Toyota CHR 2018

Toyota C-HR

Changement de cap

Benoit Charette

Le C-HR a vu le jour dans la division Scion et le prototype a été présenté au Salon de l’auto de Los Angeles en 2015, suivi du modèle de production quelques mois plus tard. Mais voilà, entre-temps, la division Scion a disparu et Toyota a repris le modèle à son compte. Ce changement de compagnie a retardé quelque peu l’arrivée de ce modèle qui était attendu. Il faut dire que depuis deux ans, l’offre s’est multipliée dans ce segment, qui est parmi les plus populaires du marché. Portrait du premier VUS urbain de Toyota.

Tour du propriétaire 80 %

On voit au premier coup d’œil que ce produit était destiné à la famille Scion. Le style décalé tout en angles prononcés et une palette de couleurs qui sort clairement des sentiers battus démontrent que l’on visait la génération Y, qui a toujours été la cible chez Scion. Le CH-R a le mérite de mépriser les conventions dans ce segment peuplé de modèles plus frileux dans leurs approches comme le HR-V chez Honda ou le Trax chez Chevrolet. Nous pourrions aussi mentionner le Qashqai de Nissan ou un Subaru Crosstrek. Les gens de Toyota nous ont présenté le modèle sous le thème « diamant actif » pour décrire les lignes robustes du petit VUS. Les responsables du design ont mis l’accent sur le jeu de formes auquel s’adonnent la carrosserie et ses volumineux évasements d’aile rappelant le profil d’un diamant. Le museau est angulaire et ses lignes lui donnent un aspect plus large que ses dimensions réelles. À l’arrière, le hayon est orné d’un becquet et coiffé d’un aileron fonctionnel, deux caractéristiques qui rehaussent l’allure sportive.

Vie à bord 75 %

Typique des modèles Scion, l’extérieur plus spectaculaire fait place à un intérieur plus sobre. Ne cherchez pas les multiples versions, le CH-R arrive en version unique assez bien équipé. Fidèle à la philosophie « modèle unique » de Scion, Toyota n’a pas eu le temps de revoir et de redéfinir une segmentation propre aux produits Toyota. Cela dit, l’intérieur est une étude de contrastes et reprend, de l’aveu même de Toyota, le concept du diamant avec des textures et des garnitures semblant taillées dans cette pierre précieuse, depuis les commandes du système de contrôle automatique de la température à deux zones jusqu’aux garnitures des haut-parleurs, en passant par les poignées de portière et même la doublure de pavillon surmontant les sièges avant. La qualité des matériaux est bonne et cette touche d’avant-garde est inhabituelle chez un constructeur qui nous a habitués au plus grand conservatisme. À regarder le format de l’extérieur, on devine que l’espace arrière ne sera pas très généreux. Toyota annonce de la place pour cinq, mais oubliez ça, quatre personnes et pas de trop longues jambes svp. Une fois installé, vous constaterez de plus que les banquettes sont raides et manquent sérieusement de moelleux. À l’image du CX-3 de Mazda, le C-HR n’est pas un modèle familial. La Corolla iM s’acquittera mieux de cette tâche. Il faut souligner un non-sens dans un véhicule que Toyota destine à un jeune public : l’absence de l’Apple CarPlay et de l’Android Auto. Les jeunes vivent et respirent par leurs téléphones intelligents, ils l’auront bientôt sous forme de puce au cerveau. Il est inconcevable que ces deux systèmes ne soient pas offerts, même en option, dans le C-HR.

Technique 80 %

La puissance provient d’un moteur quatre cylindres de deux litres de 144 chevaux avec 139 livres-pieds de couple. Des chiffres tout à fait adéquats pour ce segment de marché. Ce moteur est pour le moment unique à ce modèle en Amérique du Nord et intègre des technologies récentes comme le système Valvematic, qui assure le calage variable constant des soupapes pour favoriser la performance et l’économie de carburant. La transmission retenue est une CVT nouvelle génération équipée, en première mondiale, d’une pompe à huile coaxiale à deux orifices pour moduler la pression d’huile en fonction des conditions de conduite. Cette CVT intègre un mode Sport proprement inutile. Pour laisser de côté l’aspect désagréable d’une montée en régime disgracieuse du moteur, Toyota propose un mode de changement de vitesses séquentiel Shiftmatic simulant sept rapports qui améliore l’expérience de conduite. Cette configuration moteur/transmission permet au C-HR d’afficher une cote de consommation de carburant ville/route/combinée de seulement 8,7 / 7,5 / 8,2 L/100 km. Tout cela est très bien, mais il y a un bémol, et assez sérieux. Vous ne trouverez pas de transmission intégrale, même en option, avec le C-HR. Conçu à l’origine comme un modèle Scion pour le sud et l’ouest des États-Unis, il a oublié de se préparer pour le froid Québec. Seules les roues motrices avant sont possibles. Ce manque est un sérieux handicap dans ce segment et coûtera des ventes à Toyota.

Au volant 80 %

En dépit de l’absence de quatre roues motrices, le C-HR est amusant à conduire. Construit sur une nouvelle plate-forme rigide avec un centre de gravité abaissé, il devient en réalité une voiture qui a l’air d’un petit utilitaire. Les configurations des suspensions (McPherson à l’avant et double bras triangulaire à l’arrière) sont les mêmes que dans les berlines. Le C-HR est donc nerveux et précis sur la route. Son petit format lui permet de se faufiler partout en ville. La boîte CVT avec les simulateurs de changement de rapports se fait rapidement oublier et forme un bel esprit de corps avec le moteur, qui demeure lui aussi silencieux en fonctionnement normal. Pour ceux qui désirent une tenue de route un peu plus sérieuse, vous pouvez choisir en option des roues de 18 pouces seules ou avec le groupe Premium, qui comprend aussi le système Smart Key avec démarrage à bouton poussoir, des rétroviseurs repliables à commande assistée avec lampes projetant le logo C-HR sur le sol, le moniteur d’angles morts et le système d’alerte de circulation transversale arrière.

Conclusion 80 %

Même si Toyota cible une jeune génération branchée comme clientèle, elle n’y arrivera pas. La jeune génération ne s’intéresse plus à l’automobile et ne possède pas les 25 000 $ et plus nécessaires à l’achat de ce véhicule. Honda visait le même groupe cible avec l’Element pour se rendre compte des années plus tard que les retraités qui prenaient la route de la Floride l’hiver traînaient un Honda Element derrière leur VR. C’est vrai que ce n’est pas la meilleure formule de séduire des retraités qui passent l’hiver en Floride. C’est sans doute pourquoi c’est plus à la mode d’attirer les jeunes hipsters. Trêve d’anecdote, le C-HR, malgré l’absence de transmission intégrale, demeure intéressant. La ligne unique constitue à elle seule un argument de vente important. Il faut s’attendre à une excellente fiabilité et à une valeur de revente au-dessus de la moyenne comme la majorité des produits Toyota. Toutefois, pour connaître un réel succès, Toyota devra trouver une façon d’offrir quatre roues motrices, sans quoi les ventes n’atteindront pas leur plein potentiel.

Forces

Conduite amusante

Style unique

Bonne finition

Faiblesses

Uniquement disponible en 2 roues motrices

Pas d’Apple CarPlay ou d’Android Auto

Galerie

1. Sa silhouette se démarque sur le marché des multisegments compacts, sa partie supérieure rappelant les lignes sportives d’un coupé. C’est pour cette raison que la poignée de porte à l’arrière est fuyante pour donner l’illusion d’un 2-portes.
2. Parmi les caractéristiques de sécurité de série que vous trouvez dans le C-HR, il y a la caméra de recul, située dans le coin gauche du rétroviseur intérieur.
3. Le motif en diamant distinctif de l’extérieur se poursuit à l’intérieur avec des textures et des garnitures rappelant cette pierre précieuse, depuis les commandes du système de contrôle automatique de la température à deux zones jusqu’aux garnitures des haut-parleurs, en passant par les poignées de portière et même la doublure de pavillon surmontant les sièges avant.
4. Le C-HR est livré avec un système audio à écran de sept pouces, la connectivité Bluetooth^MD pour appareils électroniques portatifs, la reconnaissance vocale, la base de données musicale Gracenote et les commandes audio au volant.
5. Malgré sa taille assez modeste, vous avez droit à un plafond relativement haut et à un bon dégagement pour les jambes à l’arrière. Deux adultes peuvent y prendre place avec un bon confort.

Historique

Il en aura fallu du temps au géant Toyota pour donner une identité définitive à son C-HR. D’abord présenté sous la marque Toyota à sa première sortie publique au Salon de Paris en 2014, ce dernier a ensuite arboré le logo de Scion lors de sa première nord-américaine au Salon de l’auto de Los Angeles l’année suivante. Entre-temps, Toyota a mis fin à la division Scion. La maison mère a décidé de conserver le modèle destiné à la division Scion en lui remettant un logo Toyota pour finalement le commercialiser sous la marque Toyota à compter de 2017.