimodal haussera cette économie potentielle à 40%.

Toutes les versions reçoivent désormais une boîte de vitesses automatique. La demande pour la boîte manuelle était trop faible pour en justifier l’offre (à peine 5% des acheteurs). Le 4 cylindres est jumelé à une quatre vitesses Hydra-Matic, la 4T45 utilisée dans le Vue 2007, alors que les modèles V6 disposent d’une nouvelle boîte à six vitesses Hydra-Matic, la 6T70, dont les changements de vitesses sont quasi imperceptibles.

Enfin, la transmission intégrale du Vue demeure de type réactif. Le Vue 4RM est donc une traction jusqu’au moment où l’une de ses roues avant perd de l’adhérence; alors s’opère un transfert de couple vers les roues arrière.

Comportement

Le comportement routier du nouveau Vue se distingue de celui du modèle qu’il remplace. Le roulis en courbes, un peu prononcé, pourrait être source de critique, certes. Cependant, la rigidité du châssis et le roulement ferme à souhait que procure la suspension indépendante aux quatre roues, avec barres stabilisatrices devant et derrière, font vite oublier cet irritant. Les réglages de la suspension ont visiblement été dictés par les ingénieurs européens d’Opel!

Cet utilitaire n’a plus rien à envier, non plus, à ses concurrents nippons en matière d’insonorisation de l’habitacle. Pas de bruits éoliens parasites ni de bruits de caisse (si présents avec l’ancien modèle), tout au plus entendons-nous le frottement des pneus sur certains revêtements.

La servodirection des modèles V6 est précise et son assistance, bien dosée. Ce système hydraulique est d’ailleurs l’apanage des modèles V6, car les Vue 4 cylindres sont munis d’une servodirection électrique… imprécise. Ouache!

L’élégante ligne en coin de la carrosserie, enfin, n’a pas un vitrage très grand surtout sur sa partie arrière. Les manœuvres de stationnement exigent donc une attention accrue. Mais ça, ce n’est malheureusement pas propre uniquement au nouveau Vue…

Conclusion

Bien sûr, avec un équipement de série aussi étoffé, auquel s’ajoutent des coussins et des rideaux gonflables, des appui-tête réactifs, l’antiblocage, l’antidérapage et le système StabiliTrak, le prix du nouveau Vue est à la hausse. Toutefois, lorsqu’on équipe ses concurrents de manière équivalente, l’écart s’évanouit.

Forces

Conduite agréable

Finition soignée

Silhouette élégante

Faiblesses

Visibilité arrière réduite

Filet de partitionnement de coffre compliqué à utiliser

Servodirection électrique sur les versions 4 cylindres