Toyota 4Runner 2011

TOYOTA 4Runner

Un vrai de vrai

Le 4Runner a ses adeptes. Pour les courses au dépanneur ou au terrain de soccer, il est sans doute excessif, bien que des mamans diront qu’on n’est jamais trop prudent… Pour les autres qui recherchent un utilitaire capable d’en prendre, bienvenue au royaume du costaud.

Carrosserie On vient de le remodeler, et c’est réussi. La longue coque de cette 5^e génération, davantage ciselée, en impose. Les feux arrière sont si protubérants qu’ils empiètent dans le champ de vision des rétroviseurs. En stationnant le long d’un trottoir, j’en ai oublié le panneau qui signalait une rénovation. Le gros rétroviseur, lui, l’a noté ! Sous l’impact, il s’est recroquevillé contre la fenêtre. Le méchant métal n’a même pas éraflé la peinture. Parlez-moi d’un véhicule solide ! Et comme le lucide roseau, il sait ployer quand ça compte…

Habitacle Dégagement généreux, gros interrupteurs, cadrans limpides, il n’y a rien à redire, si ce n’est qu’il s’agit d’un centre de commande plutôt chargé quand on pense au rôle premier du 4Runner : franchir l’impossible. Le marchepied est utile tant est haut le siège. J’ai d’ailleurs surpris un passager entonner un « yodel » au moment d’entreprendre son ascension. Par contre, les passagers qui devront se faufiler jusqu’aux strapontins jaillis du plancher de la soute à bagages (mieux que les anciens qu’on rabattait contre les flancs) délaisseront le chant du montagnard suisse pour une série d’expressions plus ecclésiastiques. Il faut presque trois mains pour rabattre le hayon. Un dispositif électrique ne serait pas de trop, au moins dans la version Limited.

Mécanique Quand j’ai reçu le 4Runner en essai, l’indicateur de consommation moyenne indiquait 20,9 litres aux 100 kilomètres ! J’ai failli passer mon tour car je ne suis pas propriétaire d’une pétrolière. Puis j’ai appris que le collègue avant moi avait tiré une remorque. Bref, j’ai relevé le défi. En mélangeant autoroute et centre-ville et, surtout, en traitant la pédale d’accélérateur comme une mine antipersonnel, j’ai réussi à ramener la consommation à… 18,9 litres aux 100 kilomètres. Ça reste glouton et très coûteux. Et dire qu’il n’y a plus de V8 sous le capot, Toyota l’ayant remplacé dans les trois versions du 4Runner par un nouveau V6 de 4 litres de 270 chevaux (34 de mieux que le précédent). La boîte de vitesses automatique à 5 rapports fonctionne en super souplesse. En réalité, l’engin et elle travaillent d’une manière si harmonieuse et si discrète, comme tenu de la lourdeur de la bête, que j’ai même réussi à décrocher une contravention ! Le boîtier de transfert qui autorise les différents modes 4 x 4 est commandé par une grosse mollette qui nous incite quotidiennement à délaisser les routes faciles pour les sentiers tordus. Sur les modèles SR5 et Trail, le système fonctionne sur demande; sur le Limited, il est permanent. À l’instar de Land Rover, Toyota a développé un arsenal de gadgets électroniques pour dominer n’importe quel sol dans n’importe quelle condition.

Comportement Si l’on chasse cinq minutes la consommation de notre esprit, force est d’admettre que le 4Runner nous promène dans un confort ouaté. Bien qu’il soit capable de jouer au coureur des bois, il glisse sur le pavé avec la grâce d’une ballerine. Les manœuvres de stationnement sont rendues aisées grâce à une bonne visibilité et à une direction mille fois assistée. Le rayon de braquage est débile, et les longs flancs n’apprécient pas les vents violents. Un livreur ayant remarqué le 4Runner stationné m’a raconté que le sien, cuvée 1999, avait allègrement franchi le cap des 400 000 kilomètres et se portait comme un charme, témoignant à sa façon de la légendaire fiabilité du produit.

Conclusion Le 4Runner est capable d’extrêmes, les charmantes balades et les rodéos sauvages, à titre d’exemple. C’est un camion maquillé en VUS. Mais je persiste à croire qu’il faut spécifiquement avoir quelque chose à tracter ou des chantiers à visiter ou un chalet à peu près inaccessible pour s’embarrasser d’un tel char d’assaut, aussi endimanché soit-il. Sa consommation de carburant est gênante. Et j’ai surpris dans les yeux des passants qui voyaient le monstre surgir quelque chose entre la réprobation et la peur (« Pourra-t-il freiner ? »). Si parmi les multiples tâches que peut accomplir ce géant s’en trouvent qui vous conviennent, n’hésitez pas. Sinon, vous n’êtes pas dans le bon créneau.

FORCES

Construction en apparence indestructible

Comportement routier en mesure de jouer la carte de la douceur et du trompe-la-mort

Habitacle confortable et rassurant

FAIBLESSES

Trop grand appétit du V6

Quand même pas donné, surtout avec ses options