Mercury Cougar 1967 

En 1967, Mercury frappait un grand coup en introduisant la Cougar, une version allongée et plus luxueuse de la Ford Mustang. D’ailleurs, dans les cercles de la division, on se plaisait à appeler cette dernière « la voiture sportive de luxe ». Dans la boule de cristal des bonzes de l’entreprise, on espérait écouler 100 000 unités de cette nouvelle bête dans l’industrie. L’objectif a été atteint, et même dépassé. En tout, 150 893 Cougar ont pris la route en 1967. Ça allait être la meilleure année du modèle à ce chapitre, ce qui fait de l’édition 1967 une pièce de collection peu ordinaire. Surtout qu’elle a été un peu oubliée avec le temps.

Mais pourquoi donc ?

 

Compétition interne

L’idée même de la Cougar naît à un bien drôle de moment, soit lors des préparatifs entourant la venue de la nouvelle Ford Mustang, en 1963. En avril 1964, mois du lancement de celle-ci, on met la machine en marche dans le cercle Mercury et on décide d’aller de l’avant avec la création du nouveau modèle.

Les idées se succèdent et finissent par aboutir sur un produit final une année plus tard. Le concept retenu fait de la Cougar une cousine à la fois proche et éloignée de la Mustang. Proche, en ce sens qu’elle partage plusieurs de ses composantes, mais éloignée par le fait qu’elle n’avance pas les mêmes dimensions ni n’offre le même niveau de luxe.

Concrètement, la Cougar fait 17 centimètres de plus que la Mustang, soit 6,7 pouces, cependant que son empattement est plus long de 3 pouces par rapport à celui de la vedette de Ford. Quant à son prix, il appartient à une autre fourchette : Ford exigeait 2461 $ pour une version de base de sa Mustang alors que Mercury livrait sa Cougar à un prix de départ de 2851 $, soit 390 $ de plus. En dollars d’aujourd’hui, ça représente quelques milliers de dollars supplémentaires.

Un vide comblé

Avant 1967, l’acheteur qui souhaitait obtenir un peu plus qu’une Ford Mustang pouvait se tourner vers la Thunderbird. En 1967, cette dernière s’endimanchait sérieusement. N’eût été l’arrivée de la Cougar, un trou béant aurait caractérisé la gamme des produits offerts dans la famille Ford. Heureusement, la Cougar venait combler ce dernier.

Voilà qui explique en partie ses succès initiaux. Pour le supplément exigé par rapport à la Mustang, l’acheteur en avait pour son argent. Ainsi, étaient offertes de série avec la Cougar les caractéristiques suivantes : des phares escamotables, des feux arrière séquentiels (comme avec la Thunderbird), un moteur V8 de 289 pouces, des sièges baquets, un volant ceinturé de bois et un levier de transmission au plancher, entre autres.

Lors d’une enquête effectuée par Mercury auprès de consommateurs, ces derniers surévaluaient le prix de la nouvelle venue d’environ 1000 $. En matière de rapport qualité/prix, on avait visé dans le mille, sans vouloir faire un mauvais jeu de mots.

Le compromis

Au niveau de la conduite, la nouvelle venue répondait aux attentes des consommateurs. Elle offrait un comportement au tempérament sportif, spécialement lorsqu’on optait pour la version XR-7 qui pouvait être équipée d’un moteur V8 de 390 pouces cubes et 320 chevaux, ainsi que de freins à disques. Cette variante héritait de série d’une boîte manuelle à quatre rapports. Autrement, une unité mécanique à trois rapports était servie de série avec toutes les autres Cougar, alors qu’une boîte automatique à trois vitesses pouvait être sélectionnée en option. La célèbre revue Motor Trend fut aussi emballée par la nouvelle Cougar ; elle en fit sa voiture de l’année pour le millésime 1967. Ce n’est pas rien !

La cruauté du temps

Malheureusement, le temps n’a pas été aussi tendre à l’endroit de la Cougar, édition 1967. N’allez pas croire que la voiture a mal vieilli, loin de là. Plutôt, elle a vu les collectionneurs se tourner plus massivement vers sa petite cousine, la Mustang. Une question de nombre, une question de disponibilité, une question d’intérêt.

En 1967, Ford écoulait 481 121 Mustang, soit 330 228 de plus que Mercury avec sa Cougar. En gros, il s’était vendu un peu plus de trois Mustang pour une Cougar. Aujourd’hui, cette proportion n’est plus la même. Sans avoir de chiffres précis, on peut affirmer sans se tromper que la proportion de Mustang 1967 encore en circulation de nos jours est supérieure à ce qu’elle était à l’époque par rapport à la Cougar. D’un côté, c’est triste, mais vu d’un autre angle, ça rend les exemplaires de la Cougar 1967 encore plus uniques.

Au volant

Au fil des années, j’ai eu l’occasion de prendre le volant de quelques Mercury Cougar et chaque fois, j’en suis sorti charmé et étonné. C’est probablement attribuable au fait que je ne m’attends jamais à rien de ces modèles, mais qu’au final, ils ont toujours réussi à me surprendre. La Cougar offre effectivement un comportement plus douillet qu’une Mustang et c’est un élément que l’on apprécie lorsque les randonnées sont plus longues que courtes. La maniabilité du modèle est aussi plus intéressante que celle d’un monstre pleine grandeur, ce qui est aussi intéressant. Bref, on vendait un compromis à l’époque et ce dernier est toujours pertinent. On sent aussi que la Cougar offrait un environnement plus luxueux. Ça s’observe et ça se ressent à montant à bord, mais il faut comparer avec les autres modèles de l’époque pour en arriver à ce constat ; par rapport à ce qui est offert aujourd’hui, la présentation de 1967 demeure très spartiate.

Ce qui est certain cependant, c’est que je n’hésiterais pas à me procurer ce genre de modèle sur le marché de la voiture ancienne. D’abord parce qu’il est intéressant, mais aussi parce qu’il est plus rare et différent ; voilà une facette qui me plaît toujours à propos de la voiture ancienne.

Conclusion

Il est difficile d’identifier une raison plus qu’une autre pour expliquer pourquoi la Cougar a été oubliée avec le temps. Si tous les propriétaires de versions 1967 avaient pris soin de leur monture, on retrouverait bien plus d’exemplaires encore en circulation. Malheureusement, le sort en a décidé autrement. Aujourd’hui, la bonne nouvelle, c’est que la Cougar retrouve tranquillement ses lettres de noblesse. Une bagnole qui est nettement à découvrir.

 

Fiche technique

Marque : Mercury

Modèle : Cougar

Année 1967

Production : 123 672 (27 221 pour la version XR-7)

Prix de base : 2851 $ (vendue 3500 $ au Québec en 1967)

Quelques options : toit de vinyle (84,25 $ US), plaque Ford au seuil des portières (4,40 $ US), radio AM (60,05 $ US)

Moteur : V8 de 289 pouces cubes

Puissance : 200 chevaux @ 4400 tr/min

Couple : 282 livres-pieds @ 2400 tr/min

Transmission : automatique à trois vitesses

Poids : 3005 livres

Modèles similaires en 1967 : Chevrolet Camaro, Dodge Charger, Ford Mustang, Plymouth Barracuda, Pontiac Firebird