Henry Martin Leland : l’homme derrière Cadillac et Lincoln
Il sont rares dans l’histoire automobile les hommes qui ont fondé deux compagnies automobiles qui existe encore aujourd’hui. Henry Martin Leland qui est né le 16 février 1843 à Danville au Vermont a connu une carrière d’exception, avec de nombreux rebondissements. Un homme dont la destinée allait être étroitement liée à l’histoire de l’automobile, mais il n’était pas seulement un ingénieur talentueux, il était également un grand admirateur d’Abraham Lincoln, le célèbre président américain.
Un style d’une autre époque, des talents d’ingénieur moderne
Henry Leland était un personnage plutôt austère et distingué, avec sa longue barbe blanche qui lui donnait un air de patriarche biblique. Dès son plus jeune âge, il montra un talent exceptionnel pour la mécanique de précision, une passion qui le conduisit à fonder sa propre entreprise, Leland, Faulconer & Norton, plus tard renommée Leland & Faulconer en 1890. Cette entreprise devint rapidement célèbre pour son expertise dans la fabrication de pièces de haute précision, un domaine où Leland excellait. Son fils, Wilfred Leland, rejoignit l’entreprise peu de temps après sa création, et ensemble, ils devinrent des experts de premier plan dans la production de masse, une nouvelle science en pleine émergence à l’époque.
Un premier rendez-vous avec Olds
La première incursion de Leland dans l’industrie automobile eut lieu en 1900, lorsque Ransom Eli Olds, le fondateur d’Oldsmobile, fit appel à Leland & Faulconer pour fabriquer des transmissions pour la nouvelle voiture à un cylindre d’Olds. Bien que cette entreprise n’ait jamais fabriqué de pièces automobiles auparavant, les compétences de Leland dans la fabrication de mécanismes de précision étaient si exceptionnelles que leurs transmissions étaient réellement interchangeables d’une voiture à l’autre, une idée révolutionnaire à l’époque.
Après la transmission, le moteur
Après un incendie qui détruisit la ligne de production des moteurs Olds en 1901, Ransom Olds décida de faire fabriquer non seulement les transmissions mais aussi les moteurs par Leland & Faulconer. Les moteurs conçus par Leland se sont avérés non seulement identiques à ceux fabriqués par d’autres fournisseurs, comme les frères Dodge, mais aussi plus puissants grâce à des tolérances plus serrées. Les ingénieurs de Leland réalisèrent même qu’en apportant quelques modifications modestes, ils pourraient tripler la puissance des moteurs Olds sans augmenter les coûts de production. Ils proposèrent cette amélioration, surnommée « Little Hercules », à Olds, mais leur offre fut refusée. Malgré cela, ils installèrent l’un de ces moteurs dans leur propre voiture Olds.
Les débuts de Cadillac
L’aube de Cadillac commença en août 1902, lorsque William H. Murphy et Lemuel W. Bowen, des investisseurs locaux, engagèrent Henry Leland pour évaluer l’usine et l’outillage de la Henry Ford Company, la deuxième tentative infructueuse d’Henry Ford dans l’industrie automobile. Après avoir perdu confiance en Ford, le groupe Murphy avait l’intention de liquider les actifs de la société. Leland proposa une alternative : réorganiser l’entreprise et construire une nouvelle voiture propulsée par le moteur Little Hercules, moins coûteux que celui d’Oldsmobile.
Un premier modèle Cadillac sur une base de Ford
Le 27 août 1902, la Henry Ford Company devint officiellement la Cadillac Automobile Company, prenant son nom de l’explorateur français Antoine de la Mothe Cadillac, fondateur de la ville de Detroit. Henry Leland devint le directeur de la nouvelle entreprise. Cadillac commença à produire des voitures de haute qualité et de grande durabilité, qui se vendirent très bien, faisant de Cadillac le constructeur automobile le plus vendu en Amérique.
Cadillac prend son envol
En 1905, Cadillac racheta la part de Robert Faulconer dans Leland & Faulconer, et les deux entreprises fusionnèrent pour devenir la Cadillac Motor Car Company, avec Henry Leland à sa tête. Le perfectionnisme de Leland paya pour Cadillac, qui développa une réputation inégalée en matière de qualité et de fiabilité. En 1908, la société remporta le prestigieux trophée Dewar en Grande-Bretagne, démontrant la qualité de ses pièces interchangeables, une idée novatrice à l’époque.
L’arrivée de GM
En 1909, Cadillac attira l’attention de William Durant, l’entrepreneur à la tête de General Motors. General Motors venait d’être créée en tant que société de portefeuille par Durant, qui réalisait une série de fusions et d’acquisitions depuis 1906. En 1909, Durant décida d’acquérir Cadillac, ce qui inquiéta les propriétaires de la société. Cependant, Wilfred Leland, chargé de négocier avec Durant, refusa tout accord impliquant un transfert d’actions au lieu d’argent. Finalement, en juillet 1909, General Motors acheta Cadillac pour 4,5 millions de dollars.
Des moments difficiles
Malgré cette vente, les Lelands restèrent chez Cadillac, avec la promesse de pouvoir continuer à diriger l’entreprise selon leurs propres normes de qualité. En 1910, Cadillac était devenue la seule division financièrement saine de General Motors, qui était au bord de la faillite. Wilfred Leland joua un rôle essentiel en convainquant les banquiers de soutenir General Motors, sauvant ainsi la société de la ruine.
La fondation de Lincoln
Cependant, en 1915, Henry Leland perdit une bataille avec Durant et démissionna de General Motors. Malgré cette défaite, GM était reconnaissante pour ses nombreuses contributions et ne voulut pas le laisser partir. Leland accepta de revenir en tant que consultant, mais l’année suivante, il quitta Cadillac pour fonder une nouvelle entreprise, la Lincoln Motor Company, qui produirait des voitures de luxe concurrentes.
La vente de Lincoln à Ford
Les Lincoln se vendent en moyenne 5 000 $ à la fin des années 10, une somme importante à l’époque et le nombre d’exemplaires vendus n’est pas très élevé. La compagnie manque rapidement de financement. Leland cherche une compagnie capable de racheter toutes les actions. En 1921, il vendit la Lincoln Motor Company à Henry Ford en conservant un poste de directeur avec Edsel Ford comme adjoint. Leland continua à avoir un impact sur l’industrie automobile américaine jusqu’à sa mort en 1932, laissant derrière lui un héritage durable de qualité, de précision et de fiabilité. Son rôle dans le développement du démarreur électrique et son influence sur l’industrie perdurent encore aujourd’hui, faisant de lui une figure légendaire de l’histoire de l’automobile.
Anecdote à propos du démarreur électrique
Au début de l’histoire automobile, c’est la manivelle qui sert à mettre en marche les moteurs. Une opération dangereuse qui doit être fait avec précision. Les blessures étaient fréquentes en tentent de démarrer une voiture. En 1910, un ami de Henry Martin Leland,, Byron Carter, s’était arrêté en traversant le pont de Belle Isle sur la rivière Détroit pour aider une femme dont la voiture avait calé sur le pont. Comme elle ne pouvait pas faire marcher la voiture à la manivelle, Carter s’y est courageusement essayé. Malheureusement, le moteur a pétaradé, faisant tourner la lourde manivelle en fer dans la mâchoire de Carter, qui s’est brisée. La mâchoire de Carter s’est infectée, une septicémie s’est déclarée et il est mort.
Il fallait trouver une solution
La mort de Carter pèse lourdement sur Leland, d’autant plus que la voiture en question était une Cadillac. Leland demande à Charles Kettering, un ingénieur qui travaille chez GM de mettre au point une solution plus sûre. D’autres ont essayé divers mécanismes d’auto-démarrage, y compris des moteurs électriques, mais Kettering aborde le problème de manière globale. Conscient qu’un moteur de démarrage à courant continu peut également servir de générateur une fois le moteur en marche, Kettering conçoit un système électrique intégré qui fait tourner le moteur pour le démarrer, produit une étincelle pour l’allumage et fournit suffisamment d’énergie électrique pour l’éclairage et la recharge de la batterie de démarrage. Il s’agit essentiellement du même système électrique que celui utilisé dans la plupart des voitures d’aujourd’hui, bien que les fonctions de génération et de démarrage aient généralement été séparées en deux composants distincts.
C’est l’invention du démarreur électrique qui trouva sa place dans les modèles Cadillac en 1912 et fit faire un bons énorme en avant pour les moteurs à combustion interne. Plusieurs historiens automobiles considèrent le démarreur électrique comme la plus importante invention du 20e siècle en automobile