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Dodge Sierra Spectator 1959 

Un jour ...


Ceux qui me connaissent savent une chose à propos de mes intérêts pour les voitures anciennes ; que je souhaite faire l’acquisition d’une belle familiale d’origine.

Un jour, comme on dit. Voilà qui m’amène à vous présenter cette semaine une création découverte il y a quelques années et dont j’aimerais bien faire l’achat… un jour. Oui, le propriétaire est au courant, mais il n’est pas question pour lui de vendre pour l’instant. Un jour…

En attendant, voici une perle comme on en trouve peu.

La familiale

Il fut une époque où les voitures familiales jouissaient d’une popularité sans borne. On retrouvait des variantes de ce type sur une foule de modèles qui, à première vue, ne semblaient pas destinés à servir les grandes familles.

C’est comme si l’on profitait aujourd’hui, par exemple et simultanément chez Honda/Acura, d’une version familiale de l’Accord, de la Civic et de la nouvelle TLX.

Cette formule, à l’époque, fonctionnait. De nos jours, les familiales se font rares ; leur ont été substitués une panoplie de véhicules utilitaires vers lesquels les familles se tournent sans regarder ailleurs.

Heureusement pour la postérité, quantité de berlines à toit allongé ont traversé le temps. Si certaines de ces créations présentent peu d’intérêt aujourd’hui, elles n’étaient pas toutes belles après tout, d’autres se voulaient de véritables chefs-d’œuvre en matière de design. Certaines sont encore carrément magnifiques.

Comme cette Dodge Sierra par exemple.

Une voiture de luxe

En 1959, la division Dodge proposait trois gammes de véhicules : Coronet, Royal et Custom Royal. C’est sous cette dernière catégorie qu’on retrouvait le modèle Sierra. Une simple déduction nous fait comprendre qu’on était en présence du VUS de luxe de l’époque.

Le mot « luxe » étant pris au sens des années 50, on s’entend.

Et à quoi ressemblait ce luxe, en 1959 ? Et bien, une version toute garnie se voyait équipée, de série, de la servodirection et des servofreins, ainsi que d’une nouveauté qui allait faire jaser, soit des sièges pivotants à l’avant qui permettaient d’entrer et de sortir facilement de la voiture. Avec leurs robes, les dames adoraient.

Produites à raison de 23 590 exemplaires, les unités toujours en état de rouler aujourd’hui ne courent pas les rues. Ça rend la possession d’une version encore plus spéciale et la chasse aux aubaines d’autant plus intéressante.

Merci Virgil

Le créateur de cette voiture, c’est Virgil Exner, ce célèbre designer qui a laissé sa marque chez Dodge au cours des années 50 grâce à son esprit novateur et à son audace. Son travail nous a donné parmi les plus belles initiatives du temps.

Au milieu de cette décennie, Virgil Exner introduisait le « Forward Look », une philosophie de design qui mettait l’accent sur la beauté des lignes d’un véhicule. Avant, question de praticité, les voitures étaient dessinées par les ingénieurs. L’approche d’Exner mettait en vedette une ligne de toit plus basse, des voies élargies et l’utilisation d’ailerons latéraux, détail qui, croyait-il, donnait un avantage aérodynamique à la voiture.

Ajoutez à cela une approche très audacieuse à la hauteur du design des parties avant et arrière et vous obtenez des résultats pour le moins spectaculaires.

Dans le cas de cette Dodge 1959, c’est frappant. L’observateur ne peut demeurer indifférent lorsqu’il porte son œil sur la section avant, garnie de quatre phares ronds protégés par des sourcils froncés et chromés qui lui confèrent un « regard » très agressif.

À l’arrière, le design des feux relève de la folie, mais une folie qui plaît. Comptez aussi sur une présentation à deux tons et une judicieuse utilisation d’appliques de chrome. Même si ça demeurait une question de goût — ça le demeure toujours —, Dodge n’avait rien à envier à la concurrence en matière de design à cette époque.

Notre Dodge Sierra Spectator 1959

Au fait, pourquoi voit-on le mot Spectator accolé au nom de la voiture ? Tout simplement parce que la banquette qui pouvait accueillir les passagers sept, huit et neuf pouvait être inversée, de sorte que ceux qui l’occupaient avaient une vue imprenable sur la circulation derrière.

On peut facilement imaginer que les enfants adoraient. Pour ce qui est de l’aspect sécurité… eh bien là, quelle question ! Est-ce qu’on s’en foutait ? Parlons plutôt d’insouciance.

C’était comme ça, en 1959, lorsque cette voiture a été achetée une première fois, un certain jour de juillet. Le propriétaire original l’a conservé toute sa vie au point où c’est des mains de son petit fils que Raynald Roy l’a acquise, en 2005.

Lorsqu’il a vu la Sierra pour la première fois, il est demeuré bouche bée. « Elle était entièrement d’origine. Le chrome était dans un état impeccable. Quant au moteur, il n’avait pas été retouché et le compteur n’affichait que 57 000 miles. »

Cinq différents moulins étaient proposés en 1959. La voiture de Raynald Roy profite d’un V8 de 361 pouces cubes. Celui-ci se situait au milieu de l’offre. D’abord devant une mécanique à six cylindres, disposés de façon longitudinale, ainsi qu’un bloc V8 de 326 pouces cubes. Puis, sous deux incarnations de la première édition du fameux V8 de 383 pouces cubes, un bourreau de travail qui allait être installé dans quelque trois millions de véhicules entre 1959 et 1971.

Ainsi, une restauration n’a pas été nécessaire sur ce véhicule qui en bout de compte n’a finalement reçu qu’une nouvelle peinture. Parmi les voitures qu’il possède, cette Dodge Sierra est celle dont Raynald Roy apprécie le plus le comportement routier. Et voilà une ancienne que je vous présente et que je n’ai pas encore conduite.

Cependant, pour avoir effectué une balade avec le propriétaire, force est d’admettre que c’est franchement étonnant. Le confort est princier et contrairement à bien d’autres voitures d’époque, on n’a pas l’impression de circuler dans une aussi vieille monture à bord de cette familiale. Ce monstre flotte sur la route, littéralement.

Quant à la réaction des gens lorsqu’ils aperçoivent cette pièce imposante, elles sont unanimes. « Ils capotent, tout simplement », explique Raynald Roy.

Je les comprends, car moi aussi, je « capote ».

Conclusion

L’année 1959 est celle où les excès en matière de design ont atteint leur paroxysme à travers l’industrie automobile. Jamais plus nous n’allions voir des voitures aussi extravagantes, aux ailes aussi pointues, aux designs aussi… osés.

Ce haut niveau de voltige, il fut surtout atteint chez les familles Chrysler et GM.

Ça nous donne aujourd’hui accès à des modèles dont la conception aussi extraordinaire qu’illogique stimule encore, 62 ans plus tard, les passions.

En tous les cas, la Dodge Sierra stimule la mienne.

 

Fiche technique

Modèle : Dodge

Version : Sierra Spectator

Année : 1959

Production : 23 590

Poids : 4015 livres

Prix en 1959 : 3174 $

Moteur : V8 de 361 pouces cubes

Transmission : automatique à 3 rapports (94 % des Dodge en 1959)

Modèles similaires en 1959 : Buick LeSabre Estate Wagon, Chevrolet Impala Nomad, Chrysler New Yorker Wagon, Edsel Villager, Ford Country Squire, Mercury Colony Park, Oldsmobile Super 88 Wagon, Plymouth Suburban, Pontiac Laurentian Safari

 

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