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Ravon, une autre marque éphémère de GM

Cette marque a donné une seconde vie aux produits Daewoo en Asie centrale


Ravon, c’est le nom d’un village d’environ 6 000 âmes dans le Fergana, une région rurale de l’est de la République d’Ouzbékistan. Autrefois sous la férule de l’URSS, cet État désertique est encerclé par le Kazakhstan au nord, le Kirghizistan à l’est, Turkménistan au sud-est, l’Afghanistan au sud et le Tadjikistan au sud-ouest. Ravon, c’est aussi le nom qu’ont choisi en 2015 General Motors et Uz-Daewoo Auto, son partenaire ouzbek, pour désigner les véhicules assemblés dans ce pays et vendus en Russie et dans certains pays de la CEI. Une nouvelle appellation qui ne servira cependant que brièvement, car Ravon fait partie des nombreuses marques éphémères de GM, comme Geo, Asüna, Envoy, Marquette, Viking, Saturn, Ranger, Passport et les autres.

On ne peut cependant parler de Ravon sans d’abord évoquer le lien qui a uni son fabricant à Daewoo Motors. En 1992, quelques mois après la dissolution de l’URSS, le nouveau gouvernement autonome de ce pays d’Asie centrale fait des pieds et des mains pour attirer des multinationales sur son territoire. Il conclut alors une entente avec le constructeur sud-coréen Daewoo qui a le vent dans les voiles.

Une usine tout près de Ravon

Uz-Daewoo Auto voit alors le jour. Cette entreprise construit une usine d’assemblage à Asaka, ville d’environ 100 000 habitants située à 6 heures de route à l’est de Tachkent, la capitale (et à 30 minutes de route à l’est de Ravon). L’usine entre en production en 1996 et livre bientôt ses premiers véhicules. Ce sont des clones des Daewoo Tico, Nexia et Damas d’alors.

La crise économique qui secoue l’Asie du Sud-Est l’année suivante ébranle Daewoo, qu’une expansion effrénée a fragilisé. Fortement endetté, le constructeur déclare faillite en novembre 2000. L’année suivante, en septembre, ses principaux actifs sont vendus à General Motors. Le constructeur de Detroit devient ainsi propriétaire d’usines et d’un porte-folio de véhicules modernes, en plus d’obtenir un accès direct sur de nombreux marchés d’Asie.

GM succède à Daewoo

Par le fait même, GM, qui a créé GM Daewoo Automotive and Technology (GM DAT) en Corée du Sud, devient aussi partenaire d’Uz-Daewoo Auto. En 2005, l’entreprise ouzbek obtient des licences pour produire les Daewoo Matiz, Nexia et Damas. Puis, des pourparlers qui aboutissent en mars 2008 mènent à la formation d’une nouvelle entité liant Uz-Daewoo Auto et General Motors : GM Uzbekistan, un partenariat dont GM détient 25 % des parts. Ce changement coïncide avec l’entrée en production d’une nouvelle génération de berlines Nexia.

C’est en octobre 2015 qu’on crée la marque Ravon. Si l’on se fie à un article publié par Wards Auto cette année-là, il s’agit d’un acronyme imaginé par un guru du marketing à l’esprit visiblement fertile puisqu’il signifie « Reliable Active Vehicle ON-road ». En revanche, on sait qu’en ouzbek, ravon signifie « en douceur », de même que « précis ». Lancée lors d’un événement de presse organisé à Moscou, le constructeur espère que cette nouvelle marque relancera ses produits, dont le succès sur le marché russe et dans les pays de la CEI est pour le moins mitigé. En Russie, par exemple, les ventes annuelles ont chuté de 88 232 unités à tout juste 20 451 unités entre 2012 et 2015, d’après l’AEB (Association of European Businesses) de Moscou.

Une gamme qui se donne des airs de nouveauté

Le lancement de cette marque coïncide avec un renouvellement de la gamme durant l’année 2016. La Chevrolet Cobalt brésilienne lancée en 2011 et produite par Uz-Daewoo depuis 2013 est vaguement revampée et devient la Ravon R4. La plus grosse berline de la marque dispose d’un 4-cylindres de 1,5 L qui lui procure 106 ch. Le modèle de gamme moyenne, la berline Nexia R3, adopte pour sa part les formes de la Chevrolet Aveo 2008 et partage le moteur de la R4. Enfin, basé sur la Chevrolet Spark 2010, le modèle d’entrée de gamme est baptisé R2. Cette sous-compacte qui remplace la Uz-Daewoo Matiz doit cependant se contenter d’un 4-cylindres de 1,3 L et 86 ch.

Ce changement de nom n’aidera nullement l’entreprise ouzbek. Si bien qu’en avril 2020, la direction de GM Uzbekistan annonce son retrait. Avant la fin de l’année, les véhicules qu’elle produit arboreront… la marque Chevrolet ! Mais, alors que nous écrivons ces lignes, le site russe de Ravon, qui existe toujours, offre  les trois modèles de cette marque qui aurait dû disparaître il y a déjà plus d’un an. Ces orphelines sont offertes à des prix allant de 825 000 roubles (14 250 $), pour la Nexia R3 de base, à 883 000 roubles (15 250 $), pour la R2 la plus abordable.

Photos : Ravon.

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