honda Pilot 2016

L’Annuel de l’automobile 2016

Nouveauté

Honda

Pilot

Confort et sécurité d’abord

Par Michel Crépault

1329 mots

Le Pilot avait besoin qu’on lui secoue les puces. Au terme de 2014, il a terminé seulement au 10^e rang des utilitaires intermédiaires. En décortiquant le premier trimestre de 2015, il ne figurait même plus parmi les 10 premiers… Il fallait bouger! Honda a donc revu le Pilot 2016 de fond en comble, allant même jusqu’à modifier sa raison d’être…

Tour du propriétaire

Le Pilot a innové en 2003 en proposant une carcasse monocoque capable de transporter jusqu’à huit personnes. La deuxième génération (2009) a décidé de jouer la carte du tout-terrain, avec moins de succès que plus. Pour cette troisième génération, le studio de design de Los Angeles s’est volontairement éloigné du style baroudeur pour plutôt embrasser une carrosserie moderne et fluide dont les formes douces ne dissimulent pas le potentiel de charrier une tribu et où la visibilité est bonne à partir de n’importe quelle place. Ajoutez à ces objectifs familiaux la patte conservatrice de Honda et on se retrouve avec un Pilot 2016 lissé, sans une seule mèche qui dépasse. On peut toutefois le viriliser avec des roues de 20 pouces, une première pour le modèle. À ses extrémités, le nouveau Pilot compte sur des DEL pour créer une signature visuelle distinctive. Le véhicule en entier est plus long de 90 mm que le précédent mais moins haut de 25 mm. Dans l’ensemble, beau sans être remarquable.

Vie à bord

À l’instar d’une fourgonnette, l’intérieur d’un véhicule comme le Pilot revêt une importance capitale pour les acheteurs potentiels. Des facteurs comme le confort, les gâteries à bord et l’habitabilité deviennent prioritaires. À ces chapitres, Honda a fait ses devoirs. Commençons par la configuration des sièges. Vous obtiendrez 7 ou 8 places selon que vous choisissez au centre une banquette ou deux baquets, ces derniers n’étant livrables qu’avec la livrée haut de gamme Touring.

Ensuite se pose la délicate question de l’accessibilité à ces places. Comment éviter les contorsions? La solution hondaïenne passe par des places médianes pliantes et coulissantes, soit à l’aide de leviers, soit à l’aide d’un petit bouton rond illuminé (EX-L et Touring) qui libère le mécanisme comme par enchantement. Même dans le cas d’une banquette, chacune des sections (60/40) s’enlève du chemin pour livrer passage aux occupants du fond. Ces derniers doivent composer avec un rembourrage moins dodu, mais au moins, le dégagement est bon et évite la claustrophobie.

Tous les dossiers rabattus composent un pratique plancher bien plat et un volume de chargement total de 3092 litres. Le plancher de la soute arrière (524 L) est en réalité un panneau amovible et réversible. D’un côté, du tapis; de l’autre, une surface dure facile à laver. Retirez le panneau et vous obtenez une cache profonde. Bien pensé.

Au premier coup d’œil, le tableau de bord paraît encombré, mais un design élégant et une ergonomie songée nous épargnent les casse-têtes inutiles. En son cœur se profile un écran tactile de 8 pouces qu’on n’arrête pas de pianoter. Derrière le volant s’étalent des cadrans numériques épurés. La console centrale s’est fort heureusement débarrassée de l’énorme couvercle qu’il fallait soulever en dérangeant le coude de notre voisin. À la place, un store enroulant au matériau chatoyant. L’espace de rangement avale quatre iPad sans problème.

Les gâteries varient selon les versions (LX, EX, EX-L et Touring), bien sûr. En revanche, Honda a passé beaucoup de temps à enrichir le Pilot d’aides électroniques. Les principales font partie de l’ensemble baptisé Honda Sensing. Deux reposoirs spécifiques aux téléphones intelligents, jusqu’à 5 ports USB, une sono de 7 à 10 haut-parleurs et une radio SiriusXM munie des derniers gadgets meublent nos temps libres.

Technique

Honda ramène son V6 de 3,5 litres mais en le dotant cette fois de l’injection directe (enfin!) et d’un système arrêt/départ (qui se désactive), du moins dans le cas du modèle Touring, une autre première pour Honda si on exclut ses modèles hybrides. La puissance est passée de 250 à 280 chevaux et on peut tirer jusqu’à 5000 lb avec l’équipement approprié. Le V6 conserve sa capacité de n’utiliser que trois cylindres quand les conditions favorisent cette forme d’économie de carburant (essence ordinaire), laquelle participe à une consommation moyenne de 11 litres aux 100 kilomètres. Au menu aussi, deux boîtes automatiques de six (au lieu de cinq l’an dernier) et neuf rapports (avec palettes au volant), celle-ci réservée au modèle Touring (qui délaisse en plus le sélecteur traditionnel pour des boutons-poussoirs).

La transmission intégrale fait bien sûr partie du curriculum vitæ du Pilot, mais Honda persiste à offrir les 2RM pour les acheteurs de LX soucieux de leur budget. Le système 4RM bénéficie désormais d’une sophistication qui le rend plus alerte. Enfin, comme le Pilot est vendu partout dans le monde, Honda l’a doté de quatre programmes de conduite : Normal, Neige, Boue et Sable, pour rendre par exemple plus bucoliques vos balades sur les brûlantes dunes de Dubaï…

Au volant

Certains pourraient croire que le Pilot lutte une guerre perdue d’avance, du moins en Amérique du Nord, Ford et Chrysler menant la barque dans la catégorie fourre-tout du multisegment intermédiaire. Mais faites l’essai d’un Explorer puis d’un Pilot 2016 et vous constaterez deux conceptions qui s’éloignent l’une de l’autre. Le produit américain est issu d’une famille de camions, tandis que le produit japonais utilise une plateforme davantage axée vers l’automobile. Ajoutez dans l’équation le facteur qui veut que les acheteurs de VUS intermédiaires soient en majorité des hommes et vous savez maintenant pourquoi l’Explorer performe si bien sur le plan des ventes. Ça laisse quoi au Pilot? Une pointe de tarte où les acheteurs attachent moins d’importance aux attributs « camion » du véhicule qu’à ses qualités « voiture ». Et, de fait, le nouveau Pilot est plus doux, voire plus mollasson que l’Explorer. Pour certaines personnes, ça veut carrément dire plus confortable, et c’est exactement ce genre de clients que sollicite Honda Canada. Le constructeur abandonne sciemment la personnalité macho et préfère se concentrer sur un véhicule dont les facettes douillettes, technologiques et sécuritaires joueront dans les platebandes des autres produits nippons, tels le Toyota Highlander et le Nissan Murano.

À part ça… Ce Pilot flirte avec la conduite autonome. Sur l’autoroute, j’ai laissé le véhicule dévier vers la gauche. Dès que l’électronique a détecté les lignes blanches, le volant a vibré et le système m’a ramené au centre. J’ai laissé le Pilot continuer vers la droite et, même manège, envoye au centre, bonhomme! Pour l’automobiliste derrière moi, mon comportement erratique n’avait rien de bien rassurant, mais mon petit test m’a démontré à quel point le Pilot s’occupe de ma santé. Sans oublier qu’il freinera automatiquement si je suis trop distrait pour m’en occuper moi-même. Jusqu’à quelle vitesse le bidule électronique évitera-t-il ainsi la collision? Honda refuse de se compromettre et n’annonce aucun chiffre. Tout comme nous n’avons pas réussi à lui faire cracher le Cx (coefficient de pénétration dans l’air) du nouveau Pilot. Honda affirme qu’il est 10 % meilleur que l’ancien, mais on doit se contenter de boire ses paroles…

Conclusion

« Ça nous a sans doute pris quelques générations pour comprendre ce que l’on pouvait faire de mieux, mais je crois que nous avons enfin la recette », m’a dit Dave Gardner, vice-président sénior aux opérations d’Honda Canada, durant le dévoilement du Pilot 2016. Pour ma part, je retiens surtout un véhicule qui déborde de bébelles pour nous prévenir, nous alerter et nous dorloter. Il peut facilement devenir le meilleur ami de la famille à qui la perspective de conduire une fourgonnette donne des boutons, à la condition de mettre de côté toute velléité de conduite sportive.

Forces

Polyvalence des 7 ou 8 places

Qualité de la finition

Arsenal d’aides à la conduite

Faiblesses

Silhouette trop sage?

Arrêt/démarrage limité au Touring

Comportement tout sauf sportif

Galerie

Photo 1

Ce petit bouton permet à quiconque veut accéder aux places du fond de plier et coulisser le siège du centre en un tour de main. Un bouton semblable sur le dossier aidera le passager oublié par les autres à s’extirper de sa prison sans leur aide…

Photo 2

Le plancher de la soute est en réalité un panneau amovible et réversible. D’un côté, le tapis; de l’autre, une surface dure lavable. Enlevez le panneau et vous découvrez une cache assez profonde, au fond de laquelle le panneau se niche.

Photo 3

Le lecteur DVD du système de divertissement de la version Touring lit désormais des disques Blu-ray, et les deux toits de verre, chacun doté de son pare-soleil individuel, rendent les longs trajets très lumineux.

Photo 4

L’intérieur du Pilot peut transporter de 7 à 8 personnes ou alors beaucoup de matériel de camping grâce au rabattement des dossiers 60/40 des 2^e et 3^e rangées (deux sièges capitaine au centre dans le cas de la version Touring).

Photo 5

Le conducteur peut désormais tester la sophistication de la transmission intégrale du nouveau Pilot en enfonçant un bouton de la console centrale qui l’autorise à sélectionner l’un des quatre programmes qui modifient le comportement des roues : Normal, Neige, Boue et Sable.

Historique

Le tout premier Pilot de 2003 s’avéra l’une des premières architectures monocoques à prouver que l’on pouvait transporter huit personnes dans le confort d’une automobile. La deuxième génération commercialisée en 2009 a pris le risque de se prendre pour un véritable tout-terrain. Succès très mitigé. « Que fait-on avec la troisième? » s’est demandé Honda. Réponse : on se tourne vers notre clientèle cible et on lui demande son avis. Du fatras de réponses reçues, une tangente s’est dessinée : « Donnez-moi un véhicule familial que j’aimerais aussi utiliser pour me rendre à la Place des Arts une fois mes corvées de bon parent terminées. » Ainsi fut fait : Honda a dévoilé son nouveau Pilot 2016 au dernier Salon de New York sans se donner la peine de passer par un prototype.

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