Les voitures anciennes pour se rappeler une autre époque

Gerry Béliveau, 53 ans, résident de Saint-Basile-Le-Grand, a une collection impressionnante de voitures antiques. Pratiquement tous ses projets sont des remises à neuf, façon d’accommoder le passé au présent pour se laisser envahir d’une dose de nostalgie. Tour d’horizon d’une page d’histoire automobile dont Gerry n’a pas l’intention de tourner de sitôt.

Chevrelot Chevelle SS 1966

Étant jeune, habitant à Sainte-Clotilde-de-Horton, situé dans la région administrative du Centre-du-Québec, il était fasciné par un pilote de Nascar, Marcel Pellerin. Celui-ci demeurait tout près de chez lui. Son bolide de course (qu’il amenait parfois sur la route) et sa Pontiac Beaumont 1967 ont tout de suite initié le jeune homme de dix ans au domaine des voitures. À chaque fois qu’il entendait le moteur gronder, il avait la figure collée à la vitre du salon pour voir son héros passer devant chez lui.

30 ans plus tard, la Beaumont étant trop rare, il s’est procuré l’équivalent américain pour vivre son rêve de jeunesse, la mythique Chevrolet Chevelle SS. À ce moment, il a trouvé le numéro du pilote de course pour lui demander une faveur bien spéciale : restaurer son véhicule au grand complet. Marcel, se rappelant vaguement de Gerry, a tout de suite accepté ce projet de fou.

« J’ai tellement aimé le processus, voir l’auto se démanteler et prendre forme tranquillement. Chaque semaine, je lui amenais des pièces pour avancer le tout. J’ai vu l’évolution complète durant un an. »

Chevrolet Bel Air 1957

Ayant adoré participer à ce projet, Marcel Pellerin a acheté une Chevrolet Bel Air pour la remonter à neuf, tout seul. Un beau défi. Quelques années plus tard, Gerry Béliveau refait surface dans le décor du pilote et achète sa voiture.

Cependant, il fallait bien quelques obstacles pour le quinquagénaire. La tâche aurait été trop facile sinon. Il est seulement revenu à la maison avec la carcasse du véhicule, remettant aux bonnes personnes moteur, transmission, différentiel, et plus. Par la suite, il a suivi les traces de l’ancien numéro 22 et a ajouté la mécanique qu’il manquait à la bagnole. À noter que le Grandbasilois n’installe pas les pièces, il ne fait seulement que les apporter à une personne ayant l’expertise nécessaire, qui se charge du boulot, parce qu’il n’est pas qualifié dans ce domaine.

Pontiac GTO 1966

« Ça faisait une dizaine d’années que je cherchais un autre véhicule que j’apprécie énormément et que je trouve sublime, une GTO 66. C’est tellement rare. Il y en a beaucoup aux États-Unis, mais ici, au Québec, c’est très peu commun. Finalement, j’ai réussi à en trouver une pendant qu’on montait la Bel Air 57. »

Il est allé chercher le véhicule à Sainte-Eulalie. L’ancien propriétaire le laissait pourrir dans le fond de sa grange depuis 1978.

La GTO est en restauration depuis plus de deux ans, la pandémie ayant ralenti les choses. Le but de ce projet était d’adapter la voiture en mode course pour Marcel, afin qu’il puisse conduire une dernière fois un véhicule sur une piste, mais ce dernier est malheureusement décédé il y a un an.

Volkswagen Westfalia 1971

Un projet familial profitable à tout le monde, dont sa femme et ses deux enfants. À la base, Gerry voulait le modèle 1969, étant son année de naissance, mais il n’a pas été capable d’en trouver un, s’arrêtant sur le 1971. Cette fois-ci, il s’est dirigé à Trois-Rivières pour acquérir cette icône de l’automobile.

Dans cette même ville, il a déniché un homme surnommé Jésus, spécialiste pour ressusciter les Westfalia. Une belle image quand même. Le projet s’est étendu sur deux ans et demi.

« Derrière son garage, il y avait une trentaine de Westfalia et il allait chercher les pièces dont il avait besoin quand c’était le temps. »

La particularité de la camionnette, c’est qu’elle a un toit soudé d’un Westfalia des années 1972 à 1979 afin d’y accueillir deux personnes de plus pour dormir, élément manquant sur l’éventail 68 à 71.

« Les gens qui connaissent ça savent qu’il y a quelque chose qui cloche. C’est certain qu’il y a une perte de valeur parce que ce n’est pas d’origine, mais ce que j’aime, c’est d’avoir un produit modifié. »

BMW E46 bâtit pour la « drift »

Voulant s’attaquer à de nouveaux défis, les recherches ont commencé quand son fils, aussi passionné par l’automobile, voulait toucher au domaine du dérapage. Ils ont découvert une pépite : une BMW E46 complètement construite pour la « drift », dont le propriétaire a posé sa marque dessus depuis plus de vingt ans. À l’intérieur, un LS3 2012, moteur de Chevrolet Camaro, avec une cage, un immense frein à main, un extincteur, plusieurs touches en fibre de carbone et bien plus.

BMW E46 M3 2003

Le dernier ajout à ce lot à faire rêver, une ancienne M3 en condition immaculée. Étant la voiture idolâtrée par son fils, ils ne pouvaient pas passer à côté quand ils ont aperçu l’annonce et, de la sorte, élargir leur collection. 82 000 kilomètres sont affichés sur l’odomètre. Peinture d’origine. N’a jamais été sortie sous la pluie. En ouvrant le capot, on pourrait croire que le véhicule fait sa première sortie du concessionnaire. Incroyable pour cette année.

Le mur des légendes

L’entrepôt, accueillant la majeure partie de ces bijoux automobiles, a un mur très spécial dédié à des personnes marquantes. Sur l’ensemble d’un côté du garage, Gerry a engagé un peintre professionnel pour représenter tout ce qui lui a permis de se rendre à cette étape de sa vie avec ses voitures. Sur celui-ci, on peut apercevoir le bolide de Marcel Pellerin, élément déclencheur d’une passion sans fin. Aussi, une Nissan Skyline GTS-T R32 a été dessinée, véhicule appartenant à Benjamin Tremblay, un très bon ami de son fils, tragiquement décédé du cancer il y a deux ans.

Ce n’est pas fini

Le prochain projet de Gerry Béliveau est une camionnette GMC 1962. Il a aussi inscrit son nom sur la liste d’attente pour obtenir le nouveau Hummer EV, du même constructeur. Énorme contraste entre un grand consommateur de carburant et le futur du camion électrique.