Toyota 4Runner 2018

Essai routier – Toyota 4Runner –

Toyota 4Runner 2018

Par Antoine Joubert

Contre vents et marées

Inutile de vous dire que le 4Runner est de conception dépassée. Et pour les non-initiés, sachez que ce camion intermédiaire est aujourd’hui le seul de son segment à être monté sur un châssis à échelle, si l’on fait fi du Jeep Wrangler. Alors, comment expliquer que les ventes sont en hausse, que la dépréciation est très faible et que le 4Runner demeure l’un des véhicules les plus volés du marché?

Tour du propriétaire (85 %)

D’entrée de jeu, on pourrait croire que son look très Tonka attire les amateurs, surtout depuis le remodelage esthétique de sa partie avant, qui coïncide avec la disparition du regretté FJ Cruiser. Très stylisé, très caractéristique, le 4Runner est de surcroît proposé depuis l’an dernier en version TRD Pro, laquelle amplifie la force de caractère déjà marquante de ce modèle. On le distingue facilement à sa calandre unique et très agressive, à ses roues TRD avec pneus Nitto de 31,5 pouces et à ses plaques de soubassement bien visibles. À l’opposé, la version Limited se la joue très « floridienne ». Tout l’aspect aventurier du 4Runner est ici remplacé par une surenchère de garnitures chromées, à des endroits où on ne l’imaginerait même pas. Poignées de portes, porte-bagages, moulures, longerons de pare-chocs, calandre, tout est chromé, exception faite des roues de 20 pouces en aluminium poli. Un peu kitsch si vous voulez mon avis…

Vie à bord (75 %)

L’habitacle du 4Runner nous ramène réellement à une autre époque. Non seulement la présentation n’a rien de moderne, mais l’équipement qui s’y trouve est extrêmement conservateur. Ne pensez pas y voir par exemple les dernières technologies en matière de connectivité ou d’assistance à la conduite (comme la détection de changement de voie, d’angles morts, etc.). On ne propose ici que ce qu’on retrouvait dans les véhicules bien équipés il y a sept ou huit ans (exception faite de la caméra de recul). Pouvant dans certains cas accueillir sept occupants (avec l’option d’une seconde banquette), le 4Runner est toutefois mieux adapté pour quatre ou cinq personnes. L’espace est généreux, la position de conduite est fort intéressante et l’ergonomie générale, comme dans la plupart des produits de la marque, a été finement étudiée.

Technique (65 %)

Une des plus grandes qualités du 4Runner demeure sa robustesse et sa durabilité. Voilà d’ailleurs ce qui explique son excellente valeur de revente. Or, sur le plan technique, ce véhicule est dépassé. Non seulement sa conception date d’une autre époque, mais sa motorisation aussi. À preuve, on nous sert toujours une vieille boîte automatique à cinq rapports, que l’on jumelle au V6 de quatre litres jadis utilisé dans les FJ Cruiser et Tacoma. Pourquoi ne pas remplacer cette motorisation par celle du nouveau Tacoma? Cela permettrait d’obtenir d’une part de meilleures performances, et d’autre part un rendement énergétique plus raisonnable. Le 4Runner conserve aussi le traditionnel levier d’engagement du système à quatre roues motrices, lequel est bien sûr doté d’une gamme basse (4Low). Et à cela s’ajoutent sur certaines versions le verrouillage du différentiel, le différentiel à désaccouplement automatique et le régulateur de marche lente.

Au volant (50 %)

Il n’est pas très confortable ni bien insonorisé et il demeure extrêmement sensible aux vents latéraux. D’ailleurs, le 4Runner est tellement peu aérodynamique que sa consommation de carburant sur autoroute est pratiquement aussi élevée qu’en milieu urbain. La précision de sa direction n’a d’égale que sa tenue de route, ce qui vous force à calmer vos ardeurs. En fait, voyez-le comme un Jeep Wrangler un peu plus pratique et confortable, avec tous les inconvénients que ce type de conception implique.

Conclusion (80 %)

À 50 000 $ pièce, Toyota vendait l’an passé presque autant de 4Runner que de Yaris. À quoi attribuerait-on ce succès? Sans doute au prix de l’essence qui demeure bas, mais aussi au fait que ce marché est aujourd’hui pratiquement exclusif à Toyota. Il n’y a en fait que Jeep qui y soit toujours présent, avec le Wrangler et le Grand Cherokee. Or, pour de la qualité, de la durabilité et des coûts d’entretien minimes, le 4Runner est tout simplement imbattable. En fait, il n’y a que le budget d’assurance (et peut-être celui de l’essence) qui vous décevra.

Forces

• Plaisir de conduire
• Performances générales
• Qualité de construction
• Excellente valeur de revente

Faiblesses

• Comportement routier d’une autre époque
• Consommation élevée, même sur route
• Équipement conservateur