Le Salon de l’auto de Détroit est devenu un village fantôme

Mon premier Salon de l’auto de Détroit était en 1992. À cette époque pas d’internet, pas de réseaux sociaux et le plus grand secret était gardé sur les présentations qui allaient se dérouler au Salon. Détroit était le premier grand rendez-vous automobile de l’année, dès le début janvier. Nous avons fait le trajet Montréal-Détroit plusieurs fois dans la neige. L’atmosphère était fébrile au Cobo Hall et plusieurs premières mondiales s’y tenaient. Les autres rendez-vous à l’échelle planétaire étaient ensuite Genève en mars, Paris et Francfort qui s’alternaient chaque année en septembre et Tokyo en octobre.

L’ombre de soi-même

Le NAIAS était autrefois l’apogée du circuit des salons automobiles américains, avec des présentations et des révélations gigantesques des constructeurs automobiles nationaux et étrangers. Le premier coup dur est arrivé lorsque GM et Chrysler ont été demandés de l’argent au gouvernement américain pour se sortir de la faillite. Le Salon de Détroit des années 2009-2010 et 2011 a reçu un dur coup. Peu de temps après, la technologie et les médias sociaux se sont mis de la partie avec des Salons comme le CES à Las Vegas qui était présenté une semaine avant celui de Détroit et présentait plusieurs primeurs automobiles. Par la suite, les constructeurs de voitures exotiques comme Ferrari, Lamborghini, Rolls-Royce et Bugatti étaient introuvables au centre de convention. Les grandes présentations élaborées (et très coûteuses) sont devenues plus sobres. Les vendeurs et les collections qui étaient auparavant relégués au sous-sol apparaissaient maintenant sur le plancher d’exposition principal. C’était le début de la fin. En 2018, les organisateurs ont proposé une solution. À partir de 2020, le NAIAS quitterait ses dates traditionnelles du mois de janvier glacial pour une semaine plus propice en juin, à peu près au moment du Grand Prix IndyCar de Détroit. Le salon aurait une composante en plein air, ce qui élargirait les possibilités d’exposition pour les constructeurs automobiles et les vendeurs et, espérons-le, inciterait davantage de personnes à passer du temps dans le centre-ville de Détroit. Le projet n’a jamais vu le jour en raison de la pandémie.

Trois ans plus tard

Nous voici donc en 2022 avec un Salon maintenant proposé en septembre. Mais, les constructeurs ne sont plus intéressés par les Salons de l’auto. Le Salon de divisait principalement en trois. Dans un premier grand espace Stellantis exposant des produits Ram, Fiat, Alfa Romeo, Chrysler, Dodge et Jeep, mais la majeure partie de l’espace du constructeur automobile était utilisé pour des espaces de conduite, des Jeep 4X4 grimpant sur des terrains accidentés artificiels et des Ram 1500 tirant des objets.

En face de Stellentis, GM

À l’autre bout du hall se trouvait General Motors. Cadillac avait une petite exposition triste contre des murs de béton sans ornement. Buick avait une présence tout aussi minuscule. Chevrolet avait l’espace le plus important de toutes les marques GM, mais même cela faisait pâle figure en comparaison des expositions prépandémiques.

Ford avait le plus d’espace

Ford occupait la majorité de l’étage principal, avec un stand dédié à la nouvelle Mustang 2024. Mais plus que tout, ce qui était le plus remarquable était le vide – les pans de murs blancs, la quantité choquante d’espace vide entre les voitures. Ford à l’image de Stellantis utilisait une grande partie de son espace pour des démonstrations de conduite avec le Bronco.

Qui d’autres étaient là

Toyota et Subaru avaient un minuscule espace avec quelques véhicules, dont la nouvelle Crown. Un concessionnaire de BMW de Détroit avait amené 5 voitures qu’ils étaient très faciles de ne pas voir sur le plancher. Il y avait une seule Lucid Air sur un petit kiosque à côté des espaces réservés aux vendeurs de technologies de mobilité. Lexus avait un kiosque quelque part à l’extérieur. La plupart des constructeurs automobiles présents ont dévoilé leurs nouveaux véhicules quelques jours avant le salon. Il y avait quelques fournisseurs et équipementiers qui étaient autrefois au sous-sol et de grands espaces de tapis gris vide

La Mustang et le président Biden

À part la Mustang (qui a été présentée hors du Salon) et la visite du président Biden (qui a confiné les journalistes dans la salle de presse pendant 2 heures), il n’y a rien à dire sur le Salon de Détroit de 2022. Alors que l’ont voyaient autrefois près de 6 000 journalistes du monde entier au Salon, il y avait à peine quelques centaines de journalistes nord-américains cette année.

 

En regardant Détroit cette année, on se demande sérieusement si les Salons de l’auto ont un avenir.