Est-ce le début de la fin pour les concessions automobiles ?

Le modèle d’affaire d’une concession automobile n’a pratiquement pas changé depuis 100 ans. Depuis aussi longtemps que mes souvenirs reculent, une concession automobile est ouverte de 9 heures à 9 heures du lundi au vendredi. Il y a bien eu quelques assouplissements et certaines concessions sont ouvertes le samedi et/ou le dimanche, mais il y a encore beaucoup de réticence au sein des regroupements de concessionnaires. Ce qui a changé ce sont les montants investis au cours des dernières années pour construire de véritables palais. Il n’est pas rare de payer plus de 10 millions de dollars pour une concession flambant neuve au frais du concessionnaire bien sûr et même plus si vous voulez avoir tout votre inventaire bien au chaud à l’intérieur.

La pandémie a accéléré un virage qui prenait du temps à s’amorcer

Vous connaissez le proverbe : chasser le naturel et il revient au galop. Depuis plusieurs années, le nombre de transactions qui se font en ligne a été décuplé. Les jeunes d’aujourd’hui vivent littéralement en ligne et ce sont ces jeunes qui vont devenir les influenceurs de l’économie à très court terme. Beaucoup de concessionnaires se sont vus dans l’obligation pendant la pandémie de faire des transactions numériques pour finalement réalisé que la chose est beaucoup plus simple qu’elle en a l’air et des constructeurs qui poussent sur cette façon de faire depuis bien des années songent maintenant à prendre définitivement le virage. Tesla opère de cette manière depuis ses débuts et même avec plus de 500 000 ventes annuelles, le système fonctionne bien. Polestar fait la même chose, Volvo a annoncé récemment qu’elle va suivre la même voie ainsi que Genesis. En fait, il est maintenant possible de compléter toutes les étapes d’une transaction automobile en ligne. Légalement, l’achat d’une voiture neuve doit encore passer par une concession automobile. Durant la pandémie, la concession allait livrer la voiture chez le client. Techniquement, l’achat s’est fait sans même aller dans une concession et les chiffres de vente , à l’exception des mois de fermeture au début de la pandémie, n’ont pas baissé beaucoup et même dans certains cas, ont augmenté.

Que faire des palais automobiles

Beaucoup de concessionnaires sont nerveux en regardant l’après-pandémie. Généralement, les coûts d’amortissement pour une concession neuve qui coûte très chère se font sur environ 20 ans, selon des chiffres provenant d’Automotive News. Or, il y a fort à parier que le modèle d’affaires actuel risque de s’effondrer bien avant cela. La pandémie a précipité l’évolution et le volume de transaction en ligne et fait la preuve que ça fonctionne en éliminant au passage de nombreux irritants comme la négociation, les documents, la rencontre avec le directeur ou la directrice commerciale. On fait tout cela de la maison, sans stress. Les clients ne veulent pas être renversé par une vitrine opulente, ils veulent être guidé et bien servi, et ce depuis toujours. La COVID 19 a fait un pied de nez à l’ordre établi et aux lobbyistes bien-pensants qui soutiennent une structure moyenâgeuse de la concession automobile. Il est grand temps de prendre un virage qui aurait dû se faire il y a 25 ans. Bien sûr, il y aura des dommages collatéraux. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs. Mais, plus on attend, plus ça va faire mal. Il faut crever l’abcès bientôt. Avec l’internet aujourd’hui, il est facile de faire toute sa recherche en ligne et bien connaître le produit qui nous intéresse. Il existera toujours un point de vente pour faire l’entretien et l’essai du véhicule convoité. Il faut simplement en venir à l’évidence que l’escalade sans fin qui ne mène nulle part doit se terminer. Même si la réalité d’une concession automobile n’est pas la même en région où le modèle d’affaire risque de résister plus longtemps, il faudra aussi s’adapter.