Volvo C70 2007

Volvo C70

On efface et on recommence…

Dans la foulée du coupé C70 lancé en 1998 (et piloté par Val Kilmer dans le film The Saint), une version décapotable avait suivi. Il y avait là deux belles voitures qui, selon moi, n’ont pas connu la carrière qu’elles méritaient. Volvo a introduit en mai dernier sa 2^e génération de C70. Au lieu de produire un coupé et un cabriolet, la filiale suédoise de Ford a créé « deux voitures en une », c’est-à-dire un coupé dont le toit rigide s’escamote pour permettre aux occupants de rouler à ciel ouvert.

Cette fois-ci sera-t-elle la bonne?

CARROSSERIE

Volvo a organisé un concours entre ses studios de design de Californie, Suède et Barcelone. L’atelier américain a gagné. « J’ai tout mis là-dedans », dit le designer John Kinsey, qui s’était juré de gagner après avoir perdu le précédent concours (XC90).

Les surfaces de l’auto sont nettes et incorporent les éléments-clefs d’une Volvo du 21^e siècle : épaules larges, calandre droite et capot en V. La silhouette incorpore une ligne de toit qui trace un gracieux arc jusqu’au coffre. « Je n’ai pas eu besoin de regarder les autres styles pour me sentir inspiré. On en a assez avec le style scandinave! De plus, si on ne se soucie pas des modes, on devient plus intemporel », explique John Kinsey.

La nouvelle C70 reprend grosso modo les dimensions de l’ancienne. Elle utilise la plate-forme de la S40 mais allongée et étirée de manière à héberger quatre adultes. C’est cet objectif de transporter quatre personnes dans le confort qui rend l’utilisation d’un toit rigide escamotable aussi sensationnel. D’où la complexité du mécanisme mis au point par le partenaire Pininfarina.

La décision d’empiler les trois sections du toit en épousant leur courbure a été dictée par l’obligation d’amincir le « sandwich ». Comme des croustilles Pringle dans leur cylindre. Dans le cas de la C70, les trois panneaux, après un ballet de 30 secondes très impressionnant, vont se nicher dans le coffre grâce au mouvement de bras et ressorts qui suscitent à la fois l’admiration et un peu de crainte. En effet, on ne peut s’empêcher de questionner la durabilité de ce mécanisme complexe et en apparence fragile. Bien sûr, Volvo et Pininfarina nous assurent que le toit a été testé de toutes les manières imaginables et qu’il ne nous laissera pas tomber. On l’espère.

HABITACLE

Épuré, agréable, moderne, voilà l’intérieur de la nouvelle C70. Le sens du toucher est sollicité par la sellerie des sièges, soit un cuir véritable, soit une matière synthétique appelée Flextech qui caresse la peau nue.

La chaîne audio de base est bonne mais le système DynAudio est incroyable! En cochant cette option (2 250$), on multiplie les haut-parleurs (de 8 à 12), on ajoute des caissons pour les graves et, surtout, on obtient une sono dont les 910 watts et les subtilités acoustiques s’ajustent automatiquement selon que le toit est fermé ou ouvert.

Pas moyen pour les passagers arrière de baisser eux-mêmes leurs glaces; ils devront s’en remettre à la générosité des passagers avant. Pour le reste, la banquette est plutôt tentante. Pour en augmenter le dégagement, les designers ont fortement incliné sa base, avec le résultat qu’on se retrouve enfoncé dans son siège, le nez à la hauteur de la ceinture de caisse. Claustrophobes, vous voilà prévenus.

On s’en doutait, le toit replié empiète méchamment sur le volume de rangement du coffre. On se retrouve à vrai dire avec une capacité de170 litres, soit 59 litres de moins que l’ancienne C70 et moins que dans le coffre des cabriolets rivaux. Un bouton jaune sur le rebord de la malle permet de soulever les panneaux de quelques centimètres pour améliorer l’accès à la soute. C’est mieux que rien.

MÉCANIQUE

La C70 utilise un 5 cylindres en ligne de 2,5 litres suralimenté par un turbo basse pression (la compagnie en possède un second, plus puissant, dit à haute pression). L’ensemble développe 218 CV et 236 lb-pi de couple. De base, l’engin est couplé à une boîte manuelle 6 vitesses mais un déboursé supplémentaire (1500$) vous donnera droit à une transmission Geartronic à 5 rapports avec passage séquentiel.

J’ai de loin préféré la T5 manuelle, surtout assistée de l’ensemble Sport (4 250$) qui, entre autres, raffermit la suspension et remplace les 17 pouces de série par des Pirelli P-Zéro de 18 pouces.

COMPORTEMENT

Le moteur émet un grognement peu enivrant utilisé à basse vitesse, surtout lorsqu’on le couple à l’automatique. En fait, il n’y a pas que la musique de morne puisque les performances sont à toutes fins pratiques annulées par le délai du turbo, un gros volant davantage mou que précis et un débattement des roues qui laisse croire que la direction n’est pas réellement connectée au train avant.

Vous l’aurez compris : la C70 automatique ne s’intéresse pas à l’adrénaline du pilote. Il s’agit dès lors d’une voiture du dimanche, d’un véhicule conçu pour apprécier le paysage. À bien y penser, je viens sans doute de décrire l’objectif numéro un justement visé par Volvo…

Le toit levé, les manœuvres arrière sont quand même faciles grâce à la large lunette de verre. Le coupe-vent optionnel condamne les deux places arrière aux humains mais permet de déposer et repêcher des bagages sur la banquette grâce à la moustiquaire à fermeture-éclair. Même sans cet accessoire, le test de la casquette a connu un dénouement heureux, ledit couvre-chef demeurant rivé sur mon crâne même en roulant à vive allure, la crinière (ok, inexistante…) au vent!

Côté sécurité, un coussin gonflable logé dans les longues portières est plus épais et se détendra plus lentement pour mieux protéger les occupants dans l’éventualité d’un tonneau. Et des arceaux métalliques jailliront à la place des têtières.

Malgré l’absence de pilier B, la C70 2006 se veut deux fois plus rigide que l’ancienne. Quant au pilier A, épaissi par mesure de rigidité mais également fortement incliné pour respecter la fluidité des lignes prévue par le designer Kinsey, il nuit à la conduite sportive dans les virages en se dressant dans notre champ de vision. Mais comme cette C70 n’incite pas vraiment à la vitesse, je soupçonne qu’on ne s’en plaindra pas souvent.

CONCLUSION

Plusieurs lecteurs de L’Annuel de l’automobile se sont souvent enquis d’un cabriolet capable de voyager quatre personnes avec bonheur. Volvo vient de répondre à leur souhait. En autant que ces amants de la balade relaxante sachent voyager léger…

Les 110 exemplaires alloués au millésime 2006 avaient déjà trouvé preneurs avant de débarquer au Canada. Depuis juillet, c’est le modèle 2007 qui est offert. Volvo est confiant de doubler ses ventes par rapport à l’ancienne C70. Franchement, je ne verrais pas pourquoi, à moins encore une fois d’en saboter le marketing.

Forces

Une silhouette aguichante

Un habitacle généreux pour quatre

Accessoires et options bien pensés

Faiblesses

Conduite pépère avec l’automatique

Rangement dans le coffre très limité

Le complexe toit devra faire ses preuves à long terme