Hillman Imp

Dans notre série A à Z, nous sommes déjà rendus à la lettre H alors que l’année 2021 amorce son deuxième trimestre. Pour l’occasion, et aussi parce qu’on ne peut pas vraiment voyager par les temps qui courent, on va se déplacer en Angleterre cette semaine pour découvrir une voiture méconnue, la Imp qui fut proposée par Hillman de 1963 à 1976.

Voiture économique d’abord et avant tout, elle a laissé sa marque en raison d’innovations franchement intéressantes pour l’époque, mais aussi en raison de sa piètre fiabilité qui a fini par mener à sa disparition.

Et il y a cette gueule sympa qui a marqué l’imaginaire. Retour sur une oubliée.

Origines

Désireux de concevoir une nouvelle voiture économique pour rivaliser avec l’emblématique Mini, le groupe Rootes (qui regroupait plusieurs compagnies, dont Hillman) avait à l’époque reçu une généreuse subvention de l’État pour construire une nouvelle usine dans une région où le taux de chômage était élevé. Une région ravagée par le déclin de l’industrie lourde.

En 1963, la Hillman Imp était prête à sortir de la chaîne de montage de Linwood dans le Renfrewshire, mais l’aventure n’avait pas été facile. L’expertise avait été un problème à dénicher. La main-d’œuvre de Linwood était principalement composée d’anciens employés des chantiers navals et de quelques vétérans de Rootes, mais dans de nombreux cas, les nouvelles recrues devaient être envoyées dans le sud pour recevoir une formation. La hâte de mettre la voiture sur le marché signifiait que la qualité de construction en souffrait beaucoup. Ça allait éventuellement être dommageable.

Le succès, cependant, est venu rapidement pour la Hillman Imp, une fois que cette dernière s’est retrouvée sur le marché.

Il faut comprendre que les modèles compacts étaient très en vogue après la crise du Canal de Suez de 1956 (hausse des prix de l’essence), et la Imp, bien qu’elle n’ait jamais été capable de rivaliser sérieusement avec la Mini, s’est vendue relativement bien — surtout en Écosse où les acheteurs étaient fiers du fait qu’il s’agissait de la première voiture construite là-bas en 35 ans.

Avec un moteur de 875 cm3 monté à l’arrière et incliné à un angle accessible de 45 degrés, le petit bloc permettait à la voiture de passer de 0 à 80 km/h en un peu moins de 15 secondes et pouvait se vanter d’atteindre des vitesses de pointe proches de 130 km/h.

La voiture était également célébrée pour ses principes de conception avant-gardistes et ses caractéristiques excentriques. Elle possédait des sièges rabattables à l’arrière, un démarreur automatique, des jauges pour la température, des commandes à pédale pour les essuie-glaces et la lunette arrière pouvait être ouverte, ce qui facilitait d’emblée le chargement.

Mais surtout, avec un prix de lancement de 500 livres sterling, la Imp représentait un excellent rapport qualité-prix — du moins en apparence.

La fiabilité

Grâce à une foule de défauts de conception, dont un système de refroidissement inadéquat, une mauvaise direction, des problèmes de boîte de vitesses et d’embrayage, des étrangleurs défectueux et une tendance à la fuite d’eau, la Hillman Imp s’est rapidement bâti une réputation de voiture peu fiable. Les pannes étaient monnaie courante pour les propriétaires. La seule bonne nouvelle, c’est qu’elle était facile à réparer, à condition de savoir ce que l’on faisait.

Fait amusant, la voiture avait du mal à démarrer par temps froid et pluvieux, ce qui est la norme en Écosse. Pour ce qui est du comportement routier, certains propriétaires racontaient qu’ils devaient mettre un sac de sable ou de ciment dans le coffre, question d’empêcher l’avant de s’envoler ou de valser.

Incroyablement, la Hillman Imp a connu un certain succès en rallye.

Son héritage

Malgré ses nombreux défauts, la Hillman Imp est devenue la voiture la plus populaire jamais produite en Écosse.

Au total, près de 500 000 unités ont quitté la chaîne de montage de Linwood, mais cela n’a pas suffi à sauver Rootes de la faillite. L’entreprise a été rachetée par Chrysler Europe et la production de la voiture a cessé en 1976. On raconte que Chryser détestait cette automobile. Peugeot-Citreon a finalement acheté l’usine avant qu’elle ne ferme également en 1981. Et c’est ainsi que la production automobile en Écosse a pris fin pour de bon.

Aujourd’hui, comme avec tout bon modèle iconique, certains collectionneurs se font un plaisir redonner vie à des exemplaires. Vous ne risquez pas trop d’en voir une ici cependant, mais désormais, si vous faites un détour du côté de l’Écosse, ayez l’œil ouvert.