Kia Cadenza
La musique de Gene Pitney
Daniel Rufiange
Gene Pitney, ça vous dit quelque chose ? Non ? C’est normal, rassurez-vous. On parle ici d’un chanteur américain qui a rencontré un certain succès des deux côtés de l’Atlantique au début des années 60, mais qui est moins connu que Frank Sinatra aujourd’hui, mettons. Quel rapport avec la Kia Cadenza ? Comme Gene Pitney, cette voiture a récolté quelque succès sur plusieurs continents, mais elle disparaît sans laisser de traces et ne revient pas en 2021. Et pourquoi est-ce qu’on vous en parle ? Parce que la nouvelle est tombée au moment où il était impossible de refaire la pagination. Voyez la suite comme un hommage à ce one hit wonder de l’histoire de l’automobile.
Derniers milles ?
La Cadenza a vu le jour pour l’année 2014 et a subi d’importantes retouches en 2017. Son meilleur mois au chapitre des ventes canadiennes, elle l’a connu en septembre 2013 alors que 47 modèles étaient réclamés. Aux États-Unis, le record tient d’août 2013 avec 1677 unités. La dernière fois où il s’en est vendu au moins 10 lors d’un mois au Canada, c’était en mai 2018. Entre le 1er janvier et le 1er août 2020, un modèle a été écoulé. UN. Ai-je besoin d’en rajouter ? Au fait, je serais curieux de voir les chiffres de ventes des disques de Gene Pitney pour la même période, mais ça pourrait difficilement être pire. Dans ces circonstances, voilà qui aide à comprendre la mise au rancart de la Cadenza, du moins pour notre marché. Surtout que l’Optima revient flambant neuve cette année sous l’appellation K5; ça ne laissait pas de place à la grande sœur.
Une perle
La Cadenza ne se vendait plus et n’intéressait pas grand monde. Les chiffres l’ont prouvé. Cependant, ils sont trompeurs. La vérité, c’est que la qualité du modèle est inversement proportionnelle à ses ventes. En fait, j’invite quiconque se cherche une berline pleine grandeur à faire l’essai des derniers modèles qui peuvent dormir quelque part. Vous verrez, elle est difficile à prendre en défaut, à moins d’être de mauvaise foi. Au passage, vous découvrirez les variantes qui étaient proposées, soit Premium et Limited. Dans les deux cas, le niveau d’équipement est complet.
Très complète
Qu’exige-t-on d’une berline pleine grandeur, en fait ? Du confort, de l’espace, de la puissance, une consommation raisonnable et un niveau d’équipement riche. Eh bien, c’est simple, la Cadenza répond par l’affirmative à tous les chapitres. Son cocon est spacieux et drapé de matériaux nobles. Sa présentation est classique, mais les commodités sont nombreuses et généreuses, sans compter que le tout est offert à prix très concurrentiel. Côté puissance, le V6 de 3,3 litres qui la sert est nerveux et les 290 chevaux qu’il propose semblent gavés à l’EPO. Et à la pompe, on s’en tire facilement avec une moyenne autour de, ou sous les 9 litres aux 100 km. Pour ce qui est de la conduite, elle a… presque tout. En vérité, s’il faut coller un défaut à la Cadenza, c’est l’absence de sensation qu’elle procure à quiconque ose en prendre le volant. Ironiquement, on pourrait dire qu’elle provoque le même genre de somnolence que l’écoute de la musique de Gene Pitney pour quelqu’un qui n’a pas connu la glorieuse époque des crooners.
Conclusion
La Cadenza est une voiture extraordinaire, sans blague. Si elle avait adopté la forme d’un VUS, les consommateurs se la seraient arrachée. Elle représentait tout ce que Kia fait de bien depuis quelques années. Malheureusement, elle œuvrait dans un segment condamné. Un jour, on se souviendra d’elle autant que de Gene Pitney. Triste.
Forces
Rapport prix-équipement
Grande douceur de roulement
Qualité de finition
Faiblesses
Zéro prestige
Sa conduite provoque la somnolence
Dépréciation importante et difficile à revendre