Maxus, la marque qui a été britannique, russe, puis chinoise

Le mois dernier, un nouveau véhicule électrique a fait son apparition en Norvège, le pays le plus friand de VÉ au monde. Il s’agit du Maxus Euniq 6, un utilitaire à 5 places avec lequel son importateur, la société Rutebileiernes Standardiserings Aksjeselskap (RSA), espère décrocher une part intéressante d’un marché très florissant. En effet, cette année jusqu’ici, près de 75 % des véhicules de promenade neufs vendus dans ce pays étaient 100 % électriques.

Par ses dimensions, l’Euniq 6 s’apparente à un Ford Edge. Sa motorisation électrique de 130 kW (177 ch) alimentée par une batterie de 70 kWh lui assure une autonomie de 345 km, selon RSA. Cependant, avec un prix de base de 499 900 couronnes norvégiennes (72 500 $ environ), il n’est pas donné.

Une marque d’un grand consortium

Les véhicules de cette marque sont fabriqués en Chine par SAIC, une entreprise d’État établie à Shanghai dont les origines remontent à 1955. Maxus fait partie d’un vaste porte-folio de marques comprenant MG, Roewe, Yuejin et Sunwin, de même qu’IM et Feifan, deux marques offrant exclusivement des véhicules électriques. 

Cette multinationale est également partenaire de grands constructeurs étrangers — Iveco, Volvo, Volkswagen (Volkswagen et Skoda) et General Motors (Buick, Chevrolet, Cadillac, Wuling et Baojun) — pour lesquels elle fabrique de nombreux véhicules destinés au marché chinois.  

En 2020, SAIC a fabriqué plus de 5,6 millions de véhicules, dont la moitié pour ses propres marques. Cela en fait le premier fabricant chinois pour une 15e année d’affilée, affirme l’entreprise. Les produits Maxus ne représentent cependant qu’une petite part de cette production. SAIC en a assemblé à peine plus de 190 000 l’année dernière, selon la firme de recherche Statista. 

Des origines bigarrées

Avant de devenir chinoise, la marque Maxus a été d’abord britannique, puis russe ! À l’origine, elle a été imaginée par le Groupe LDV (Leyland DAF Vans) de Birmingham, entreprise née de la fusion du Groupe Rover et de Leyland DAF en 1993. 

Le nom Maxus, par ailleurs, a été imaginé par les penseurs de LDV à la fin des années 90. Constitué des particules « max » (pour maximum) et « us » (tous en anglais), il devait désigner un nouveau fourgon commercial mis au point en collaboration avec le constructeur coréen Daewoo. La faillite de ce dernier, en novembre 2000, forcera l’entreprise britannique à effectuer seule la suite du travail et à mettre le véhicule en production localement, après avoir racheté à GM l’outillage de l’usine Daewoo qui devait le produire. 

En 2004, le LDV Maxus fait finalement ses débuts en Angleterre. Cependant, les finances chancelantes de l’entreprise l’entraînent dans une restructuration et, deux ans plus tard, elle est vendue au Groupe GAZ de Russie. La production du Maxus à Birmingham ne sera pas interrompue pour autant, mais GAZ, qui fonde de grands espoirs sur ce véhicule, entreprend de le produire aussi dans son usine de Nizhny Novgorod. 

Les objectifs de croissance anticipés ne seront toutefois jamais atteints, ce qui pousse le constructeur russe à se délester de la marque en 2009. Il la vend à la firme chinoise Eco Concept, qui est liée indirectement à SAIC. Cette dernière rachète à son tour LDV en août 2010 et, l’année suivante, elle met le Maxus en production dans une de ses usines chinoises. Le fourgon dévoilé en Angleterre sept ans plus tôt va lui permettre de mieux rivaliser avec les Ford Transit et Iveco Daily, qui dominent alors le marché chinois. 

Du véhicule commercial au véhicule pour passagers

Cela explique pourquoi la gamme de Maxus comptait à l’origine uniquement des fourgons commerciaux, à commencer par celui mis au point par LDV; un véhicule qui perdure sous une forme évoluée et un nouveau nom : V80. D’autres fourgons commerciaux, mais aussi des camionnettes, des fourgonnettes à vocation familiale et des utilitaires s’ajouteront très rapidement au catalogue de la marque.  

Pour étendre son rayonnement en Chine, mais aussi sur les marchés étrangers, depuis 2014, SAIC s’affaire à électrifier la gamme Maxus. Avec l’arrivée prochaine d’une nouvelle fourgonnette électrique, que préfigurait le prototype MIFA 9 dévoilé au Salon de Shanghai, en avril dernier, Maxus offrira bientôt 9 modèles animés par une motorisation hybride branchable, électrique à batterie ou électrique à pile à hydrogène.

Ouverte sur le monde

Aujourd’hui, la marque Maxus est présente en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Asie, de même que dans plusieurs pays d’Europe comme la Belgique, la Turquie, l’Allemagne et les Pays-Bas. Elle demeure aussi très active au Royaume-Uni, de même qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande, mais sous le nom LDV, signe de l’attachement que vouent les citoyens de ces pays aux origines britanniques de la marque. 

Les stratèges de SAIC ont visiblement appris à faire évoluer Maxus au rythme du marché qu’elle dessert. En Scandinavie, par exemple, où on offrait depuis 2018 les fourgons à essence Deliver 3 et Deliver 9, on a choisi de faire de Maxus une « marque tout électrique ». Si bien qu’elle n’offre plus que les variantes électriques de ces fourgons : les e-Deliver 3 et e-Deliver 9 (appelés EV30 et EV90 en Chine). 

Lors d’une conférence de presse organisée en novembre dernier, RSA se vantait de représenter la marque de fourgons commerciaux électriques occupant la première place du palmarès des ventes au Danemark, en Suède et en Islande, et la seconde place en Norvège. 

L’importateur nordique espère naturellement obtenir autant de succès avec ses véhicules pour passagers. Depuis novembre 2020, il offre l’Euniq 5, une fourgonnette électrique à 7 places. Quant à l’Euniq 6 (la version électrique de l’utilitaire D60 à essence vendu ailleurs dans le monde), ses premières livraisons en pays nordiques sont prévues pour mars 2022. 

Par la suite, on attend la camionnette T90 EV, une variante électrique de la Maxus T90 (à moteur thermique). Cette camionnette électrique, autre primeur dévoilée à Shanghai cette année, devrait s’ajouter à la gamme scandinave durant le dernier trimestre de 2022, selon RSA.

Photos : Maxus.