18 février 1898 – Naissance d’Enzo Ferrari
Enzo ferrari a débuté une carrière grandiose à l’âge ou bien des gens songent à la retraite. À l’aube de la cinquantaine, Ferrari fonde une compagnie qui en moins de quarante ans deviendra un mythe. Une histoire singulière d’un homme unique qui incarne l’italie dans toute sa splendeur.
Enzo Anselmo Ferrari est né à Modène le 18 février 1898… en pleine tempête de neige, son acte de naissance ne sera authentifié que le 20 février. Son père, Alfredo, construit du matériel destiné aux chemins de fer; il était passionné de musique et bon violoncelliste amateur. Enzo a un frère aîné, Alfredo. La famille Ferrari est une famille aisée, l’une des 27 familles de Modène à posséder une voiture, Enzo n’aime pas aller à l’école et rêve d’entrer dans la vie active. Il n’a que 16 ans lorsqu’il écrit son premier article dans la « Gazzetta dello Sport », datée du 16 novembre 1914. Il y relate un match de football entre Milan et Modène. L’année suivante , son père décède d’une pneumonie en février, puis c’est son frère Alfredo qui s’éteint en 1916, victime d’une maladie contractée à l’armée.
Enzo est appellé sous les drapeaux pour la Première Guerre Mondiale en 1917, Comme il connait le travail du fer, il est affecté au ferrage des mules! Puis, comme son frère et son père, il tombe gravement malade d’une pleurésie. Il est opéré, et mis dans un baraquement à Bologne – la Barracano – réservé aux incurables! A force de tenacité, il luttera contre la maladie et en sortira vainqueur. En 1918, après la fin de la guerre, c’est le retour à la vie civile. Son colonel lui remet une lettre d’introduction pour Fiat à Turin, mais sa candidature est refusée. L’année suivante, il rencontre dans un café de la ville Ugo Sivocci, alors pilote d’usine pour CMN (Costruzioni Meccaniche Nazionali). Il devient son assistant-essayeur puis participe à sa première course Parma-Poggio di Berceto, à l’issue de laquelle il termine 4ème au classement général. Sa voie semble tracée…
Toujours pour CMN, il part courir la Targa Florio en 1919, en Sicile, avec son mécanicien Sivocci, En 1920 il intègre l’équipe d’Alfa Romeo. Avec son Alfa à 4 cylindres de 4,5 litres, il parvient à se classer second. En 1923, Enzo remporte la course sur le circuit de Savio, à Ravenne. A l’issue de la course, Ferrari a fait une rencontre importante pour sa carrière, il a été présenté aux Baracca, vieille famille de la noblesse italienne, dont le fils Francesco a été l’as des as dans l’aviation italienne. La comtesse Paolina lui offre le « cheval cabré » qui frappait autrefois le fuselage de l’avion de son fils, abattu au-dessus de Montello.Ce symbole deviendra plus tard la marque de commerce universellement reconnu de ferrari.
La fondation officielle de l’écurie a lieu le 1er décembre 1929 et l’acte de « naissance »
porte l’appellation de Societa anonima Scuderia Ferrari. Ferrari devient la branche sportive d’Alfa Roméo et 1931 marque aussi l’apparition du cheval cabré sur la carrosserie des voitures. Enzo débauche les meilleurs techniciens et pilotes et les succès sont immédiat. En 1933, Alfa Romeo renonce officiellement à la compétition, le gouvernement italien, propriétaire de d’Alfa, trouve la course trop dispendieuse. C’est une aubaine pour Enzo! qui gèrera sa propre écurie de course. Mais un événement radieux va bouleverser la vie d’Enzo et de Laura, sa femme: la naissance de Dino, ce fils unique, qui prend le nom de son grand-père – Alfredo – met un terme à la carrière de pilote d’Enzo en 1932. Devant le succès de la Scuderia, il crée une revue – « La Scuderia Ferrari » – qui rend compte des hauts faits de son écurie de course. Après avoir dessiné l’Alfa Romeo 158 pour la course, Ferrari pique une de ses crises légendaires suite à un mésentente avec un ingénieur Espagnole et quitte Alfa Roméo. La seconde guerre est là, et Enzo Ferrari doit lui aussi s’organiser. Il transfère son usine dans un petit village situé à moins de vingt kilomètres de Modène, et dont les cerises sont la spécialité: Maranello. Là, avec une centaine d’ouvriers, il fabrique non pas des voitures, mais des machines-outils, pour l’armée italienne, qu’il copie de modèles allemands et de petits moteurs d’avion. Malgré deux bombardements, il fait front et élabore dans sa tête les voitures qu’il construira, la guerre terminée…
Les débuts de la voiture Ferrari
Le 11 mai 1947, la première automobile de marque Ferrari fait ses débuts en compétition, c’est la 125. Il obtiendra deux victories à sa première année. C’est le début d’une longue moisson de victoires. En 1952, la Scuderia Ferrari remporta 95 succès sur 109 participations! En 1955, Dino Ferrari entre à l’hôpital, atteint de myopathie. Son père passera de longues heures à son chevet, où ils discutent de voitures et de moteurs. Après avoir hésité entre un 4 cylindres en ligne et un V8, Dino dessine un 6 cylindres en V, qui équipera l’année prochaine les 156 de Formule 1. La maladie de Dino affecte le Commendatore. Malheureusement, c’est durant l’été que survient la mort de Dino. Enzo songe à tout abandonner et déménager en Suisse.
Mais c’est peut-être les premiers essais du moteur V6 dessiné par son fils, en décembre 1956, qui feront reprendre espoir à Enzo et renoncer au suicide de sa firme. Mais Enzo veut s’associer. De sérieux contacts sont pris, en 1963, entre Ford et l’Ingeniere. Le géant veut racheter la firme de Maranello, et la nouvelle met en émoi toute l’Italie. En fait, Enzo Ferrari veut simplement faire savoir que sa firme est à vendre, et fait ainsi monter la pression pour que Giovanni Agnelli, le patron de Fiat, fasse le premier pas. Ford, évincé, se vengera en rachetant Lola et en créant la GT40… 1964… Depuis la disparition de son fils, il y a près de dix ans, Enzo Ferrari se rend chaque jour au cimetière de Modène. Là, il marche seul dans les allées pour y puiser la force de continuer son oeuvre. C’est pour ne pas manquer ce rendez-vous qu’il n’assiste plus à aucune course et ne quitte plus son domicile plus de vingt-quatre heures.
Le 21 juin 1969, Fiat rachète Ferrari! Ainsi, Fiat possède dorénavant 41% des parts, et Enzo Ferrari 49%. Restent 10% qu’Enzo Ferrari destine à une autre personne, encore dans l’ombre…1975… En Italie, une nouvelle loi interdit aux jeunes de moins de 21 ans et aux « vieux » de plus de 65 ans de conduire des voitures capables de dépasser les 180 km/h. Enzo Ferrari, qui a 77 ans, doit se résoudre à conduire une modeste Fiat 132 à boîte de vitesses automatique! Petit à petit, on voit Enzo Ferrari, porter de plus en plus d’attention au jeune directeur administratif de la Scuderia, Piero Lardi. C’est alors que la nouvelle éclate comme une bombe; Piero Lardi est son fils naturel! Il est né le 22 mai 1945, mais son entourage a gardé le secret pendant de longues années… Rongée par la maladie aggravée par le chagrin de pleurer son fils Dino depuis plus de vingt ans, Laura Ferrari s’éteint le 28 février 1978. C’est une nouvelle épreuve personnelle pour Enzo Ferrari qui est de plus en plus seul. Au bureau, il prend un peu plus de temps pour répondre à son courrier et faire envoyer des exemplaires de son livre « Piloti, che gente » à ses amis.
En février 1988, il fête ses 90 ans et a la joie de voir son premier arrière-petit-fils, que son unique petite fille, Antonella – la fille de Piero Lardi – a mis au monde. Il se prénommera Enzo. Mais la santé d’Enzo Ferrari est mauvaise. Quand le Pape Jean-Paul II vient visiter pour la première fois l’usine Ferrari, le 4 juin 1988, le vieil homme reste alité. Il aurait aimé recevoir le Pape, mais ses forces l’ont déjà abandonné. C’est dans son appartement du centre de Modène, qu’Enzo Ferrari va vivre ses derniers jours. Quelques mois auparavant, il a cédé ses dernières actions à Fiat.Le 14 août 1988, entouré de Piero Lardi et de ses souvenirs, il décède. Conformément à son souhait, l’annonce de sa mort ne sera faite que deux jours plus tard. Le décalage de deux jours pour l’annonce de sa naissance est rattrapé…
Les colères homériques de Ferrari
Tous les gens qui ont côtoyé Ferrari connaissent son caractère bouillant. L’homme était reconnu pour piquer des crises monumentales à propos de tout et de rien. La tension était à son comble lorsqu’il pénétrait dans l’atelier. Pour ceux qui avaient la chance de pouvoir obtenir un rendez-vous avec le Commendatore, il faillait s’armer de beaucoup de patience. Ainsi, Ferrari faisait régulièrement attendre les gens durant un avant-midi, même si le rendez-vous était fixé longtemps d’avance, Un seul truc pour faire accélérer les choses était d’être accompagné d’une jolie femme. Beaucoup de fournisseurs et de client se plaignait du mépris du grand patron. C’est ce mélange de mépris, de désir de vaincre et d’acharnement qui a modelé, aux yeux de plusieurs, le mythe Ferrari.
Il Piccollo Canadese
Enzo Ferrari était juge et parti à la Scuderia et personne ne contestait cet état de faits. Il aimait bien mettre les coureurs de son écurie en compétition les uns contre les autres. Mais Gilles Villeneuve faisais montre d’une attention et d’une indulgence particulière du grand patron. Un exemple peu connu de cet attitude est bien illustrer par un épisode qui se déroulait en 1979. Gilles Villeneuve tourne sur le circuit privé de Ferrari à Fiorano pour tester une nouvelle boîte semi-automatique. Après une centaine de tours, Villeneuve fait ses commentaires à l’ingénieur de l’équipe. Tout va bien, explique-t-il mais il me manque une tige de fer dans la main droite pour changer les vitesses, cela fait tout drôle. L’ingénieur va rendre compte de la situation à Enzo Ferrari en expliquant que le système sans embrayage fonctionne très bien mais, Villeneuve ne se sent pas à l’aise. Ferrari qui avait l’habitude de se fier uniquement à la parole de son ingénieur, laissa Gilles faire à sa tête et le système semi-automatique qui était pourtant au point ne vit pas le jour. Ferrari l’utilisa seulement 10 ans plus tard. Il Piccollo Canadese (le petit canadien) comme l’appelait Ferrari exercait un charme particulier. À sa mort tragique à Zolder, Ferrari avoua l’aimer comme son fils et lui dédia une rue et un bronze à Maranello, aucun coureur Ferrari n’avait eu droit à tant d’égards du Commendatore.
Biographie tirée d’extrait du livre de Jean-Louis Moncet: La magie Ferrari