Volkswagen Passat 2022

Annuel de l’Automobile 2022

Volkswagen Passat

Mourir dans l’indifférence

Éric LeFrançois

Depuis son « américanisation » en 2011, la Volkswagen Passat n’a jamais fait sensation. Gentiment banale et moyenne dans tous les rayons, elle n’a à vrai dire pas grand-chose de palpitant à offrir. Ses funérailles seront célébrées cette année. Dans l’intimité bien sûr.

Face à une concurrence qui cherche à paraître plus m’as-tu-vu, la Passat s’en distingue par ses importantes surfaces vitrées latérales et son carénage avant bien typé, avec ce qu’il faut de chromes pour briller au soleil. On ne saurait décemment lui en faire reproche. Dans cette catégorie, l’audace conceptuelle ne paie pas. 

Des ornements de chrome fleurissent de toutes parts, surtout sur les déclinaisons les plus coûteuses. Des trois versions offertes, le meilleur choix apparaît la Highline. Celle-ci possède les dispositifs de sécurité essentiels, dont les capteurs d’angles morts, et donne accès à certaines options (le toit ouvrant, par exemple). Elle comporte en outre certains éléments comme deux prises USB plutôt qu’une et des pochettes au dos des sièges avant qui rendent la vie à bord plus agréable. La version Comfortline se fait trop chiche avec sa climatisation manuelle ou encore le choix limité de teintes extérieures. Quant à l’Execline, elle est trop chère, même si elle est la seule à donner accès au traitement R-Line, qui consiste crûment en de gros pneus (19 pouces) et quelques fioritures de style. 

Derrière les larges portières vous accueillent des sièges qui sembleront un peu fermes de prime abord, mais qui se révéleront agréables au fil des kilomètres. Très horizontal, pour maximaliser l’impression d’espace, le tableau de bord, d’une facture très classique, adopte des matériaux avantageux et une rigoureuse disposition des commandes. L’ensemble n’est pas très guilleret ni très à la mode, à en juger par la petitesse du sacro-saint écran d’infodivertissement. 

Cette simplicité ne doit cependant pas masquer l’essentiel : cette berline possède les attributs d’une véritable familiale. On trouve un dégagement impressionnant aux places arrière et un coffre dont le volume, hormis en hauteur, n’a pas à rougir de la comparaison avec des véhicules soi-disant « utilitaires ».

Une berline bien ordinaire 

L’évolution timide de la Passat nord-américaine s’explique. Celle-ci repose toujours sur l’architecture NMS, dont les débuts remontent déjà à plus de 10 ans. Elle n’a pas connu de réelle évolution depuis. Ainsi, la boîte automatique compte toujours seulement six rapports, car impossible d’en greffer une autre en raison des limitations de ladite architecture. Cette boîte a le mérite, cependant, de s’avérer fiable et parfaitement accordée au moteur 4 cylindres 2,0 litres turbo qui l’accompagne. Hélas, la Passat n’est « nicht so schnell » (pas si vite) pour autant, surtout face à des concurrentes dopées à la suralimentation par turbocompresseur. Elle n’est pas la plus frugale de sa classe non plus. En revanche, la contenance de son réservoir lui assure une grande autonomie. 

Sur la route, la Passat offre un bel équilibre en confort et tenue de route. Cette dernière, sans surprise, se veut rassurante. La direction donne un ressenti correct pour l’inscrire avec précision dans les virages. Pour leur part, les éléments suspenseurs maintiennent avec une rigidité certaine les mouvements de la caisse, sans se révéler pour autant inconfortables sur une chaussée dégradée, même lorsque la Passat chausse des pneus de 19 pouces. Un comportement sain, mais qui ne provoque aucun débordement d’enthousiasme au volant. 

Archétype de la voiture généraliste dans un univers automobile où le succès tient à la capacité de chaque modèle à faire entendre sa petite musique, la Passat semble naviguer contre les vents dominants. Peut-être est-ce ainsi qu’il convient de l’envisager? Car à travers ce positionnement très défensif, ou passif, c’est selon, Volkswagen s’adresse à une clientèle traditionnelle, voire conservatrice, qui ne s’exalte pas devant le comportement dynamique d’une Mazda6, les lignes torturées d’une Toyota Camry ou l’allure rétro d’une Dodge Charger. 

Forces

Habitacle et coffre spacieux 

Comportement routier sans histoire 

Organes mécaniques éprouvés 

Faiblesses

Présentation datée malgré la mise à jour 

Agrément de conduite faible 

Modèle en sursis