Des Argentins rééditent avec des 3CV la traversée du Sahara d’André Citroën de 1922

— NDLR : Nouvelle mise à jour le 20 septembre 2022 à 10:20.

En 1922, André Citroën organisait avec succès la première traversée en automobile du Sahara organisée par André Citroën. Cent ans plus tard, des Argentins vont renouveler cet exploit avec l’expédition Travesia Sahara 2022. Cependant, plutôt que d’utiliser des autochenilles Citroën-Kégresse K1 comme à l’époque, ils le feront au volant de petites Citroën 3CV.

Vous avez bien lu : 3CV. Il s’agit d’une variante de la Citroën 2CV qui a été fabriquée en Argentine entre 1960 et 1990, d’abord par Citroën et ensuite par la société IES (Industrias Eduardo Sal-Lari).

Cette voiture que les Argentins surnommaient affectueusement Rana (grenouille) se distingue de la « Deuche » par son bicylindre de 602 cc et 32 ch. Ce moteur, qui servait également en France pour la 2CV 6, était plus puissant que le moteur de 425 cc et 18 ch de la 2CV 4 française; un moteur qui a été retiré de la production vers 1980, m’a rappelé mon bon ami Philippe. À cela s’ajoutent, entre autres différences, un pare-chocs avant plus enveloppant, des suspensions plus robuste et un hayon facilitant l’accès au coffre.

José Izquierdo, un des organisateurs de cette expédition, explique qu’elle vise d’abord à commémorer les 100 ans de la première traversée du « grand désert ». Dans la jeune soixantaine, cet ingénieur qu’on décrit comme un athlète infatigable et grand spécialiste de la 3CV ajoute : « nous souhaitons aussi découvrir des territoires exotiques et méconnus, tout en soulignant le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Tout cela encadré par la volonté de partager notre culture avec nos chères 3CV. » Des 3CV 1973 et 1974 nommées Apolo, Mafalda et Le Petit Prince pour cette expédition !

Le pari de ces Argentins consiste à parcourir, comme l’avaient fait les explorateurs de l’expédition d’André Citroën à l’époque, un peu plus de 3 000 km à travers l’Algérie en partant d’Alger, la capitale méditerranéenne du pays, pour atteindre Tamanrasset dans le Sahara, en passant par la mythique ville de Touggourt. Ce périple qui doit débuter en décembre 2022 et se terminer fin janvier fera parcourir environ 5 600 km (en incluant le retour) à ces trois 3CV originaires du pays des gauchos.

La première grande expédition de Citroën

Rappelons que la traversée du Sahara de Citroën a eu lieu du 17 décembre 1922 au 7 janvier 1923. Les cinq autochenilles Citroën-Kégresse K1 préparées pour l’occasion et baptisées Scarabée d’or, Croissant d’argent, Tortue volante, Bœuf apis et Chenille rampante ont emprunté l’itinéraire classique des pistes caravanières pour livrer le premier courrier postal transsaharien.

Sous le double commandement de Georges-Marie Haardt, chef d’expédition, et de Louis Audouin-Dubreuil, son second, les cinq équipages ont parcouru plus de 3 200 km dans le désert pour rallier Touggourt en Algérie et Tombouctou au Mali.

Initialement, l’expédition devait prendre fin en terre malienne, mais le succès de l’opération et la fiabilité des véhicules poussa les équipages à faire le chemin de retour de la même manière, doublant ainsi l’exploit.

Les autochenilles Citroën, une nouveauté de la marque à l’époque, étaient basées sur la Citroën B2 (ou 9CV), une voiture populaire de la marque aux doubles chevrons. Ces véhicules de 1 700 kg, dont la consommation moyenne de carburant aurait été 30 L/100 km, ont roulé à des vitesses variant de 4 à 19 km/h selon le lieu et l’état de la piste empruntée.

La traversée du Sahara a ouvert la voie à trois autres grandes expéditions organisées par Citroën : la Croisière noire en Afrique (1924-1925), la Croisière jaune ou Mission Centre-Asie (1931-1932) et la Croisière blanche au Canada (1934). La traversée du Sahara a aussi exposé des routes inexplorées, qui ont été exploitées par la suite grâce à des ouvrages de cartographie réalisés par ses équipages.

Fortement médiatisée par la presse européenne, le cinéma et les livres, cette expédition a servi à promouvoir les autochenilles de Citroën tout en exposant le potentiel commercial du transport routier dans ces régions pour le tourisme, l’industrie et le commerce. Elle a aussi inspiré l’oeuvre du grand bédéiste Hergé puisque Flossie, le chien de l’équipage, est devenu Milou dans les aventures de Tintin !

Photos : Stellantis