Stellantis et CATL investiront 6,1 milliards dans une usine de batteries en Espagne
Stellantis et le fabricant chinois de batteries CATL ont annoncé un investissement colossal de 6,1 milliards de dollars pour construire l’une des plus grandes usines de batteries pour véhicules électriques (VÉS) en Europe. Située à côté de l’usine de Stellantis à Saragosse, dans le nord-est de l’Espagne, cette installation produira des batteries au phosphate de fer et de lithium (LFP) dès la fin de 2026. Cette gigafactory pourrait atteindre une capacité de 50 gigawattheures (GWh), soit de quoi alimenter en moyenne 700 000 véhicules par jour, selon la base de données des véhicules électriques basée aux Pays-Bas.
Pourquoi l’Espagne?
L’Espagne, deuxième producteur automobile européen après l’Allemagne, s’impose comme un emplacement stratégique pour les usines de batteries grâce à ses ressources abondantes en énergie solaire et éolienne. L’énergie solaire y est 20 % à 25 % moins chère qu’en Europe centrale, et les ressources éoliennes de la péninsule ibérique surpassent la moyenne de l’UE de 5 % à 10 %, selon une étude de McKinsey.
Cette usine s’inscrit dans un plan plus vaste de 5 milliards € annoncé en 2020 par l’Espagne pour attirer la production de VÉ et de batteries grâce à des fonds de relance de l’UE. Stellantis a déjà reçu environ 300 millions € dans le cadre de ce programme.
Une réponse aux défis du marché européen
Avec cette initiative, Stellantis et CATL visent à répondre aux défis de l’industrie des VÉ en Europe :
- Coût élevé des véhicules électriques : Les batteries LFP, moins chères et plus durables, pourraient séduire une clientèle encore réticente à adopter les VÉS.
- Souveraineté industrielle européenne : L’Europe cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine dans le secteur des batteries, même si des obstacles bureaucratiques et une demande plus lente que prévue freinent certains projets ailleurs dans l’UE.
Stellantis renforce ainsi son portefeuille de VÉ abordables dans les segments des berlines compactes (B) et des SUV (C) en Europe.
Un projet ambitieux, mais prudent
Stellantis et CATL ont précisé que la capacité de l’usine dépendra de l’évolution du marché des VÉ en Europe et du soutien des autorités locales. Alors que d’autres projets européens peinent à décoller, ce partenariat s’inscrit dans une stratégie plus large :
- Gigafactory en France : Stellantis, via son joint-venture ACC avec Mercedes-Benz et TotalEnergies, a démarré la production en France. Cependant, des projets similaires en Italie et en Allemagne sont ralentis par une faible demande de VÉ.
- Expansion de CATL en Europe : La future usine de Saragosse sera la troisième de CATL en Europe, après une usine en Allemagne et une autre en Hongrie.
L’Espagne récompensée pour sa diplomatie commerciale
Le choix de l’Espagne pour cette usine reflète également sa position dans le débat sur les tarifs de l’UE pour les importations de VÉS chinois. Contrairement à l’Italie et à la France, qui ont soutenu ces mesures, l’Espagne s’est abstenue, évitant ainsi une éventuelle guerre commerciale avec la Chine.
Un projet clé pour l’avenir des VÉS en Europe
Cet investissement majeur entre Stellantis et CATL marque un tournant dans l’électrification du parc automobile européen, avec l’Espagne en tête de cette transition grâce à ses atouts géographiques, industriels et diplomatiques.
Avec des renseignements d’Automotive News