Renault présente une R17 à la sauce « restomod »
La voiture-concept « R17 électrique restomod x Ora Ïto » sera en vedette au Mondial de l’auto à Paris, en octobre
À quoi pourrait ressembler une Renault 17 (R17 pour les intimes) si ce modèle existait toujours ? Le constructeur français s’est penché sur la question et, à l’aide du designer Ora Ïto, il a réalisé ce joli concept à la sauce « restomod » (une contraction des mots restauration et modification). Dévoilé le 4 septembre dernier au complexe Maison5 de Renault, sur la rue Saint-Dominique dans le 7e arrondissement de Paris, il sera en vedette au Mondial de l’auto, en octobre.
Depuis 2021, chaque année, Renault invite des designers contemporains à créer des concepts inédits qui réinventent certains de ses modèles marquants d’après-guerre. Après le concept fantaisiste R4L Suite N°4 de Mathieu Lehanneur (2021), le prototype 5 Diamant (2022) de Pierre Gonalons et la Twingo électrique imaginée par la designer et artiste néerlandaise Sabine Marcelis (2023), ce nouvel exercice de création a été confié à un chouchou du design européen; le Marseillais qui s’est fait connaître, notamment, par la bouteille d’aluminium qu’il a créé pour Heineken en 2002 : Ora Ïto, de son vrai nom Ito Morabito.
Né à Marseille, ce designer français de 47 ans est le fils du joaillier Pascal Morabito. Véritable touche-à-tout, ses ouvrages récents misent sur un principe qu’il surnomme « simplexité » et qui signifie rendre plus simple ce qui est trop compliqué.
Cette R17 nouveau genre qui a été développée en collaboration avec Sandeep Bhambra et Gilles Vidal du Design de Renault suit « un thème rétrofuturiste, presque cinématographique », explique le Ora Ïto. « J’ai voulu draper la Renault 17 d’une seconde peau pour la magnifier et la ramener dans notre époque avec ma propre grammaire : de la fluidité, du dynamisme, de la rationalité et ma signature. La simplexité. »
En mettant l’accent sur le respect de l’histoire, explique le constructeur, ce concept marie le charme classique de la voiture d’antan aux technologies et matériaux contemporains. C’est ça, le rétrofuturisme.
Faire du neuf avec du vieux
La Renault 17 était un coupé à deux portes avec hayon. Le caractère sportif de son design était mis en valeur par quatre phares circulaires, des portes sans encadrement de vitres, une absence de montant central, des vitres latérales arrière escamotables et une glace de custode agrémentée de jalousies.
Baptisée « R17 électrique restomod x Ora Ïto », cette voiture-concept reprend la structure monocoque d’une R17 d’origine, son habitacle, ses portes, son vitrage et ses surfaces d’appuis techniques. De couleur Brun galactique, il est cependant 17 cm plus large. Le constructeur affirme que ce changement va améliorer la tenue de route. Parions que, s’il roule, ce concept ne se déplacera pas à très haute vitesse sur des routes sinueuses !
À l’intérieur, ce restomod reprend l’univers de la R17 d’antan, qui se voulait confortable, en intégrant des éléments contemporains à la planche de bord et la console centrale, toutes deux d’origine. Les baquets, redessinés autour de la structure des sièges « pétales » d’origine, se parent de nouveaux tissus inspirés de l’ameublement : un satin chiné en laine Mérinos très fine pour le tissu marron et un bouclé de laine léger et délicat, haut et épais pour le tissu beige. Évidemment, pour lui donner une touche moderne, ce concept a été muni d’un incontournable écran numérique central, alors que quatre petits écrans numériques de forme géométrique ont été logés dans les petits logements qui accueillaient les cadrans derrière le volant dans le modèle original.
Un peu d’embonpoint
La grande différence avec la R17 des années 70, c’est naturellement la motorisation électrique. Implantée à l’arrière du véhicule, elle livre 270 chevaux au concept. Renault ne donne cependant aucune information sur la batterie qui l’alimente. En revanche, le constructeur affiche une masse de 1 400 kg. C’est beaucoup d’embonpoint comparativement à la R17 vendue au Canada en 1973, qui ne pesait que 1 075 kg.
Bien entendu, on a affaire à un concept, une voiture fantaisiste. Ce n’est pas un modèle de série. Alors, le surpoids, on s’en fout ! Ce qui compte, c’est l’émerveillement des visiteurs du Mondial de l’auto, à Paris.
Car c’est là qu’on verra ce concept, du 14 au 20 octobre 2024. Auparavant, on l’aura vu au complexe Maison5, jusqu’au 11 septembre, puis au concours Chantilly Arts & Élegance Richard Mille qui sera présenté au château du même nom dans l’Oise, du 12 au 15 septembre.
Renault 17 : un coupé sport au design avant-gardiste
« Véritable icône des années 70, la R17 s’est imposée comme une figure de la pop culture par son design avant-gardiste et son caractère audacieux », affirme Arnaud Belloni, le grand patron du Marketing au Groupe Renault.
Présenté en 1971, ce coupé à hayon reprenait la plateforme de la berline R12. Caractérisé par ses lignes épurées, le constructeur le décrit comme un concentré « de l’explosion idéaliste de l’époque ».
Son intérieur très sculpté et ses sièges grand confort devaient séduire la clientèle. Plus encore les sièges baquets appelés « pétales » qui seront offerts à partir de 1976. Munis de bourrelets ajustables sur les flancs du dossier et les côtés de l’assise, ils figuraient parmi les équipements optionnels de la R17 et de la R15, cette dernière étant « sortie du même œuf », écrit Renault dans un communiqué récent décrivant ces « fausses jumelles ».
Après avoir été la vedette du kiosque de Renault à la quatrième édition du Salon international de l’auto de Montréal, qui était présenté à la Place Bonaventure, la R17 a fait son entrée chez les concessionnaires de la marque au début de l’automne 1972. En avril 1973, Bédard Automobiles, un concessionnaire établi à Hull et Ottawa, l’offrait à partir de 4 399 $ plutôt que 4 899 $, le prix de base.
La version nord-américaine était munie d’un 4-cylindres longitudinal de 1,6 L à injection électronique. Il produisait 107 ch et entraînait les roues avant par le biais d’une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports. Renault affirme que plus de 92 000 exemplaires de ce coupé ont été vendus dans l’ensemble des pays où il a été commercialisé, entre 1971 et 1979.
Photos : Renault