L’usine Ford de l’avenue Piquette célèbre ses 120 ans
Cette usine de Détroit est le berceau du célèbre modèle T
Berceau du modèle T, l’usine Ford de l’avenue Piquette à Détroit, au Michigan, est l’une des plus anciennes usines d’assemblage automobiles toujours en existence dans le monde. Et cette année, on célèbre ses 120 ans.
Cette usine est devenue un monument historique national des États-Unis. En 2000, elle a été sauvée in extremis par des bénévoles de la communauté et le bâtiment, préservé miraculeusement, est devenu une attraction touristique emblématique de sa ville. Chaque année, des milliers de personnes s’y rendent pour en apprendre davantage sur l’aube de l’histoire de l’automobile en Amérique du Nord.
Devenu aujourd’hui le Musée de l’usine Ford de l’avenue Piquette, cet établissement à but non lucratif est ouvert à l’année. À travers des expositions de photographies, des visionnements de films, des événements thématiques, des expositions d’artefacts anciens et une collection réunissant plus de 65 véhicules anciens, ce musée fait revivre l’histoire industrielle, culturelle et sociale de la ville de Détroit après le tournant du 20e siècle.
Dans la foulée du 115e anniversaire du lancement du modèle T en 1908, cette année, le musée a reçu une subvention de 500 000 $ US du National Endowment for the Humanities. Cela permettra de réaliser certains travaux de restauration et de modernisation destinés à protéger ses installations et ses collections pour les générations à venir.
On estime cependant qu’une restauration majeure nécessiterait un investissement de 10 millions de dollars américains. En effet, il faudrait remplacer le câblage recouvert de tissu datant de 1926, un système d’extinction d’incendie désuet, un ascenseur et une plomberie qui sont respectivement vieux de 98 et 120 ans, sans compter qu’il n’y a ni chauffage ni climatisation dans plusieurs salles de l’édifice.
La naissance du modèle T
Cette usine, Henry Ford l’a fait construire en 1904. Ce bâtiment à trois étages en bois et en brique, long et étroit (120 m X 17 m), est doté d’un vitrage généreux (355 fenêtres) qui devait donner aux ouvriers un maximum de luminosité et de ventilation.
À partir de 1906, Henry Ford y a assemblé ses modèles B, C et F, de même que le modèle K, qui était une voiture de luxe. Suivront rapidement les modèles N, R et S.
En juin 1908, cette usine sera d’ailleurs qualifiée de « plus grande usine au monde », ses employés ayant réussi à assembler 101 Ford N, R et S en dix heures, un record à l’époque !
Mais dès 1907, le travail de conception du modèle T avait commencé. C’est dans la « Salle expérimentale » que durant neuf mois, jusqu’en 1908, Henry Ford, Harold Wills et Joseph Galamb se sont consacré jour et nuit à créer cette célèbre automobile; un modèle destiné à une grande diffusion dont la production commencera en octobre 1908.
Pressentant le succès de cette nouveauté, la même année, Ford demande à l’architecte Albert Kahn et à son équipe de construire une nouvelle usine plus moderne et plus grande à Highland Park, à quelques kilomètres de celle de l’avenue Piquette. C’est là où Ford adoptera le principe de l’assemblage sur chaîne de montage, en octobre 1913, une première dans l’histoire de l’automobile.
Mais déjà, en 1911, il avait cessé de produire des autos dans les installations de l’avenue Piquette. Jusque-là, on y avait produit les 12 000 premiers véhicules arborant la signature de Ford.
Peu après, l’usine sera vendue à Studebaker, qui y annexera une imposante rallonge à quatre étages d’allure plus moderne. Ce constructeur y produira des véhicules jusqu’en 1933, avant de se départir de l’usine. Elle servira ensuite à la 3M Corporation, la Cadillac Overall Company, puis la General Linen & Uniform Service avant d’être délaissée, puis menacée de démolition dans les années 90.
Les férus d’histoire et de généalogie seront heureux d’apprendre que l’avenue Piquette reprend le nom d’un résident de Détroit qui avait des origines québécoises. Il s’agit de John-Baptist Piquette né en septembre 1809. Il était le fils Jean-Baptiste Piquette, un Montréalais qui avait émigré aux États-Unis comme plusieurs autres Canadiens-français.
Photos : Michael Barera, Musée de l’usine Ford de l’avenue Piquette et Ford Motor Company