Toyota Yaris 2016

L’Annuel de l’automobile 2016

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Berline à la rescousse!

Par Michel Crépault

En 2014, la Yaris à hayon a terminé au quatrième rang des automobiles sous-compactes les plus vendues au Québec, derrière la Nissan Versa (3^e), la Kia Rio (2^e) et la Hyundai Accent (1^re), un classement qui a respecté en tous points celui de 2013. L’arrivée en renfort d’une berline changera-t-elle la donne?

Tour du propriétaire

Toujours l’an dernier, la Yaris bicorps a goûté à une cure de rajeunissement, gracieuseté de la division française de Toyota, l’auto étant assemblée à Onnaing, dans la région Nord-Pas-de-Calais. Ce ne fut pas suffisant pour déranger les meneurs de la catégorie, mais au moins, on a pu dire bye-bye au « beigisme »! La Yaris a maintenant une gueule bien à elle, même si sa calandre béante suscite des sentiments mitigés. Les dimensions n’ont pratiquement pas changé et on en reste à trois versions : CE à 3 portes et le duo LE/SE à 5 portes. Le modèle « haut de gamme » se paye même des roues de 16 pouces, un aileron arrière, des feux de jour DEL et les phares antibrouillard.

Cela dit, après une absence de trois ans en sol canadien, voilà-t-y pas qu’une berline rejoint la hatchback! Toyota s’empressera de vous dire que la bicorps et la berline ne partagent aucune pièce; par contre, il faut savoir que cette nouvelle Yaris est aussi une nouvelle Mazda2 de quatrième génération, celle dont on a retardé l’entrée au Canada (on comprend maintenant mieux pourquoi). L’échangisme est pratique courante dans l’industrie. Souvenez-vous que l’ancienne Mazda2 partageait son châssis avec la Ford Fiesta, du temps que les deux constructeurs étaient copain-copain. Pour corser le portrait, sachez aussi que cette Yaris/2 est vendue aux États-Unis sous le patronyme Scion iA. Peu importe son nom, les trois variantes sont construites à l’usine mexicaine de Salamanca développée en partenariat par Mazda et Toyota.

Sur la berline, le logo n’empiète pas sur la calandre comme sur la hatchback et la grille adopte les lignes acérées du masque de Darth Vader tandis que celles du bicorps tiennent davantage du brochet triste. Il y aura deux versions, en vente au mois d’octobre 2015, avec des roues de 16 pouces en acier ou en alliage.

Vie à bord

Toyota refuse d’embarquer la Yaris dans une guerre de prix avec la concurrence. Il n’y a donc pas de version « el chepo ». Toutes les Yaris proposent de série l’écran tactile de 6,1 pouces, le groupe électrique ainsi que la connectivité Bluetooth. Optez pour une 5-portes LE, et Toyota ajoute le régulateur de vitesse, l’entrée mains libres et l’air climatisé. La SE renchérit avec des sièges, hum, sport et un ensemble volant/pommeau gainé de cuir. Depuis la remise en forme de 2014, la qualité des matériaux de la cabine a fait un bond de géant.

C’est encore plus évident dans la berline, dont l’intérieur a pris un virage pour le mieux, un gros mieux. Les garnitures sont plus tendres ou alors plus chromées, et on remarque même des surpiqûres qui font oublier l’habitacle bon marché de la précédente mouture. Le volant comporte lui aussi des commandes pour l’audio, le Bluetooth et le régulateur de vitesse de série.

Ce tissu noir et rouge me dit quelque chose. Où l’ai-je vu? Mais bien sûr, chez Mazda… En fait, tout l’intérieur de la berline rappelle Mazda, incluant l’espèce d’iPad planté au sommet du tableau de bord et sa série d’icônes qui défilent sur l’écran de 7 pouces (disponible aussi en option dans la hatchback) en utilisant la molette de type HMI couchée sur la console centrale.

Pareillement, bien que les rétroviseurs extérieurs chauffants et le système d’accueil sans clé fassent partie de l’équipement de série de la berline, la version plus huppée de la berline Yaris offrira un système de son à six haut-parleurs (au lieu de quatre), des sièges avant chauffants et une caméra de recul.

La Yaris à hayon n’est pas la plus spacieuse de son segment, mais deux adultes et deux enfants y sont confortables. Sangler des bébés dans leur petit trône se fait sans acrobaties. Par contre, la petite famille devra trier minutieusement ses bagages, car une poussette ou deux, et voilà le petit coffre (286 L) qui déborde, à moins d’abaisser les dossiers. La capacité de la berline est meilleure à 382 litres (388 pour l’Accent) et profite aussi de dossiers 60/40.

La visibilité latérale est excellente. Les choses se gâtent un peu vers l’arrière de la hatchback à cause du dessin du coffre. La position de conduite bénéficierait grandement d’un volant réglable en profondeur, une lacune que corrige la berline avec son gouvernail à la fois inclinable et télescopique.

Technique

La refonte de la Yaris à hayon l’an dernier était surtout un rafraîchissement, de sorte que la quincaillerie n’impressionnait guère : 4-cylindres 1,5 litre de 106 chevaux jumelé à une boîte manuelle à 5 rapports ou automatique à 4. Avouez que ça sonne un brin archaïque. La berline reprend la même cylindrée, la même puissance, mais ajoute l’injection directe, le démarrage à bouton-poussoir et, surtout, modernise la transmission en lui conférant 6 rapports, qu’on choisisse la manuelle ou l’automatique (avec mode Sport en prime). Toyota aurait pu qualifier ce groupe motopropulseur de SkyActiv, mais elle s’est gardé une petite gêne…

Chose certaine, si cette mécanique ne gagnera pas un prix pour ses accélérations ni pour son économie de carburant – qui est bonne sans être fantastique –, on sait au moins qu’elle sera aussi fiable que Carey Price devant ses filets.  

Au volant

À défaut d’être un bolide endiablé, la Yaris à hayon se veut agile et maniable. La sensibilité de la direction assistée électriquement a gagné en précision, tandis que le rayon de braquage est rapide. Enfin, la suspension a bien été calibrée; même dans les virages à « grande vitesse », vous ne craindrez pas de renverser, ce qui est déjà un plus…

En ville, la boîte manuelle permet d’extirper un maximum de jus mais à condition de révolutionner haut. Suivre le trafic sur l’autoroute n’est pas un problème, mais mieux vaut tout prévoir avant de risquer un dépassement. Quant à la boîte de vitesses automatique, elle est carrément ancestrale, tout comme ses performances. Elle est aussi bruyante, bien que les décibels embêtants aient nettement diminué dans l’habitacle depuis que Toyota l’insonorise mieux.

En me refilant la clef de la berline Yaris 2016, mon guide chez Toyota m’a assuré joyeusement qu’il y avait bel et bien un logo Toyota gravé dessus et non pas celui de Mazda… Il avait bien vu que je n’arrêtais pas de noter les similarités entre les deux constructeurs et leur interprétation respective de la sous-compacte moderne.

Après quelques kilomètres relativement primesautiers dans un quartier verdoyant de Toronto où un promeneur m’a lancé avec raison un regard mauvais, le paradoxe suivant m’a sauté aux yeux : tant que la Yaris hatchback n’aura pas droit à une véritable refonte, c’est la berline 2016 qui est, et de loin, la plus amusante des deux à conduire!

Conclusion

Malgré le statut de constructeur mondial numéro un de Toyota, la Yaris n’était déjà pas la meilleure sous-compacte sur le marché. Le bicorps n’est pas le plus spacieux ni le plus dynamique à piloter. Heureusement, la berline vient relever la barre. Reste à en connaître le prix, secret au moment de taper ces lignes. D’un autre côté, jamais ne pourra-t-on blâmer quelqu’un de s’acheter une Yaris, car elle demeure, malgré ses faiblesses, une valeur fiable. Pour plusieurs acheteurs, c’est bien assez pour signer le chèque.

Forces

Mariage Mazda/Toyota (berline)

Nouvelle silhouette plus inspirante

Intérieur moins bon marché

Comportement dynamique en ville

Faiblesses

Boîte automatique archaïque (hayon)

Pas la plus spacieuse (hayon)

Consommation perfectible

Les prix restent dignes de Toyota

Galerie

Photo 1

Qu’il s’agisse de la hatchback ou de la berline, le même 4-cylindres 1,5 litre de 106 chevaux se tient au garde-à-vous. Mais alors que la Yaris à hayon utilise de vétustes transmissions, celles du sedan sont modernes.

Photo 2

De plus en plus de constructeurs font appel à une molette pour nous inviter à contrôler les différentes fonctions du véhicule. La berline Yaris possède cette roulette, empruntée directement à Mazda.

Photo 3

Un autre accessoire carrément « mazdaïen », cet écran d’affichage qui atteint 7 pouces dans les versions les mieux équipées des deux configurations de Yaris.

Photo 4

Un agréable volant, qui se prend très bien en mains et qui s’avère aussi hyper pratique pour contrôler à distance la téléphonie Bluetooth ou activer le régulateur de vitesse standard.

Photo 5

La banquette bien sculptée comporte trois appuie-tête (mais elle s’apprécie mieux quand on se limite à deux occupants) et permet d’agrandir le coffre grâce à ses dossiers 60/40 rabattables.

Historique

La sous-compacte Yaris s’est pointée en 1999 en remplacement de la Starlet (1973) et de la Tercel (1978). Le nom Yaris dérive de Charis, une déesse de la beauté. La 1^re génération se décline en berlines et coupés (Platz/Vios dans le monde, Echo chez nous), et en hatchback (Vitz et toujours Echo au Canada en 2003). Pour la 2^e génération (2005), le nom Echo cède sa place à Yaris. En 2009, une Yaris 5 portes rejoint nos 3-portes et berlines. La 3^e génération du bicorps sort en 2010 (rafraîchi l’an dernier) et nous provient désormais de France. En 2015, une nouvelle berline Yaris/Mazda2/Scion iA se pointe. Une Yaris Cabrio a été présentée à Genève en 2000, mais n’a pas abouti. Par contre, la Yaris HSD (Genève 2011) à motorisation hybride (Prius C) a été commercialisée en Europe.

Photo 1 : Toyota Tercel, 1978

Photo 2 : Toyota Starlet, 1979

Photo 3 : Toyota Echo, 1999

Photo 4 : Toyota Yaris Cabrio Concept, 2000

Photo 5 : Toyota Yaris, 2010

Photo 6 : Toyota Yaris, 2016

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