honda CRV 2018

Essai routier – Honda CR-V – Antoine Joubert

1 255 mots

Honda CR-V 2018

Le meilleur?

Par Antoine Joubert

Même en fin de carrière, les ventes de la précédente génération du CR-V ne cessaient de monter. Avec près de 45 000 unités vendues l’an dernier au pays, le CR-V se positionnait d’ailleurs toujours dans le trio de tête, composé du Ford Escape et du Toyota RAV4. Inutile de vous dire que Honda n’a pas l’intention de se faire mener la vie dure par la concurrence. Et même si le Nissan Rogue le talonne de près, et que plusieurs joueurs comme l’Equinox, le Compass et le CX-5 sont renouvelés cette année, Honda compte bien continuer de gagner des parts de marché. Pour ce faire, on mise sur trois choses : la technologie, le raffinement et la sécurité.

Tour du propriétaire (75 %)

Dommage que le constructeur n’ait pas jugé pertinent de repenser plus profondément l’approche styliste du CR-V. Bien sûr, l’objectif était de ne pas déranger une clientèle déjà précieuse, mais il est clair que Honda n’attirera pas de nouveaux acheteurs par son design. Cela dit, on a tout de même réussi à donner un peu plus de caractère au véhicule, qui se décline toujours en cinq versions. Évidemment, le modèle LX affiche une allure un peu plus bon marché, et ce, même s’il a désormais droit à des roues d’alliage de 17 pouces. À l’opposé, la version Touring propose une approche plus habillée, incluant garnitures chromées, rails de toit d’aluminium, phares et feux de position à DEL, ainsi que roues de 18 pouces au design unique (et pas nécessairement très joli). Allongé de 29 millimètres mais possédant un empattement plus long de 40 millimètres, le nouveau CR-V voit conséquemment ses porte-à-faux réduits. Le coefficient aérodynamique a aussi été amélioré, notamment grâce à la présence d’une grille de calandre à volets actifs.

Vie à bord (95 %)

Si l’aspect esthétique du nouveau CR-V nous laisse sur notre appétit, il en va autrement pour l’habitacle. Ce dernier est non seulement accueillant et bien dessiné, mais chaque élément a été finement étudié afin d’assouvir les moindres désirs de la petite famille. D’abord, le poste de conduite se fait plus ergonomique que jamais, reprenant plusieurs des éléments de la récente Civic. L’instrumentation y est donc identique, tout comme le volant à trois branches. La partie centrale demeure pour sa part semblable à celle du modèle de précédente génération, mais fait toutefois appel à une nouvelle interface graphique pour l’écran central. Ce dernier intègre efficacement les innombrables commandes offertes, incluant la navigation par Garmin (Touring seulement), l’application Apple CarPlay/Android Auto, la messagerie texte et la caméra de recul. On y intègre également le système LaneWatch, qui projette l’image de l’angle mort du côté passager. Un système réellement génial, auquel la version Touring n’a ironiquement pas droit. Pourquoi en est-il ainsi? Tout simplement parce que ce modèle est pourvu d’un détecteur d’obstacles dans les angles morts que les autres versions n’ont pas.

Extrêmement confortable, l’habitacle du CR-V est sans aucun doute l’un des mieux aménagés du segment. Le conducteur profite d’ailleurs d’une excellente position de conduite et d’une ergonomie exemplaire. Les espaces de rangement à l’avant sont d’ailleurs innombrables et se démarquent par l’aménagement d’une console centrale modulable et réellement astucieuse. Derrière, la banquette accueille sans gêne trois occupants, le dégagement étant des plus généreux. On facilite également l’installation de sièges d’appoint grâce aux dossiers réglables en deux positions. Ceux-ci peuvent d’ailleurs être rabattus au moyen des commandes positionnées sur les parois intérieures du coffre, permettant ainsi d’agrandir le volume cargo à plus de 2000 litres. Parlant de coffre, sachez que le CR-V se distingue toujours par son seuil de coffre très bas ainsi qu’un hayon électrique réglable et à ouverture activée par le pied, sur la version Touring.

Technique (85 %)

L’insonorisation était sans doute l’un des plus gros irritants du CR-V de précédente génération. D’ailleurs, quelques semaines avant de prendre le volant de cette nouvelle mouture, je mettais à l’essai un modèle 2016. Croyez-moi, la distinction est flagrante. Le modèle 2016, surtout en accélération, est quasi cacophonique, alors que l’autre vous isole efficacement du monde extérieur. Autre point amélioré, la rigidité structurelle, ressentie par le châssis lui-même, conçu à un plus gros pourcentage d’acier à très haute résistance. Maintenant, Honda choisit avec cette nouvelle génération du CR-V de passer pour la première fois à la turbocompression. Une décision audacieuse, étant donné que le nouveau petit 4-cylindres de 1,5 litre (aussi utilisé dans la Civic et la toute nouvelle Accord) est le seul offert. Très moderne, ce petit moteur à injection directe permet de gagner cinq chevaux par rapport au précédent 4-cylindres de 2,4 litres, livrant de surcroît son couple maximal à un régime beaucoup plus bas. Jumelé à une boîte CVT, il permet d’obtenir de bonnes performances en accélération (0-100 km/h en 8,5 secondes) ainsi que d’excellentes reprises (80-120 km/h en 6,1 secondes). Qui plus est, ce moteur s’avère drôlement plus économique à la pompe que les motorisations équivalentes trouvées chez Chevrolet et Ford. Vous pouvez décemment prévoir une moyenne de consommation combinée d’environ 8,5 litres aux 100 kilomètres. Notre cote enregistrée sur route a été de seulement 7,4 litres aux 100 kilomètres.

Au volant (90 %)

Vous cherchez un VUS compact amusant à conduire? Vous n’êtes peut-être pas à la bonne place. À ce compte, les Kia Sportage, Mazda CX-5 et Subaru Forester feront mieux. Toutefois, le CR-V montre un équilibre réellement exceptionnel en matière de comportement. En fait, en plus d’être mieux insonorisé que par le passé, le CR-V dénote un confort et une stabilité vraiment impressionnants. Les suspensions redessinées procurent donc davantage de confort, mais contribuent également à rendre la conduite plus facile et rassurante. D’ailleurs, Honda a conçu plusieurs dispositifs permettant d’obtenir une conduite plus sécurisante tels qu’un système de gestion du couple qui applique en virage les freins sur les roues intérieures afin d’améliorer la tenue de route, ou encore un dispositif d’assistance à la conduite en ligne droite qui minimise l’effort nécessaire de la part du conducteur lorsque le régulateur de vitesse est en fonction. Il en résulte un véhicule plus raffiné, plus agréable au quotidien et plus efficace que la plupart des rivaux dans les longs trajets. Impossible non plus de ne pas mentionner les efforts effectués en matière de sécurité, tant active que passive. Si cet aspect se situe au sommet de vos priorités, le CR-V est sans aucun doute le meilleur candidat qui soit. Il est d’ailleurs l’un des rares véhicules de son segment à offrir de série sur toutes les versions (sauf le LX 2WD) la panoplie d’assistances à la conduite, comme la détection de changement de voie, d’obstacles en marche avant et arrière, ainsi que le régulateur de vitesse adaptatif.

Conclusion (90 %)

Le segment des VUS compacts est sans aucun doute le plus complexe à évaluer pour un chroniqueur automobile. Non seulement il y existe plus d’une quinzaine de modèles, mais la plupart se copient l’un et l’autre, rendant le choix difficile. Il n’existe d’ailleurs plus de véritables mauvais joueurs dans ce segment. Or, certains modèles comme le CR-V se démarquent par leur qualité, leur efficacité ergonomique et leur niveau de technologie. Ajoutez à cela un des plus faibles coûts de possession à long terme, un niveau de fiabilité supérieur à la moyenne et un très faible taux de dépréciation, et vous comprenez pourquoi le CR-V est l’un des plus prisés du segment. Ne lui manque en fait qu’un peu d’épices pour exciter ceux pour qui conduire est une partie de plaisir. Est-ce que l’offre du moteur deux litres turbocompressé de la nouvelle Accord pourrait combler cette lacune? Sans doute. Reste à voir si Honda osera…

Forces

• Comportement routier grandement amélioré
• Faible coût de revient (entretien, consommation, dépréciation)
• Aménagement intérieur exemplaire
• Véhicule très sécuritaire

Faiblesses

• Un seul choix mécanique
• Conduite pourrait être plus inspirante
• Design quelconque

GALERIE –

A : Les feux arrière qui recouvrent toute la surface des piliers D sont une tradition stylistique qui existe depuis le tout premier modèle lancé en 1997.

B : L’écran central tactile de nouvelle génération comprend les mêmes interfaces que celui de la Honda Civic. Toutefois, on a cru bon d’y ajouter cette fois un bouton mécanique pour le réglage du volume de la radio, ce que la Civic n’offre pas.

C : Extrêmement spacieux, le coffre du CR-V contient un plancher plat lorsque les sièges sont rabattus ainsi qu’un seuil positionné plus bas que chez la concurrence, ce qui facilite le chargement.

D : Honda ne donne qu’une seule motorisation au CR-V, soit un 4-cylindres turbocompressé de 190 chevaux. Une seule version de base (LX) est également proposée avec les deux roues motrices; toutes les autres versions profitent de la transmission intégrale.

E : La console centrale est composée de plusieurs compartiments de rangement, d’un accoudoir coulissant et comporte plusieurs prises auxiliaires et USB afin de brancher vos appareils mobiles.

Historique

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Honda est fidèle dans l’évolution du CR-V. Une nouvelle génération tous les cinq ans. Le CR-V fêtait d’ailleurs tout récemment son vingtième anniversaire d’existence. Aujourd’hui positionné comme le deuxième modèle en importance de la famille, après la Honda Civic, il ne serait pas surprenant de le voir un jour au sommet.