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Le 60e anniversaire du film « Goldfinger » célébré par… Rolls-Royce

Rolls-Royce nous rappelle que les grands films ne mettent pas en vedette que des voitures des héros


Après Aston Martin qui a souligné le 60e anniversaire de « Goldfinger », troisième film de la série « James Bond », par une exposition spéciale à Londres en juillet, un second constructeur braque à son tour les projecteurs sur un véhicule vedette de cette célèbre production cinématographique. On comprendra toutefois que, cette fois, on n’évoque nullement le bolide conduit par le héros qu’interprétait Sean Connery, mais plutôt la limousine servant au… vilain !

On a vu des Rolls-Royce dans une douzaine de films de James Bond. Cependant, la vedette motorisée la plus mémorable de la marque demeure celle qu’on a vue dans Goldfinger : cette exquise Phantom III sedanca de ville de 1937. Elle servait au vilain éponyme, Auric Goldfinger (Gert Fröbe), qui était conduit par Oddjob (Toshiyuki Sakata, alias Tosh Togo), son homme de main qu’il disait coréen, alors que cet acteur était en fait un Japonais !

Plan machiavélique

L’intrigue de ce film place la Rolls-Royce au cœur de l’histoire, puisque sa carrosserie cache un secret. En effet, cette voiture sert à passer de l’or en contrebande de l’Angleterre à la Suisse, où se trouve le repère de Goldfinger.

Pour ce faire, le vilain utilise une fausse carrosserie fabriquée avec deux tonnes d’or massif 18 carats. Une fois arrivé à destination, après avoir traversé l’ouest de l’Europe et le col routier de la Fourche (le quatrième plus haut des Alpes suisses), Goldfinger fait démonter la carrosserie pour faire fondre ses panneaux en lingots d’or dans sa fonderie. La carrosserie d’origine est alors remise en place pour lui permettre de répéter ce stratagème.

Les cinéphiles avertis se souviendront que le vilain prépare en même temps un plan machiavélique baptisé « Opération grand chelem » grâce auquel il veut irradier l’or stocké à Fort Knox, aux États-Unis, à l’aide d’un dispositif atomique. Ainsi, l’or des Américains n’aurait plus de valeur, alors que ses propres réserves d’or le rendraient richissime et très puissant. Naturellement, ce plan sera déjoué à temps par James Bond.

Idéale pour un vilain

Selon Rolls-Royce, le choix de la Phantom III convenait parfaitement à ce scénario, puisque le poids de l’or ainsi transporté n’aurait pas affecté les performances de cette voiture, même dans les ascensions les plus exigeantes des routes alpines. La Phantom III a été la première Rolls-Royce de l’histoire équipée d’un V12 (et la seule jusqu’à l’arrivée de la Silver Seraph, en 1998). Son moteur de 7,3 L lui procurait 165 ch, soit 37,5 % plus de puissance que le 6-cylindres de 7,7 :L de la Phantom II, qui ne livrait que 120 ch.

La Phantom III fut également la dernière voiture dont le moteur a été mis au point sous la direction de Henry Royce, avant qu’il ne décède en 1933. Outre sa motorisation, cette voiture disposait également de raffinements propres à rendre la contrebande de Goldfinger plus… agréable. On pense, notamment, à la suspension à amortisseurs hydrauliques réglables que le chauffeur — Oddjob, en l’occurrence — pouvait contrôler depuis son siège. Ce système lui aurait permis d’ajuster la qualité du roulement, que la voiture soit alourdie par de l’or ou non !

Véritable histoire de cette voiture

Bien avant de servir au tournage de ce film, cette Phantom III avait été commandée par Urban Huttleston Rogers Broughton (1896-1966), un Étatsunien qui s’était installé en Angleterre et qui est même devenu le premier Lord Fairhaven de l’abbaye d’Anglesey.

Défiant les conventions de l’époque, sa voiture avait été peinte presque entièrement en noir, y compris le boîtier des phares, les pare-chocs, les roues et même le cadre du rétroviseur. Seul un filet blanc donnait un maigre relief à ses flancs et au capot. Les volets chromés de radiateur avaient même été décapés au jet de sable pour donner une allure plus sobre à la voiture !

Les cadrans du tableau de bord affichaient des mesures impériales et métriques afin de faciliter la conduite sur les routes de Grande-Bretagne autant que celles de l’Europe continentale.

La finition bicolore, jaune et noire, a été adoptée par la suite pour son apparition dans Goldfinger. Elle donnait plus fière allure à la carrosserie de type « sedanca de ville » construite par le carrossier londonien Barker & Co. Ce type de carrosserie, qu’on surnommait « coupé de ville » en France et en Allemagne, et « Town Car » aux États-Unis, a un habitacle découvrable pour le chauffeur et un habitacle entièrement clos pour les passagers.

Il est intéressant de noter que, dans le film, cette Phantom III porte la plaque d’immatriculation « AU 1 ». Naturellement, on pourrait croire qu’elle évoque le symbole de l’or du tableau périodique des éléments. Mais, il n’en rien. À l’époque, AU étaient les lettres des plaques d’immatriculation britanniques désignant les véhicules immatriculés à Nottingham. D’ailleurs, la plaque « AU 1 » avait été attribuée à l’un des premiers véhicules de cette région, en 1901. Par ailleurs, après le tournage du film, cette immatriculation a servi à d’autres Rolls-Royce.

Une suite à l’histoire de cette Rolls-Royce… et à celle de James Bond ?

Dans un communiqué publié hier par Rolls-Royce, on apprend qu’une annonce sera faite le 25 octobre prochain au sujet d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la Phantom « AU 1 ». Est-ce qu’on en apprendra davantage ce jour-là sur le 26e volet de la franchise cinématographique James Bond ? C’est ce que nous verrons !

Photos : Rolls-Royce/Goldfinger© 1964 Danjaq, LLC et Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.

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