4 Chevrolet Corvette « C3 » comme vous n’en avez jamais vu
Ces voitures figuraient au catalogue d’une vente aux enchères de l’encanteur belge Bernaerts, qui avait lieu hier à Anvers.
Voici quatre Chevrolet Corvette « C3 » comme vous n’en avez jamais vu. Ces sportives d’allure hétéroclite figuraient au catalogue de la vente aux enchères « Classic Cars » de Bernaerts qui a eu lieu hier à Anvers en Belgique.
Elles appartenaient à Marcel Sprangers, un industriel belge de 73 ans, qui a choisi de liquider sa collection.
Deux Corvette uniques de Harry Mann Chevrolet
Les deux premières Corvette « C3 » sont des voitures uniques (C3 est l’appellation familière des modèles de la troisième génération, qui ont été fabriqués entre 1967 et 1972). Elles ont été construites pour Harry Mann Chevrolet, un concessionnaire de Los Angeles qui s’est longtemps présenté comme le premier vendeur de Corvette au monde (un titre disputé par Malcolm Konner Chevrolet du New Jersey).
Quoi qu’il en soit, en 1975, le propriétaire de la concession californienne, Frank Milne (1910-2008), demande à Jerry Palmer de créer une Corvette d’apparence unique. Dans la jeune trentaine, ce designer du Studio III de General Motors travaillait déjà au développement de la Corvette C4. C’est lui aussi qui sera responsable du design de la Camaro 1982, le modèle de troisième génération.
Avec l’aide d’Eric Ruffo, un spécialiste de la fibre de verre, il réalise une décapotable au porte-à-faux avant allongé qui, pour certains, préfigure la Ferrari Mondial. Ses concepteurs avaient également doté cette Corvette d’un toit rigide.
Frank Milne ajoutera cette Corvette, pour laquelle un toit rigide avait été prévu, à une collection réunissant quelques centaines de voitures. Ce n’est qu’au début des années 2000 qu’elle sera importée en Europe.
Équipée d’un V8 L48 de 5,7 L et 165 ch jumelé à une boîte de vitesses automatique Turbo Hydra Matic à trois rapports, son odomètre affiche plus de 73 000 km (45 415 milles). Lors de la vente, hier, elle a trouvé preneur pour 17 000 € (environ 25 000 $).
En 1977, Frank Milne invite de nouveau Jerry Palmer à réinventer la C3. Cette fois, toujours avec l’aide de Ruffo, c’est une « Fastback » au style européen qu’il réalise. Cette fois, on l’équipe d’un V8 L82 de 5,7 L qui livre 180 ch, toujours en ayant recours à une boîte Turbo Hydra Matic à 3 rapports.
Ce coupé qui a près de 83 000 km (51 548 mi) d’origine a séduit plusieurs collectionneurs lors de la vente. Il s’est envolé pour 22 000 € (un peu plus de 32 000 $).
Une Corvette « Breadvan »
La collection de Marcel Sprangers comptait aussi une C3 Breadvan 1973 or construite par un carrossier inconnu. Cette allure de break de chasse (« Shooting Brake » chez les Britanniques) s’inspire de la silhouette de la Ferrari 250 GT Breadvan, un modèle mythique conçu par Giotto Bizzarrini pour le patron de l’écurie Serenissima à partir d’une berlinette 250 GT à empattement court; un bolide qui a pris part aux 24 Heures du Mans en 1962.
Le style Breadvan qui sied bien à la C3 a été adopté par plusieurs carrossiers étatsuniens de l’époque. Celle de M. Sprangers se distingue toutefois par ses quatre phares fixes.
En outre, cette Corvette dispose d’un V8 de 5,0 L C2R et d’une boîte automatique à 3 rapports. Malgré les 92 752 km (57 635 mi) qu’affiche son odomètre et la mention de l’encanteur à l’effet qu’elle aurait été à l’arrêt durant quelques années, elle a séduit un acheteur qui a versé 9 000 € (plus de 13 000 $) pour l’obtenir.
L’excentrique Caballista 1979
La quatrième C3 du lot a des traits nettement plus excentriques. Appelée Caballista, elle a été fabriquée par Dunham Motor Coach, un petit carrossier de Boonton, au New Jersey, durant la vogue des néoclassiques d’antan.
Entre 1979 et 1982, Dunham aurait produit 50 Caballista, une voiture qui n’était pas donnée. En 1980, elle était offerte à nos voisins du sud à partir de 60 000 $US, alors que le prix de base d’une Corvette était 13 140 $ US !
Celle de Marcel Sprangers se distingue par sa peinture bicolore métallisée argent et rouge bordeaux, et son intérieur en cuir gris. De plus, il s’agit d’une des rares Caballista qui a été munie du puissant V8 L82 et d’une boîte de vitesses manuelle à quatre rapports.
Une collection jusqu’ici inconnue
Ces quatre Corvette font partie d’une collection constituée de plus de 40 voitures et de quelque 70 motos. Industriel qui a fait fortune avec le Groupe Spranco, un consortium impliqué dans divers secteurs d’activités aussi disparates que la construction industrielle et l’automatisation de l’agriculture et de l’horticulture, Marcel Sprangers a acheté la première voiture de sa collection dans les années 80.
À mesure que grandissait sa collection, pour en prendre soin, un jour a construit un musée privé à Minderhout, un petit village de 3 000 âmes situé à une heure de route au nord-est de Bruxelles, non loin de la frontière néerlandaise.
Aujourd’hui, M. Sprangers a choisi de se départir de sa collection pour être au chevet de sa conjointe atteinte d’une maladie. Véritable caverne d’Ali Baba, personne ne soupçonnait l’existence de cette collection, pas même l’encanteur.
Au moins une auto de chaque décennie
Évaluée à plus d’un million d’euros, la collection de Marcel Sprangers est pour le moins bigarrée. Elle comprend au moins une voiture de chaque décennie depuis 1900. Parmi celles-ci, on trouve certains modèles européens très rares, notamment une FN et une Minerva, deux modèles anciens d’origine belge, de même qu’une Aero 30 1936 tchèque. Il y avait aussi une auto d’origine canadienne : une La Dawri Conquest 1959 à carrosserie en fibre de verre qui a été vendue 14 000 € (environ 20 500 $).
Plusieurs modèles étatsuniens figuraient parmi les autres pièces maîtresses de la vente : un coupé Lincoln Zephyr V12 1939, une berline décapotable Auburn 8-90 1929, une Cadillac série 61 1939 décapotable, une somptueuse berline Pierce-Arrow 1930 et un phaéton Auburn 120 1929.
La vente aux enchères Classic Cars de Bernaerts a eu lieu le 5 septembre 2023 au siège social de l’encanteur, à Anvers.
Photos : Bernaerts