Dodge Ram 1987

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Ford et GM revoyaient leurs camionnettes et attaquaient le marché de plein front avec des produits mieux adaptés à la clientèle. Dodge avançait aussi un nouveau pick-up, mais…

 

En fait, il manquait un petit quelque chose à la proposition de Dodge et cette dernière n’allait jamais réussir à s’imposer. Rapidement, elle s’est campée au troisième rang.

 

Elle y a figuré pendant des décennies. Depuis quelques années, la lutte est beaucoup plus serrée, il faut l’avouer.

 

Une des erreurs commises par Dodge à l’époque fut dans l’appellation de ses modèles. On se refusa à les identifier selon leur capacité, ce que Ford et Chevrolet firent d’emblée. C’est une des raisons qui explique le recul initial du modèle vis-à-vis ses éternels rivaux. Ajoutez à cela que la fidélité dans le segment des camionnettes a toujours été l’une des plus fortes à travers tous les segments de l’industrie et vous avez là les raisons qui expliquent le recul initial de la proposition de Dodge sur le marché.

 

Les années 60 et 70

 

Les ventes des camionnettes Dodge vont tranquillement prendre leur envol au cours des années 50, puis progresser lors de la décennie 60. En 1970, on se trouvait dans une position pour attaquer. On offrait une camionnette qui s’adressait certes aux travailleurs, mais dont l’accent portait aussi sur le confort. Également, de nouveaux moteurs V8 puissants venaient titiller les acheteurs.

 

Cependant, la crise économique de 1973 est venue contrecarrer les plans de l’entreprise qui a dû se mettre en mode économie. À la fin de la décennie, les discussions à l’intérieur des murs de l’entreprise ne concernaient plus la stratégie pour rejoindre Ford et Chevrolet, mais plutôt le plan de sauvetage de la maison-mère, Chrysler.

 

La camionnette du groupe n’était plus prioritaire à ce moment. Cherchez un modèle des années 1978 à 1980 sur le marché, vous allez comprendre qu’ils sont extrêmement rares en comparaison à ceux de Ford et de GM.

 

Un nouveau design, proposé en 1981, va relancer quelque peu les ventes, mais ces dernières vont demeurer marginales comparativement à celles de Ford et de GM.

 

Il faudra attendre 1994 pour voir Dodge frapper un grand coup. Depuis, on ne parle plus du produit comme d’un maillon faible. Même s’il n’a pas tout à fait réussi à rattraper ses deux grands rivaux, il est un joueur tout à fait concurrentiel dans le marché d’aujourd’hui.

 

Si l’on se reporte au milieu des années 80, le redressement souhaité chez Dodge n’était encore qu’un… souhait. On commercialisait un produit intéressant, mais qui était vieillissant au niveau de la conception et qui n’arrivait pas à rivaliser avec ses deux grands ennemis dans le segment, soit le Ford F-150 et le duo Chevrolet Silverado/GMC Sierra.

 

Avec le recul, il est plus difficile de comprendre pourquoi le Dodge Ram était loin derrière ses deux principaux compatriotes. Après tout, il a l’allure d’un vrai.

 

En se replongeant dans le contexte, on se souvient que Ford et GM dominaient le marché alors que l’empire Chrysler se remettait d’une situation fort difficile qui a failli entraîner sa perte. La fidélité des acheteurs envers une marque ou l’autre faisait que l’offre de Dodge n’était souvent même pas considérée.

 

On préparait l’avenir chez Dodge, disons ça comme ça.

 

Classique

 

Il n’y a pas d’autres mots que classique pour décrire le design du modèle proposé en 1987. Une carrosserie aux formes très carrées et une calandre massive utilisant le chrome à profusion résument le design. Cependant, le produit avait beau être joli, il ne se différenciait pas.

 

C’était aussi vrai pour les vedettes chez Ford et GM, mais la clientèle était gagnée d’avance. Souvenez-vous ce qu’on vous disait à propos de la fidélité.

 

Quant à l’offre, elle était, elle aussi, tout ce qu’il y avait de classique à l’époque. Il était possible d’opter pour des modèles à deux ou à quatre roues motrices. La différence entre ces derniers résidait surtout au niveau de la suspension avant ; de configuration indépendante et à ressorts hélicoïdaux pour le premier, à lames pour le deuxième.

 

On retrouvait au total quatre longueurs d’empattement pour les modèles à propulsion, soit 115, 131, 135 et 159 pouces. Les sept variantes proposées comprenaient les camionnettes et aussi les versions châssis-cabines. Comme Ford et GM le faisaient depuis des lunes, chaque mouture portait un chiffre qui donnait une indication de sa capacité. Il y avait les modèles D150, D250 et D350. Pour les versions à quatre roues motrices, la lettre W remplaçait le D dans la nomenclature.

 

Mécaniquement, un V6 de 3,7 litres pouvait servir les variantes D150 et D250, alors que deux moteurs V8, de 5,2 et 5,7 litres, respectivement, étaient offerts sur toutes les déclinaisons. Fait intéressant, une version du moteur V8 de 5,2 litres pouvait fonctionner au propane.

 

Quant aux boîtes de vitesses, on retrouvait une automatique à trois rapports ainsi qu’une transmission manuelle à quatre vitesses.

 

L’offre ne pouvait pas être plus… classique.

 

Au volant

 

Peu importe le modèle de camionnette ancienne recherché, il est très difficile de trouver des exemplaires originaux en bonne condition. La raison en est bien simple ; ces véhicules étaient d’abord achetés pour le travail. L’épreuve du temps en avait souvent bien raison.

 

Le modèle que vous apercevez ici a été restauré, mais lors de son achat, il était quand même sain, ce qui lui a permis de survivre.

 

Personnellement, j’ai eu l’occasion de conduire quelques versions de cette génération de Ram, dont une qui était équipée du moteur 6-cylindres. Évidemment, lorsqu’on prend le volant d’une camionnette de plus de 30 ans, on se plaît à revivre une époque qui n’est plus. On le mentionnait plus tôt, il est même difficile de comprendre pourquoi le produit n’a pas connu plus de succès à l’époque.

 

C’est une question de nuance, en fait, et de réputation. Les modèles de GM et de Ford étaient préférés et les gens leur faisaient davantage confiance. Car en matière d’agrément de conduite et de capacité, il était possible de faire avec ce Ram ce qu’on pouvait faire avec les autres produits du segment.

 

Ce qui est peut-être le plus appréciable, c’est cette position surélevée, évidemment, mais aussi l’incroyable visibilité dont on profite grâce à la fenestration. La sonorité, bien perceptible, est également savoureuse, fruit d’une insonorisation qui n’était pas la grande force du véhicule ; on aime ça comme ça !

 

Et la beauté de la chose avec une camionnette ancienne, c’est qu’on peut encore la faire travailler un peu. Non pas pour en abuser, bien entendu, mais avec les protections nécessaires à la caisse, elle peut encore servir pour transporter des meubles, du matériel, etc.

 

J’appelle ça joindre l’utile à l’agréable.

 

Conclusion

 

Vous pouvez compter sur les doigts d’une de vos mains le nombre de modèles Ram des années 80 dans cette condition au Québec. Ce qui rend le produit si extraordinaire aujourd’hui, c’est le fait qu’il soit un des seuls de son époque à nous permettre d’effectuer un retour dans le temps.

 

Si Dodge jouait les rôles de second violon dans le segment des camionnettes à l’époque, lorsqu’on parle d’un véhicule ancien, ça ne tient plus.

 

À preuve, vous seriez plusieurs à faire de cette Dodge Ram 1987 votre premier choix aujourd’hui.

Fiche technique

 

Modèle : Dodge Ram

Année : 1987

Moteur : V8 de 318 pouces cubes

Puissance : 143 chevaux

Couple : 250 livres-pieds de couple

Transmission : automatique à trois rapports

Concurrence : Ford F-150, Chevrolet Silverado 1500