Toyota Mirai 2018

L’Annuel de l’automobile 2018

Évolution

Toyota

Mirai

En attendant les stations de recharge

Par Michel Crépault

Pendant que plusieurs voitures électriques font les manchettes, une poignée de voitures à hydrogène clignent des phares en clamant « Hé! Ne nous oubliez pas! ». Et pourtant, si, on les oublie (pour le moment) et pour une raison très simple : impossible de les recharger aisément! Il existe ici et là au Québec des stations de ravitaillement mais uniquement à des fins commerciales ou expérimentales. Pour le grand public, niet! Tant que cette situation ne changera pas, Toyota ne proposera pas de Mirai chez nous en vente libre. Mais lorsqu’elle m’a invité à en essayer une, je n’ai quand même pas refusé. J’ai juste promis de ne pas mettre le réservoir à sec pour éviter du trouble à bien des gens, moi le premier.

Tour du propriétaire / 80 %

Elle mesure 4,9 mètres, soit la longueur d’une honnête berline intermédiaire sur le point de virer pleine longueur. Et elle a une allure juste un peu bizarre. De un, ça tombe bien quand on veut passer un message futuriste. De deux, c’est aussi ce qui arrive quand la coque enrobe une mécanique pas comme les autres. À l’avant, par exemple, les trappes d’aération ne sont pas gigantesques parce que leur dessinateur est obsédé par son problème de sudation sous les aisselles. Elles le sont pour mieux rafraîchir la pile à combustible logée sous les sièges avant. Sous le capot, une « unité de gestion de l’énergie ». Et la section arrière n’a d’autres choix que d’être volumineuse, car elle abrite les batteries nickel-hydrure métallique et deux réservoirs d’hydrogène, un petit (derrière la batterie) et un gros (sous la banquette arrière). Pneus de 17 pouces et pas de roue de secours, plutôt une trousse de réparation.

Vie à bord / 83 %

Un tableau de bord joliment moderne, torsadé aux extrémités et orné au centre d’un pavé tactile, pas aussi imposant que celui d’une Tesla S mais assez pour suggérer le futur. Des infos lumineuses défilent sous le pare-brise et les autres décorent le gros écran. Le reste de l’habitacle est propret et sans surprises. La Mirai n’accueille que quatre personnes à cause du tunnel au plancher, mais les deux occupants de la banquette profitent alors d’un solide accoudoir incorporant le réglage du chauffe-fessier. Le dégagement est généreux. Le coffre à bagages jouit d’une vaste échancrure et d’une bonne hauteur, mais sa profondeur est handicapée par les réservoirs d’hydrogène, qui clouent aussi les dossiers.

Technique / 90 %

Pour son électricité, la Mirai a besoin d’oxygène et d’hydrogène. Le premier élément est extrait de l’air capté par les énormes grilles de la calandre et acheminé jusqu’aux piles à combustible, là où le rejoint l’hydrogène des réservoirs. Le mariage oxygène/hydrogène déclenche une réaction chimique qui produit le jus dont a besoin le moteur électrique de 151 chevaux pour mouvoir les roues avant de l’auto, laquelle ne rejette ensuite que de la vapeur d’eau par son tuyau d’échappement. Bien sûr, quand on freine, on récupère de l’énergie. Mais les spécifications vraiment intéressantes, les voici : Autonomie : environ 500 kilomètres. Temps de recharge : trois à cinq minutes. Et Toyota affirme que la Mirai a été testée jusqu’à -30 degrés Celsius.

Au volant / 80 %

Comme une Leaf ou une Bolt, la Mirai se signale d’abord par son silence au démarrage mais une paix ensuite dérangée par de légers bruits incongrus (sifflements, vrombissements, gargouillis) qu’on n’entend pas à bord d’un véhicule électrique. Toyota dit qu’elle a calibré sa suspension de manière à offrir une expérience de conduite « éco-amusante ». Dans les faits, c’est mou et doux. Remarquez, ça se marie bien à la conduite zen qu’induit la Mirai. On avance, quelque peu ballotté, emmitouflé dans son cocon et on se dit que tout va bien ainsi. Si jamais il faut rompre le charme en accélérant en trombe, le 0-100 km/h en quelque 10 secondes nous rappelle de bien juger nos dépassements avant de foncer.

Conclusion / 83 %

Il ne peut pas vraiment y avoir de conclusion quand il n’y a que l’ébauche d’une introduction… En Californie, d’abord 72 puis 1034 early adopters ont respectivement choisi la Mirai en 2015 et 2016, et ça continue, en échange de 57 500 $ US à l’achat (plus trois ans de carburant gratuit, moins une subvention de 12 500 $ US). Toyota offre également l’auto en location 36 mois pour 349 $ US par mois (dépôt de 2499 $ US et hydrogène gratis aussi). Ces pionniers osent parce qu’ils peuvent s’approvisionner à quelques stations de recharge. C’est sûr que des Québécois les imiteront le jour où l’infrastructure jaillira de terre. Et ce jour-là, peut-être que la Mirai sera aussi volante…

Forces

L’un des avenirs de l’automobile

Roulement zen

Autonomie et recharge rassurantes

Faiblesses

Infrastructure nulle au Québec

Design extérieur couci-couça

Technologie encore intrusive dans la cabine