Volkswagen Jetta 2011

Volkswagen Jetta

Stratégie populiste

Volkswagen vend beaucoup de berlines Jetta dans le monde mais nulle part ailleurs autant qu’aux États-Unis (110 000 exemplaires annuellement). Comme VW entend hausser là-bas ses ventes totales à 800 000 d’ici 2018 et, en passant, devenir le constructeur numéro un mondial (n’oubliez pas que le groupe contrôle également les destinées d’Audi, de Seat, de Lamborghini, de Bentley, de Porsche, de Skoda et de Bugatti), on comprend dès lors que cette nouvelle Jetta soit au cœur de ses visées expansionnistes.

Carrosserie Pour tomber davantage dans l’œil de la clientèle américaine, quoi de mieux que de lui offrir la Jetta la plus spacieuse jamais construite ? La nouveauté s’est donc allongée de 7,4 centimètres et saute sur l’occasion pour induire à sa silhouette un nouvel envol inspiré en partie du prototype NCC (New Coupe Concept). Vous y verriez aussi une influence Audi que je ne vous contesterais pas deux secondes. Les surfaces sont davantage ciselées, plus musclées, particulièrement aux ailes qui semblent servir de garde du corps aux roues de 16 ou de 17 pouces. La calandre signale la nouvelle génération. Les phares et les antibrouillards donnent dans le sportif. Les rétroviseurs fuselés, avec rappel de clignotant intégré, contribuent au coefficient de traînée de 0,30. Les feux arrière, délaissant le design circulaire, empiètent sur le coffre à bagages. Le chef du design de VW, Walter de Silva, a coupé tout lien de surface avec la Golf et, même, en dessous, puisque la Jetta dispose désormais de sa propre plateforme (technologiquement, par contre, le coffre à outils reste communautaire). Et pour ceux qui se poseraient la question : pas de familiale à l’horizon, du moins sans télescope Hubble.

Habitacle Fabriquée au Mexique, la Jetta bénéficiera d’un marketing distinct au pays de l’oncle Sam (livrées S, SE, SEL, TDI et GLI là-bas). Le Canada, lui, se met au diapason international avec les versions Trendline, Sportline, Comfortline et Highline. Mais la grosse nouvelle revient au prix de départ fixé à 15 875 $. Cela signifie que la Jetta enlève à la Golf le titre de modèle VW le moins cher au pays. Le tableau de bord est minimaliste et d’utilisation intuitive, plongé dans un décor épuré. Les plastiques sont durs, mais les formes sont harmonieuses. Autour de l’écran tactile multifonction de 5 pouces du modèle haut de gamme gravitent des cadrans cerclés de chrome qui rappellent la Passat CC. Comme les Allemands savent à quel point les Américains chérissent leur porte-gobelet, le levier de frein à main a été déplacé pour agrandir les réceptacles à Coke format maxi… La longueur accrue de la Jetta s’est traduite par un gain pour les occupants des trois places arrière, dont les jambes bénéficient tout à coup de 6,7 centimètres supplémentaires (8 centimètres de mieux que la Honda Civic). Malgré la ligne de toit plus fuyante, l’espace pour la tête n’a pas été affecté et demeure excellent. Le coffre, déjà bien servi par ses incroyables 440 litres, peut prendre de l’expansion grâce aux dossiers asymétriques (60/40) rabattables (les leviers sont dans le coffre) et d’une trappe à skis offerte en option. Alléluia ! J’ai fini par trouver le câble USB caché dans un recoin de la boîte à gants.

Mécanique La gamme de moteur s’étendra sur la planète de 105 à 200 chevaux, mais, à l’instar des Américains, nous aurons droit à trois moteurs à essence et un diesel : l’increvable 4-cylindres de 2 litres de 115 chevaux, le 5-cylindres de 2,5 litres de 170 chevaux et le 2-litres TDI de 140 chevaux. Le 4-cylindres de 2 litre TSI suralimenté se retrouvera sous le capot du modèle GLI quand il débarquera au Québec au printemps 2011. Une boîte de vitesses manuelle à 5 ou à 6 rapports (TDI et future TSI) et une automatique Tiptronic à 6 rapports livrable sur toute la gamme (les TDI et TSI pourront être dotées de la version DSG à 6 rapports à passage direct et à double embrayage, pour le moment une exclusivité nord-américaine à la Jetta 2011). Le contrôle de la stabilité électronique est désormais de série non seulement dans toutes les Jetta mais dans tous les produits VW. L’utilisation d’une poutre de torsion à l’arrière a permis de rogner quelque 10 kilos au poids de l’auto ; la GLI, elle, aura recours à des multibras, et son châssis sport aura été abaissé d’un poil de souris (15 millimètres).

Comportement Tout d’abord, maintenant que nous avons fait connaissance avec les livrées et les moteurs, examinons les conjugaisons possibles. Avec le 2-litres de base, on peut passer de la version Trendline, la moins chère (sans air climatisé et nantie de tambours à l’arrière, ce qui est aussi le cas des Civic, Corolla et 3 de base – pardon, cette dernière possède des disques), à la Trendline + (vous l’aurez deviné, avec AC, moyennant 1 400 $ d’extra) et à la Comfortline (19 075 $), qui ajoute un tas de bébelles allant des roues en alliage au régulateur de vitesse en passant par l’accoudoir central. Cette même version sert de tremplin à la Jetta 2,5L chaussée de roues de 16 pouces et soudainement plus chromée, qu’on peut aussi préférer en habit Sportline (23 300 $), lequel multiplie les clins d’œil sportifs (sièges, suspension, disques à l’arrière, soutien lombaire, antibrouillards, cuir sur le volant, le pommeau et le frein à main), ou Highline (23 980 $), comportant notamment du similicuir, un ordi de bord, des interfaces media, la connectivité Bluetooth, un toit ouvrant et un démarrage par bouton-poussoir. Vous me suivez toujours ? Enfin, la Jetta diesel accepte les livrées Comfortline (23 875 $) et Highline (26 655 $). Je rappelle que la GLI se pointera en mars prochain, et on verra alors ce qu’elle aura dans le ventre. Mais, à mon avis, ce ne sera pas une GTI. D’ailleurs, toute la nouvelle famille Jetta défend une conduite coulée et sans mauvaise surprise. La direction Volkswagen comporte cette signature bien particulière, comme si un élastique voulait toujours ramener le volant au centre. Or, l’assistance hydraulique a été calibrée de manière à garantir une plus grande aisance à basse vitesse. Non pas un caprice des ingénieurs mais bel et bien une demande des consommateurs sondés. Une direction électromécanique est cependant livrable sur toute la gamme, y compris la future GLI.

La consommation est à son zénith avec le 2-litres Clean Diesel turbo, notamment depuis l’arrivée de l’injection directe à rampe commune : 4,6 litres aux 100 kilomètres sur la route et 6,7 litres aux 100 kilomètres en ville, des résultats que n’affecte pas le choix de la boîte de vitesses. Et un 0 à 100 km/h inférieur à 9 secondes. Mais la vraie statistique qui compte : avec un seul réservoir plein, la TDI peut parcourir 1 190 kilomètres ! Qu’ils sont loin les diesels balourds, bruyants et nauséabonds !

Conclusion Alors, branle-bas de combat chez VW : plus jolie, plus spacieuse, un équipement mieux ventilé dans les diverses versions et, surtout, un prix plancher qui bat toute la concurrence, sauf la Toyota Corolla à moteur de 1,8 litre. On parle aussi de la seule berline compacte sur le marché à offrir la technologie diesel. Les arguments sont de taille, comme les ambitions de VW. Bref, difficile désormais d’ignorer la Jetta 2011.

Forces

Nouvelle fourchette de prix alléchante

Habitacle et coffre à bagages très spacieux

Livrées habilement habillées selon votre budget

Version TDI compacte

Faiblesses

2-litres de 115 chevaux a 100 ans !

Plastiques austères

Banquette ferme

L’auto s’américanise…