L’examen d’un véhicule d’occasion
Amortisseurs : appuyer avec force sur les quatre coins du véhicule pour observer une souplesse excessive des amortisseurs due à leur usure est une vieille technique. Son efficacité est cependant réduite par la généralisation des barres antiroulis.
Le mieux est encore de conduire le véhicule et de guetter les effets de plongée excessive lors de freinage appuyé, lors de franchissement de dos d’âne ; tout effet de roulis excessif en virage ou lors d’un changement brusque d’appui.>> Votre diagnostic sera d’autant plus fidèle que vous serez familiarisé avec le type de véhicule testé. Attention : les voitures hautes et lourdes (monospaces, tout-terrain) amplifient ces phénomènes par rapport à une berline classique.
Corrosion de la carrosserie : l’époque des ailes en dentelle ou des bas de caisse droits (côté talus) à changer tous les 5 ans est révolue. De plus en plus de constructeurs offrent désormais une garantie anti-corrosion supérieure à 10 ans !
De quoi se montrer exigeant et particulièrement méfiant en cas de rouille : sur une voiture encore récente, c’est à coup sûr le signe d’une agression laissée sans soin, ou d’une voiture accidentée mal réparée (le carrossier indélicat s’étant dispensé de toutes les opérations par souci d’économie).>> Constatez les dégâts, demandez une explication satisfaisante sur leur origine, et négociez une révision du prix en accordance.
Habitacle : la ruse consiste à essayer de corroborer le kilométrage affiché du véhicule par l’état d’usure de l’habitacle. A 100.000 km révolus, des pédales, une jante de volant et un pommeau de levier de vitesse usés sont à prévoir. A l’inverse, une Mercedes W124 Diesel affichée à 80.000 km avec un intérieur défraîchi mais des caoutchoucs de pédales flambants neufs aura toutes les chances de présenter un compteur trafiqué… Vérifiez également le siège du conducteur : s’il est trop affaissé, la voiture a beaucoup roulé.
Pneus : contrôlez l’état des pneus et des sculptures. Des pneus neufs sont un atout qui se monnaye, mais leur présence doit également éveiller votre suspicion. L’inspection de leurs prédécesseurs aurait pu vous informer sur un éventuel défaut de parallélisme ou d’équilibrage, s’exprimant par une usure irrégulière de la bande roulement. >> Ces défauts peuvent être détectés en roulant : guettez des vibrations anormales dans le volant (roues mal équilibrées), une trajectoire erratique (jeu dans le train/direction) ou une tendance à tirer à droite ou à gauche quand vous lâchez le volant en ligne droite sur une route plate (parallélisme, alignement). Lisez attentivement le chapitre correspondant sur le rapport de contrôle technique.
Alignement des ouvrants : les standards de l’industrie automobile ont fortement évolué ces quinze dernières années. Un jeu entre une aile et une portière jugé satisfaisant sur une Peugeot 205 est désormais inacceptable. Loin de ces considérations industrielles, votre souci sera d’inspecter la constance des jeux entre les portières, le pavillon et les ailes.>> Evitez ces véhicules. Si l’alignement est mauvais, cela peut être le signe d’un véhicule gravement accidenté mal réparé. D’autres signes peuvent corroborer la thèse de l’accident : des supports de phares, traverses neufs.
Projecteurs : vérifiez qu’ils fonctionnent correctement et que les écrans ne sont pas fendus. Si c’est le cas, l’humidité s’infiltre, le réflécteur (traditionnellement en métal) s’oxyde, et la luminosité décroît. A noter que les vitres de phares en « plastique » (polycarbonates) se généralisent depuis le milieu des années 90. Plus léger, ce matériau résiste également beaucoup mieux aux impacts de gravillons. >> Souvent indémontables, les blocs optiques sont à remplacer par un neuf (quasi impossible à trouverdans une casse du fait de leur vulnérabilité). Négociez leur remplacement dans le prix de vente.
Feux arrière : vérifiez que les écrans ne sont pas cassés et qu’ils fonctionnent correctement. Vérifiez également l’état du circuit électrique en observant l’intensité des feux de position et feux stop : elle ne doit pas varier lorsque les clignotants sont en action. Observez attentivement l’extérieur de la voiture, sous tous les angles. Dans une voiture en bon état, les différents éléments de carrosserie doivent se joindre parfaitement, et les écartements éventuels doivent apparaître réguliers, de même que la ligne générale. La présence d’irrégularités de surface ou de déformations indiquent les endroits où la voiture a subi un choc et peuvent révéler l’existence de dommages plus graves. Les points de rouille ou les trous provoqués par la corrosion peuvent avoir été masqués ou rebouchés avec un mastic. Si la restauration a été effectuée dans les règles de l’art, cela ne prêtera pas à conséquence, mais dans le cas contraire la rouille pourra se propager sous le vernis. Servez-vous d’un aimant que vous promènerez le long de la carrosserie pour mettre en évidence de telles réfections : l’attraction sera beaucoup moins intense aux endroits recouverts d’enduit. Refusez un véhicule qui présente des plages étendues ainsi mastiquées; seules de petites réfections sont tolérables.
Carrosserie repeinte ?
Une automobile peut avoir été repeinte pour diverses raisons, et en particulier pour masquer les réparations consécutives à un accident ou aux effets de la corrosion, ou encore pour que le véhicule paraisse moins vieux qu’il ne l’est en réalité. Soyez méfiant à l’égard des voitures qui, toutes choses égales (marque, modèle et âge), paraissent plus clinquantes que les autres. Ouvrez les portes, le capot du compartiment moteur et le couvercle du coffre à bagages, et comparez l’aspect de la peinture extérieure avec celui des parties habituellement cachées ; si l’extérieur est plus rutilant, il est probable que la voiture a été repeinte. Avec un chiffon humide, nettoyez les zones où se rencontrent les surfaces peintes intérieures et extérieures, cela afin de vous assurer que la différence d’aspect n’est pas simplement due à la saleté. Si la peinture a été refaite, il se peut que, lors de l’opération, le peintre n’ait pas ôté tous les accessoires tels que les rétroviseurs et se soit contenté de les masquer. Un examen attentif des environs de ces accessoires pourra alors révéler des traces de la peinture sous-jacente ou des débordements de la peinture nouvelle.
Les pneumatiques
Les pneumatiques donnent souvent une bonne indication de la manière dont la voiture a été traitée. Examinez en premier lieu les sculptures. En pratique, on considère déjà comme dangereux sur route mouillée des pneus dont la profondeur des sculptures est inférieure à 2 mm. S’il apparaît une différence d’usure d’un bord à l’autre de la bande de roulement d’un pneu avant, il est vraisemblable que la géométrie du train avant n’est pas correcte ou encore que la suspension est fatiguée. Inspectez aussi les flancs des pneus. Ils peuvent avoir été enduits d’une couche de prouduit spécial (« Tire Shine« ) qui leur donne meilleur aspect, mais vous devriez néanmoins réussir à voir d’éventuelles craquelures, boursouflures ou autres détériorations.
Les papiers du véhicule
Exigez toujours de voir la carte grise du véhicule. Si le nom qui y est mentionné est différent de celui du vendeur, demandez-en la raison, car il pourrait s’agir d’un véhicule volé. Si l’explication qui vous est fournie n’est pas plausible, abandonnez l’affaire. Demandez aussi un certificat de non-gage (délivré par la préfecture de police du département d’immatriculation).
L’habitacle
Livrez-vous à une rapide inspection de l’intérieur du véhicule pour en évaluer le degré d’usure. Si la voiture a beaucoup servi, le siège du conducteur apparaîtra plus déformé et plus défraîchi que les autres. Si les sièges ont été recouverts par des housses, demandez que ces dernières soient soulevées. Examinez aussi les tapis de sol, les ceintures de sécurité et le revêtement en caoutchouc des pédales ; si ceux-ci montrent des signes évidents d’usure, cela indique que le véhicule a beaucoup roulé. Si le compteur kilométrique affiche une valeur peu élevée en moyenne (les automobilistes parcourent quelque 15.000 km par an) alors que certains signes concourent à indiquer le contraire, soyez vigilant : le compteur a pu être « trafiqué » manuellement.
Pour les véhicules les plus anciens, l’acheteur potentiel aura à coeur d’emporter :
> Un petit aimant.
> Un chiffon humide placé dans un sac en plastique.
> Une jauge de mesure d’usure des pneus ou une réglette