Où sont les véhicules électriques ?

J’ai constaté en fin de semaine dernière au Salon du véhicule électrique de Montréal un intérêt sans précédent pour tout ce qui est électrique. De la voiture à la moto en passant par les vélos. L’industrie automobile est en plein virage vert et dépense des sommes faramineuses pour éliminer le pétrole de l’équation. Chaque semaine, un constructeur nous fait l’annonce d’un nouveau modèle électrique qui va bientôt prendre la route. Mais, il y a un problème grave. Il est impossible de prendre possession d’une voiture électrique en ce moment si vous n’avez passé votre commande il y a un an ou plus. L’attente est au minimum de six mois si vous voulez rouler en Tesla ou deux ou trois ans pour le reste.

Revoir les objectifs

Les constructeurs automobiles et les gouvernements ont fixé des objectifs ambitieux pour l’expansion des véhicules électriques. Les constructeurs ont mis en place des plans d’investissement et de produits agressifs, tandis que les nouveaux venus dans le domaine du tout électrique, tels que Rivian et Lucid Motors, cherchent à imiter la croissance rapide de Tesla. On parle d’un parc automobile à 50 % électrique en 2030 et 100 % électrique en 2035. Au rythme actuel, on rêve en couleur. Les concessionnaires sont à appeler des clients pour les retirer des listes d’attente, car l’attente est de trois ans ou plus. Les constructeurs comme Ford ont cessé de prendre des commandes pour son F-150 Lightning afin d’éviter de promettre plus qu’il ne peut livrer.

Une pénurie qui va perdurer

Même si l’approvisionnement en puces s’améliore que la chaîne d’approvisionnement retrouve une certaine normalité et que la Russie met fin à sa guerre en Ukraine. Il faudra quelques années pour construire les nouvelles usines de puces électroniques aux États-Unis, établir un réseau pour la demande accrue en batteries au lithium. Ajouter à cela deux ans de pandémie et l’industrie automobile qui ressent encore les effets avec la perte de fabrication de 12 millions de véhicules selon AutoForecast depuis mars 2020.

Le prix des VÉ en hausse tout comme l’essence

Pour certains, c’est le prix élevé de l’essence qui a motivé le passage à la voiture électrique. Pour d’autres c’est un geste pour la planète. Il n’y a aucun doute que l’intérêt est là, mais pas les voitures. La bonne nouvelle, c’est que l’intérêt pour les voitures électriques s’est manifesté bien avant la hausse des prix de l’essence. Le problème est encore le prix élevé. Les constructeurs ont systématiquement éliminé tous les modèles peu rentables de leur flotte pour laisser les modèles payants. Dans le cas des véhicules électriques, les constructeurs ont profité de la baisse du prix des piles pour améliorer l’autonomie des modèles et non de baisser les prix. Il faudra sérieusement s’attaquer à une refonte de prix pour être en mesure de rendre les véhicules électriques abordables à tous.

Il faudra faire avec le pétrole plus longtemps au détriment de l’environnement

L’industrie automobile et les gouvernements réalisent que les objectifs ne seront sans doute pas atteints même si personne n’a encore officiellement baissé les bras. L’Europe qui a des objectifs particulièrement ambitieux cherche maintenant des alternatives à l’énergie russe. C’est l’Europe qui va tirer la première la sonnette d’alarme. L’Amérique attend de voir ce que le vieux continent va faire avant de réagir à son tour. La bonne nouvelle est que l’intérêt est là, mais les conditions actuelles vont sans doute forcer les instances gouvernementales et l’industrie automobile à revoir ses objectifs