Toyota Yaris berline 2018

Essai routier – Toyota Yaris berline –

Toyota Yaris berline 2018

Par Antoine Joubert

Celle qu’on ne veut pas vendre…

Il fut une époque où Toyota faisait des affaires d’or avec ses berlines sous-compactes. Vous vous rappelez bien sûr le succès de l’Echo, même celui de la Tercel. Or, la Yaris a elle aussi connu ses heures de gloire. À preuve, on en écoulait au pays un peu plus de 40 000 il y a tout juste dix ans, alors que les ventes dépassaient à peine les 7000 unités l’an dernier. Et, de ce nombre, quelques centaines de berlines, poussées dans la gorge des quelques clients croyant innocemment avoir fait l’achat d’une authentique Toyota…

Tour du propriétaire (65 %)

Pour les rares qui n’ont pas encore décelé le stratagème, il faut d’abord mentionner que la Yaris berline diffère complètement du modèle à hayon. Il s’agit en fait d’une berline Mazda2 (non vendue chez nous) légèrement modifiée sur le plan esthétique et arborant un logo Toyota. D’ailleurs, si vous faites abstraction du laid museau de la voiture, la plupart des lignes de cette berline rappellent la Mazda3. Une réussite esthétique? Pas vraiment. Mais il existe des berlines sous-compactes nettement plus disgracieuses, comme la Ford Fiesta…

Vie à bord (75 %)

Dans la plus pure tradition Mazda, cette voiture propose un poste de conduite qui rappelle celui des autres membres de la famille d’origine de cette Yaris. L’instrumentation, les commandes, l’écran central, tout est identique à ce que l’on retrouve dans une Mazda, exception faite du logo sur le volant. À croire que Toyota a jeté l’éponge sur l’idée de procéder à un quelconque exercice de camouflage. Conséquemment, on hérite ici d’une présentation dynamique et d’un siège confortable, mais aussi d’un espace restreint par rapport à d’autres sous-compactes du marché. L’équipement est quant à lui inégal, puisqu’on propose de série l’accès et le démarrage sans clé, de même que le régulateur de vitesse. Or, il faut passer au modèle « groupe amélioré » pour bénéficier de commodités telles que la caméra de recul, les sièges chauffants, l’écran multimédia de sept pouces et les roues d’alliage. Parmi les absents, notez l’accoudoir central et le volant télescopique.

Technique (80 %)

Sur papier, les données techniques du moteur des deux familles de Yaris sont semblables. Même cylindrée, même puissance, même couple. Toutefois, la berline profite de boîtes plus modernes (et agréables!) ainsi que d’une mécanique dont le taux de compression est nettement plus élevé (12:1). Il en résulte un rendement franchement plus intéressant pour une consommation réelle inférieure d’au moins 15 % par rapport au modèle à hayon. À noter que la berline équipée du « groupe amélioré » n’est offerte qu’avec l’automatique.

Au volant (75 %)

Bien honnêtement, la puissance de cette mécanique est à la hauteur. Le 0-100 km/h se boucle en 10,9 secondes (temps réalisé à l’émission RPM), et le couple, aussi faible soit-il, est toujours livré de belle façon. Le comportement général est d’ailleurs lui aussi intéressant, puisque cette voiture affiche une vivacité insoupçonnée. La direction est précise et communicative, le châssis est solide et la stabilité sur route est étonnante. On peut même lui attribuer une bonne note au chapitre de l’insonorisation qui, sans être extraordinaire, est de loin supérieure à celle de la Yaris Hatchback. Malheureusement, le bilan s’alourdit avec un freinage inadéquat, causé par des composantes minimalistes, mais aussi par un système antiblocage complètement inefficace. Il en résulte des distances d’arrêt interminables enregistrées à 42,7 mètres. Une autre preuve qu’il s’agit bel et bien d’une Mazda, amusante et dynamique, mais problématique sur le plan des freins.

Conclusion (70 %)

Malgré quelques petits défauts, la Yaris berline est un produit tout ce qu’il y a d’honnête. Or, deux obstacles majeurs bloquent son succès. D’abord, son prix, trop élevé par rapport à la compétition, puis, conséquemment, l’instinct du vendeur à pousser l’acheteur de cette voiture vers une Corolla souvent moins chère mensuellement. Pour vous donner une idée de grandeur, la Yaris berline se loue sur 48 mois pour environ 260 $ à 300 $ par mois (taxes incluses), un prix directement comparable à celui d’une Corolla CE ou LE. Je n’étais donc pas étonné cet été d’entendre de la bouche d’un des stratèges de la marque que la Yaris berline était pour Toyota un mal nécessaire dont ils aimeraient bien se défaire. Voilà qui en dit long sur l’avenir du modèle…

Forces

• Très faible consommation de carburant
• Comportement routier intéressant
• Habitacle accueillant

Faiblesses

• Système de freins à revoir
• Prix trop élevé
• Une Corolla comme ennemie…